Mono - Nowhere now here
Chronique CD album (60:00)

- Style
Post-rock - Label(s)
Temporary Residence Limited - Sortie
2019 - écouter via bandcamp
Lorsqu'on parle de Mono, on est tenté d'utiliser les mots que le groupe préfère taire.
Habituellement muets, les japonais, maîtres du post-rock instrumental et "orchestral" sont des générateurs d'envolées lyriques.
Mais pas cette fois. Ou plutôt MOINS cette fois.
La poésie distillée depuis vingt ans tend à prendre une autre forme sur Nowhere no here.
Un changement musical, mais peut-être aussi un changement de philosophie...sensible au premier regard sur la pochette.
Mono a toujours eu des visuels qui interpellent, touchent, mettent directement dans l'ambiance, quitte à manquer de "finesse".
Mais s'il est un point commun entre (presque) tous ces visuels, c'est bien la question de la lumière.
Dans le sombre, le chaos, la tourmente, il y a toujours une lumière qui se dégage.
C'est encore le cas sur Nowhere now here avec une image qui se joue des dimensions, qui laisse une impression de vertige et d'étouffement si on laisse son regard suivre les lignes des buildings vers le centre de l'image.
Ouvrir le boîtier du disque revient à ouvrir une boîte musicale.
Encore une fois, il y a un retour à l'enfance, à la naïveté, à la douceur.
(Petite parenthèse N'y a t-il pas quelque chose de touchant dans une l'ouverture d'un tel objet ?)
Quelle qu'en soit la mélodie, quelque soit l'âge de celui qui l'ouvre. On laisse toujours le mécanisme tourner jusqu'au bout.
N'y a t-il pas quelque chose d'horrifique, de violent dans la fermeture d'une boîte à musique qui n'a pas terminé de jouer son petit air ?
On peut donc deviner d'un coup d'oeil, sans avoir prêté l'oreille, que Nowhere Now Here a quelque chose de différent de ses prédécesseurs tout en gardant l'essence même de Mono.
Cette interprétation se valide avec un "God bless" introductif minimaliste et terriblement sombre.
La suite décontenance : Tamaki, habituellement à la basse, la guitare, au piano, au glockenspiel prend le micro et CHANTE.
Elle accompagne un autre élément nouveau dans la musique du groupe : de l'electro.
Dans une ambiance à la fois teintée de shoegaze, cold-wave, new-wave, "Breathe" transforme le post-rock auquel les japonais nous avaient tant habitués.
Beaucoup beaucoup trop de nouveauté d'un seul coup.
Puis, finalement, cela ne les empêche pas de reprendre leurs bonnes habitudes en intégrant de nouveau des sections de cordes. Mais les deux premières pistes lâchent une chape de plomb sur cet album dont les respirations et envolées lyriques semblent presque salvatrices, nécessaires, comme des petits point lumineux qui percent la pénombre.
L'avancée dans Nowhere Now Here se fait avec la même fluidité que le reste de la discographie avec pour moteur la mélancolie et la "naïveté".
Certains titres se révèlent plus marquants que d'autres comme le magnifique morceau éponyme, ou l'ultra-classique mais touchant "Far and further", alors que l'on bade sévère sur "Sorrow"...
...mais malgré la promesse des deux premières pistes, on peut presque regretter que Nowhere Now Here soit si classique dans son ensemble.
Cela n'empêche pas cet album d'être une réussite : ce disque chamboule, transporte, touche, émeut.
Il gagne également en complexité, tout comme l'avait fait Requiem for Hell : la musique, très cinématographique, du groupe a quelque chose de moins didactique qu'elle n'avait pu l'être sur le "conte instrumental" Hymn to the immortal wind.
Une qualité ou un défaut, cela restera propre aux attentes de chaque auditeur, mais cela prouve combien, malgré sa belle productivité, Mono est toujours aussi inspiré pour nous "transporter"...
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