Point Mort - R(h)ope

Chronique Maxi-cd / EP (28:13)

chronique Point Mort - R(h)ope

Après un EP « Look At The Sky » qui m’avait bien plu à l’époque, Point Mort s’obstine dans un format qui ne satisfait plus l’auditeur emballé que je suis. A quand le Level up qui s’incarnerait au travers d’un LP digne de la capacité du combo à composer des morceaux aussi riches qu’épurés ? Pour leur défense les morceaux sont relativement étirés sur un R(h)ope qui régale tout du long.

Comme pour « Look At The Sky » Point Mort enregistre une fois n’est pas coutume dans les conditions Live, avec l’aide de l’incontournable Amaury Sauvé. Une modalité d’enregistrement qui entre en résonance avec les compositions même du groupe. Des pistes brutes où les fioritures sont absentes et l’authenticité la première des motivations.

Absolument pas racoleur, Point Mort se la joue donc sans coquetterie pour nous proposer un EP pas prétentieux pour un rond mais au combien sauvage et efficace. Comme sur Look At The Sky, l’approche musicale du combo est restée la même, avec ce souci immuable d’aller à l’essentiel et d’œuvrer dans un style qui ravirait les personnes les plus sensibles aux questions de transidentités. R(h)ope est un EP à la croisée des chemins, fourni en influences et pour lequel il serait bien maladroit de l’assigner à telle ou telle catégorie. Jamais bordélique, jamais fourre-tout, les ambiances se succèdent au travers de pistes dont les ruptures de tons ne se font jamais au détriment de la cohérence de l’ensemble, sans jamais perdre son fil rouge narratif et l’attention de l’auditeur.

Des coups de sang typés hardcore, aux séquences éthérées empreintes de lyrisme, en passant par des ambiances Post-hardcore plus classique, Point Mort se ballade de bout en bout pour au final faire de toi le musicien aux riffs et articulations peu dégourdis, un complexe vivant.

Cet Ep a vraiment des allures de compilation « Transcore », une compilation qui rassemble avec une facilité déconcertante tout ce qui peut se faire de plus propret dans ta niche préférée. Pour finir sur le caractère Transseux mais toujours sobre du combo – Point mort, seule entité à pouvoir faire les deux dans le même temps – on peut aussi profiter sur R(h)ope de fulgurances Metalcore avec de bons vieux breakdowns casse-nuque « Christopher », ou encore quelques soufflantes Blastées sur des riffs aux accents Crypto-Blacks « Wiara ».

 

Des boucles mélodiques où les dissonances règnent souvent « Contre addiction », des changements de tonalités qui surprennent et confirment l’impression comme quoi le groupe ne cherche aucunement à se contenter du peu. Les compos relèvent d’un certain raffinement sans vraiment tomber dans la virtuosité la plus spectaculaire. Un jeu équilibré et sobre mais qui ne te prendra pas pour un.e con.ne.

Le chant est omniprésent sur R(h)ope et à l’instar de l’instrumental ne tient pas en place stylistiquement. Même si l’opposition classique chant clean/chant Screamé est dominante, les idées de modulation de la voix de la chanteuse sont nombreuses et permettent de compenser un timbre aux limites esthétiques certaines. Ceci étant dit, les ressources et le background de la chanteuse font le nécessaire pour optimiser un chant qui techniquement est irréprochable. J’y ai même entendu par moment des gimmicks ressemblantes à l’unanimement reconnue Diva Post-metal Julie Christmas. Je ne vais donc pas m’étendre davantage sur le sujet, cette élogieuse référence en dira assez long à celles et ceux qui connaissent l’étendue des Skills et des Tricks de Julie. Une «Resta interviewée par Pidji sur ces mêmes pages, un privilège qui lui a été donné en 2011 et dont je ne me suis toujours pas remis.

 

Petit tacle taquin en direction de Point Mort  (les crampons sont moulés et le tacle sur le ballon). Une simple remarque Candide que l’on peut retrouver sur la fiche de présentation du combo a fait tiquer le relou que je suis, je cite : « Ses membres s'approprient leur unité tout en conservant l’idée que la perception musicale est, et demeure, unique, personnelle ». Et moi qui pensais naïvement que la musique pouvait être socialement partagée et que ses retentissements émotionnels pouvaient aussi être le produit d’une construction sociale #Lordonlepetittrollathéré Aha ! A mon humble avis, la musique est aussi un rapport social et ce quoi qu’en disent les discours le plus vautrés issus des constellations psy. Mais bref, restons-en à la musique.

 

Point Mort est un combo de brillants Transseux.ses qui nous fait traverser des ambiances aussi sinistres que lumineuses pour nous rejouer la dialectique de l’Amour, un Lovecore très bien argumenté pour peu que l’oreille soit bon public.

 

 

photo de Freaks
le 20/11/2019

4 COMMENTAIRES

pidji

pidji le 21/11/2019 à 13:30:30

Album bien cool, même s'il manque un petit je ne sais quoi pour en faire un excellent album je trouve.

Freaks

Freaks le 21/11/2019 à 21:35:48

Il manque un peu de transcendance ;)

Margoth

Margoth le 24/11/2019 à 10:24:21

J'y ai jeté une oreille cette semaine. J'avoue que même si je ne suis pas spécialement friande de truc-machin (post) core, il y a tout un tas de trucs intéressants là-dedans. Le métissage est avec tout plein de trucs est super bien fait, la chanteuse semble assez hallucinante, on ressent bien ces atmosphères oscillant entre désespoir suicidaire et minces halos d'espoir. Et ce n'est qu'un deuxième EP, autant dire qu'il y a de fortes chances que la recette s'améliorera au fur-et-à mesure du temps. Prometteur.

Freaks

Freaks le 28/11/2019 à 12:19:16

La présence du combo au Hellfest confirme bien les promesses qu'engagent R(h)ope ;)

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