Orphaned Land - Unsung Prophets & Dead Messiahs

Chronique CD album (1:03:31)

chronique Orphaned Land - Unsung Prophets & Dead Messiahs

« Rhââââââââââââ… MAIS FERMEZ VOS GUEULES A LA FIN!! »

 

Insupportable. Ces violons sirupeux, ces chœurs pompeux... Trop c’est trop! Ils me filent des boutons, me sortent par les yeux, m’enfoncent des échardes sous les ongles, me rayent le tableau noir avec un vieux compas rouillé… C’est pas sur le pianiste qu’on a envie de tirer dans le saloon Unsung Prophets & Dead Messiahs, c’est sur ce faste ventripotent, sur cette pompe prétentieuse qui a tout noyé, les atmosphères, les solos, la sincérité.

 

On le sentait déjà, sur le grandiloquent All Is One, que la grenouille Orphaned Land voulait se faire de plus en plus grosse, à grands coups d’arrangements symphonicostentatoires. Le bœuf n’avait qu’à bien se tenir! Sauf que La Fontaine savait de quoi il causait: BLAM! Explosé en plein vol le leader du Metal Oriental qui faisait chavirer mon petit cœur de lapin jaune. Sur le très ambitieux album précédent, le chamallow hollywoodien n’était pas aussi omniprésent, l’équilibre restait assuré, les compos et l’âme du groupe étaient encore préservées, et ce malgré des chromes toujours plus étincelants... Mais sur ce 6e album, la digue a cédé, le batracien a fini par sproutcher. Est-ce le départ de Yossi Sassi? Est-ce la spirale infernale de l’addiction à des substances orchestrales de plus en plus fortes? Est-ce un besoin de plus en plus pressant de masquer sous de lourdes tentures surchargées une tendance à youyouïfier en rond? Toujours est-il que ce nouvel Orphaned Land est l’album de trop. Celui qui voit les prophètes israéliens céder à la tentation du serpent Too Much pour se perdre dans un océan de sucre et de faste. Celui qui combine l’écœurement créé par le loukoum triste Sofia (Arkan) et l’exaspération provoquée par la vanité des excès d’un Therion. Celui qui illustre avec une terrible acuité les dégâts provoqués par l’emmicheldruckerisation d'un certain pan de la scène Metal…

 

C’est fou: autant j’ai adoré Malina, alors que les tronches de gentils hipsters tout juste sortis du cours de catéchisme des gars de Leprous m’avaient donné envie de le détester, autant ce Unsung Prophets & Dead Messiahs aura réussi à me dégoûter complètement alors que j’avais sincèrement envie de l’aimer – du fait d'une belle histoire d'amour qui durait depuis 1994, du contexte, ainsi que de la teneur de son message. Non c’est vrai: non seulement on est écrasé sous les lipides d’arrangements exagérément ronflants (ça vous l’avez compris), mais en plus on n’a plus vraiment l’impression d’avoir grand-chose de nouveau à se mettre sous la dent. L’impression de consommer du réchauffé (les roucoulades tradi', les sombres processions métalliques illuminées d’arabesques pleines d’espérance, les soupirs éternels sur la guerre, la poussière du désert et les brothers qui s’entre-déchirent) est persistante. Et si la situation au Moyen Orient n’a certes guère évolué, nos oreilles – à l’inverse de nos consciences – se foutent de la géopolitique et réclament du neuf, de l’énergie, du génie. Du coup les tirades larmoyantes de Kobi – le poil mouillé, mais l’œil humide d’espoir – finissent pas nous exaspérer. 

 

Alors oui, sans doute conscient que ça commence à faire beaucoup de glucides pour les vieux fans, le groupe a réintroduit un peu de growl au sein de son univers. Mais il a l’air fin, le pauvre grizzli, au milieu de cet opéra grandiloquent, à tenter de jouer les « cautions brutalité »… Ça sonne bien faux tout ça. Un peu comme cette débauche de guests (Steve Hackette, ex-Genesis, Hansi Kürsch de Blind Guardian, le mercenaire Tomas « Tompa » Lindberg) qui confirme la fuite en avant vers toujours plus de clinquant aux dépends du fond. Au final, en dehors de quelques mélodies qu’on a presque honte de s’être laissé coller au fond du crâne, on ne sauve de ce 6e album qu’un « Left Behind » qui renoue presque avec le ton du titre « All Is One », les quelques moments où la narration qui sous-tend « My Brother’s Keeper » réussit à faire dans la tension sexy, ainsi que des miettes des 4 premiers morceaux, sur lesquels – étant en début d’album – on arrive encore à supporter les excès de cet opus hyper botoxifié…

 

En règle générale, je galère vraiment à trouver de vrais FLOP à inclure dans mon bilan de fin d’année. Mais j’ai bien peur que pour 2018, la tâche ne soit beaucoup plus simple cette fois…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Jusqu'à All Is One, le bolide Orphaned Land fonçait sur la voie de gauche de l'autoroute du Metal oriental, sans que personne ne soit en mesure de le doubler. Sauf que sur son nouvel album, malgré un tuning de folie à base de chromes symphoniques rutilants, le groupe a dû mal à masquer le fait qu'il n'arrive plus à passer la 6e vitesse, et qu'il roule sur un circuit qui boucle à l'infini. Gros snif...

photo de Cglaume
le 29/01/2018

11 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 29/01/2018 à 18:27:22

Rien retenu de cette zic de boutique de produits orientaux pour gogo: entre un henné qui donnent des plaques sur le crâne et un keffieh qui bouloche au premier lavage.

cglaume

cglaume le 29/01/2018 à 18:58:19

:D

Margoth

Margoth le 31/01/2018 à 15:23:31

J'en ai entendu un titre et il n'y a pas à dire sur le changement conséquent d'approche. J'attends toutefois d'avoir le skeud complet entre les mains avant de voir si j'accroche à ce renouveau (qui semble moins m'insupporter que le virage d'Arkan soit dit en passant)...

cglaume

cglaume le 31/01/2018 à 20:22:09

Beaucoup de personnes l'apprécient, tout n'est pas perdu ;)

Margoth

Margoth le 10/02/2018 à 14:53:34

Bon, voilà, je m'y suis plongée, j'en suis ressortie conquise. Autant le virage Arkan m'avait déplu à cause de l'oriental noyé et plus difficilement perceptible, autant le fait qu'ici, on est complètement dans un registre "Epica Goes To Bollywood" fait que je m'y retrouve pas mal. Et pas trop pompeux à mon goût tant j'ai eu pas mal d'émotions et de frissons, là où un Therion, par exemple, me laisse totalement de marbre. Bref, virage réussi en ce qui me concerne ;)

cglaume

cglaume le 10/02/2018 à 16:20:31

"Cap'tain, on est en train de perdre le Central. Sans doute un coup de ces salauds d'aliens. Va falloir qu'on se débrouille tout seul, sans connexion avec la base!
- z' inquiétez pas Lieutenant, j'ai l'habitude"

corbendallas

corbendallas le 03/05/2018 à 17:27:59

je les suis depuis 25 ans et continueraient. je trouve justement qu'ils évoluent bien.
cet album est plus varié que le précédent mais les mélodies sont toujours là.
j'avais vu Arkam en concert avec OL il y a quelques temps mais ils ne jouent vraiment pas dans la même cour!
je peux comprendre que l'évolution musicale d'OL désarçonne, comme beaucoup de groupes d'ailleurs. ca me rappelle quelques critiques sur le dernier et déjà vieux Dimmu :)
que j'aime aussi.
heureusement avec le metal, il y a ne pour tous les gouts....

cglaume

cglaume le 03/05/2018 à 19:37:30

Voilà: l'essentiel c'est que chacun trouve son compte ici ou là. Pour ma part, avec OL, ça risque de s'arrêter là... Mais je garde espoir:)

korbendallas

korbendallas le 04/05/2018 à 14:34:11

Non mais c'est qui ce corbendallas ??? :) :) :)
Je les suis depuis "Sahara" (oui je suivais Holy Records depuis presque leur débuts) mais depuis le précédent, j'ai un peu plus de mal ... trop pompeux et moins oriental comme je l'apprécie chez OL ...pour ce nouveau je ne l'ai écouté qu'une fois ou 2, de loin ... (du mal avec le metal ces temps-ci :) ) ... je ne me permettrai pas de juger, j’attendrai d'approfondir ça !

korbendallas

korbendallas le 04/05/2018 à 14:38:43

Rha et puis cette pochette ... j'en peux plus de Metastasis !!!

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 04/05/2018 à 15:40:15

Original Korben is in ze place.

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