Puteraeon - The Esoteric Order
Chronique CD album (54:08)

- Style
Death metal old school - Label(s)
Cyclone Empire Records - Date de sortie
4 février 2011 - écouter via bandcamp
Personnellement j’ai arrêté de compter. Car s’atteler au recensement exhaustif de tous ces combos qui se vautrent avec délectation dans le trip régressif du death old school made in Unisound (ou Necromorbus pour les trve de chez trve) est aujourd’hui devenu une entreprise comparable à l’édification d’une réplique de la grande muraille de Chine toute en apéricubes à l’échelle 1/1000: vain, et fatal pour le système nerveux. Et il faut reconnaître en plus qu'en dehors des sorties de Bloodbath et Death Breath, qui ont initié ce renouveau et ont apporté parmi les plus belles pierres à l’édifice, on n’a pas souvent l’occasion de crier au génie dans ce créneau. N’empêche qu’on ne peut nier que de nouvelles galettes de qualité supérieure atterrissent très régulièrement dans nos lecteurs, et que celles-ci comportent souvent une ou deux pures pépites surnageant en surface d'un bain compact et revigorant de décibels fangeux qui sont la marque de fabrique de cette franchise.
Et avec Puteraeon, pas d’erreur: on est en plein dedans. Mais plutôt que dedans, regardons derrière. En effet derrière le volant de ce nouveau bolide on retrouve de vieux renards de la scène en la présence d’anciens Nominon, Taetre, Thorium, Reclusion, Killaman et j’en passe. Derrière les textes, c’est Lovecraft et tout son cirque Barnum de l’innommable qui assurent l’animation. Derrière les compos, ce sont les spectres de Grave, Dismember, Unleashed et Entombed qui gambadent joyeusement, la place d’honneur étant toutefois accordée aux 2 derniers. Derrière la tracklist, on a en fait droit au réenregistrement des 3 premières démos du groupe, agrémentées de deux nouveaux titres, « Storms Over Devil’s Reef » et « Coma ». Et derrière les manettes du son, on trouve Andy LaRoque, seule intrus dans cette véritable profession de foi du parfait disciple de l’Eglise Death Metal from Stockholm.
La couleur générale de The Esoteric Order trouve donc son origine dans les ambiances « occultes » et la tourbe épico-mélodique d’Entombed, ainsi que dans les cavalcades guerrières et le groove franc du collier d’Unleashed. Avec en plus des pointes mélodiques à la Dismember ainsi que des touches de grésillements baveux de fond de caveau à la Grave. La rythmique varie entre slow tempos agonisants et sprints revigorants, en passant par toute la palette du mid tempo, le lourd, le victorieux, le souple des mollets, l’enlevé et le rebondi. Les guitares sont bien sûr accordées dans les chaussettes, grasses, épaisses et bourdonnantes comme il se doit. La batterie évite soigneusement le bête blast qui bœute pour le martellement varié, bien qu'elle reste prompte à s'en revenir dans le sec, le rapide et le nerveux.
La première moitié de l’album regorge de belles pièces classiques et classieuses. On y retrouve tous ces automatismes qui nous font pavlover dans nos slips, avec en option des petites touches d’ambiances horrifiques parfois empruntées au cinéma de genre (des extraits de Deranged sur « Graverobber »). Sur « Coma », on se retrouve non pas avec une reprise d’Overkill, mais avec un morceau tout en appesantissements rythmiques, un peu dans l’esprit du « Eaten » de Bloodbath (mais en moins catchy). « Experience Zombification » commence sur des plans doooooom aux bottes lestées de plomb, puis part en flèche dans un feu d’artifice mélodico-véloce à la Unleashed. Et cette première partie s’achève sur ZE tube de la mort: « Dead Once More », parfaite alliance de la puissance, de la vitesse et de la mélodie pour le meilleur et pour le plus pur des death épais. Sur les 3 morceaux suivants, le sang se met quelque peu à refluer des corps caverneux et le ramollissement guette: en effet « Castle of Despair » s'avère bien lourdaud, tandis que l’instrumental « The Innsmouth Insanity » – bien qu’atypique et ambiancé – ne tient pas les promesses escomptées. Puis ça repart tranquillou avec la warrior song « Into the Deep », en crescendo jusqu’au chouette essaim mélodique bourdonnant qui fait décoller le pourtant très massif « Re-Animation », pour finir enfin sur le superbe et dernier sprint Entombedien qu’est « The End of All ».
Soyons réalistes, ce n’est pas avec The Esoteric Order qu’on redonnera un second souffle au genre. En même temps on risque bien de ne jamais pouvoir véritablement parler de renouveau dans cet élan revivaliste très respectueux de ses racines, puisque là n’est tout simplement pas le propos. On se contentera donc d’ingurgiter avec gourmandise – et goinfrerie même, en ce qui me concerne – les œuvres de tous ces brillants élèves aussi respectueux que passionnés, qui arrivent à nous pondre régulièrement de nouveaux hits marqués du sceau sacré de la sainte quadrinité dismunleagraventombienne. Et c’est bien de ça qu’on parle avec Puteraeon: de la bonne came, de la valeur sûre, du death old school louché à la moule (diantre, me voilà dyslexique)... Vous pouvez y aller les yeux fermés!
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