Arkan - Sofia

Chronique CD album (49:53)

chronique Arkan - Sofia

En l'espace de 3 albums, de Cowboys From Hell à Far Beyond Driven (…dont on fêtait le 20e anniversaire il y a peu), Pantera a fait chaque fois plus fort, chaque fois plus violent, chaque fois plus brillant. En l'espace de 3 albums, de Hilal à Sofia, Arkan a fait exactement le contraire. Alors qu’en 2008 le groupe avançait encore armé d’un metal oriental assez personnel faisant son trou entre le death puissant de Nile (un peu) et les mélopées envoûtantes d’Orphaned Land (beaucoup), on le retrouve aujourd'hui emberlificoté dans un metal à chant féminin dont les langueurs orientalisantes ont la force d’attraction et les couleurs chatoyantes d’une vitrine de Monoprix vantant sa « Semaine méditerranéenne » à grand renfort de dromadaires en peluche.

 

C’est malheureux, c’est vraiment malheureux...

 

Parce qu’Hilal était vraiment excitant. Salam, lui, amorçait déjà ce virage chamallow, le gros son moelleux, les réflexes pavlovo-mélancolico-OrphanedLandiens et les roucoulades de Sarah ayant déjà partiellement relégué à l'arrière-plan la fougue death des premiers temps. Mais il restait encore quelque chose de fort, et on se disait qu’une fois digérés 1) le départ d’Abder, 2) les perspectives nouvelles offertes par une tournée commune avec la bande à Kobi Farhi 3) et leur envie naturelle d’évoluer, le groupe avait tout en main pour revenir avec un « album de la maturité » qui les propulserait définitivement au sein de la 1ere division.

 

C’est dans ce contexte que nous arrive Sofia. Et face à cette attente forte, face à la « concurrence » des derniers Acyl, BaK et Orphaned Land, face à notre envie de continuer à voyager entre bourrasques sahariennes brûlantes et majesté tranquille des palais nasrides, que propose Arkan? Une longue complainte uniforme évoluant au rythme anesthésiant d’une sieste tourmentée à l’ombre des dattiers.

Super...

Alors il est vrai que je ne suis pas spécialement fan de « Gothic Female-fronted metal » (… et ce n’est guère mieux pour le « Male-fronted »), et que dans le cas contraire, mon avis aurait peut-être été tout autre. Mais quoi: ce metal « poignant » mené par une reine de Saba blessée, on l’a entendu mille fois! Et en moins monotone encore! Et les quelques grognements timides des guitares? Tout juste les rares échos d’un passé définitivement révolu. Alors OK, ponctuellement la sauce réussit à prendre (sur le dernier tiers de « Hyati », au tout début de « My Reverence » et de « March of Sorrow », sur le duo guitare-oud en 2e moitié de « Soiled Dreams »)… Sauf qu’on n’entend alors rien d’autre que la resucée de plans qu’Orphaned Land nous a déjà proposés, sous des atours plus solides encore.

 

Que dire d’autre? Que les quelques orchestrations violoneuses ont le cul entre 2 chaises, prétendant gonfler le moteur Arkanien pour le faire aussi gros que la Rolls-bœuf des « cousins » de la Terre Orpheline, mais restant finalement très en retrait, comme si le groupe était trop peu sûr de son fait pour s’appuyer solidement dessus. Que le growl de Florent est toujours aussi puissant, mais que sa présence est devenue anecdotique. Que le groupe n’a même pas réussi à écrire le vrai tube incontestable qui, ressortant nettement de ce flot compact de loukoum liquide, nous aurait permis d’espérer que les lendemains puissent se remettre à chanter. Non vraiment entre ces fanfreluches déprimantes et ces arabesques mélodiques sans relief, on a franchement l’impression que le groupe s’est mis en marche, en mode lemmings, pour une longue traversée du désert. Et ces faibles battements de batterie/cœur qui ferment le rideau à la fin de « Dark Epilogue » sonnent vraiment comme une mise en abyme du futur du groupe.

 

A la relecture, cette chronique est vraiment acerbe, à la limite du « cruel ». Et ça m’embête parce que je n’ai rien contre le groupe. Mais malheureusement ces propos reflètent fidèlement ce que je ressens à l’écoute du mal nommé Sofia. Mal nommé oui, parce que si « Sophia » fait explicitement référence à la sagesse, on ne voit décidément pas en quoi proposer un album aussi « sage » serait une quelconque preuve de sagesse…

 

 

 

 

 

 

 

 

 La chronique, version courte: morne, monotone, mou, Sofia est un 3e album qui abandonne quasi-définitivement le passé « death atmosphérique » du groupe pour s’orienter vers un metal orientalisant à chant féminin, malheureusement mélancolique et convenu. Té, Marius: ça me fend le cœur, mais Arkan nous propose là ma plus grosse déception de 2014 (...à ce jour).

 

photo de Cglaume
le 28/05/2014

3 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 28/05/2014 à 12:46:08

Patacrotte flûte, je retourne écouter "Salam" ou même ACYL...

cglaume

cglaume le 28/05/2014 à 13:02:49

ou PLUTOT Acyl...

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 28/05/2014 à 13:04:20

Vi.

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements