Puteraeon - The Cthulhian Pulse: Call From The Dead City
Chronique CD album (37:03)

- Style
Swedeath mélodicocculte - Label(s)
Emanzipation Productions - Date de sortie
13 novembre 2020 - Lieu d'enregistrement Studio Hatecraft
- écouter via bandcamp
Ils sont quelques-uns, années après années, à remettre du charbon de qualité dans la locomotive Swedeath: Demonical, Lik, Sentient Horror, [ajoute ici le VRP en bidoche avariée que tu préfères]… et Puteraeon. Si ces derniers Suédois avaient toujours été au RDV avec des albums arborant fièrement l’AOC « Lovecraftian HM-2 certifié », ils n’avaient par contre jamais vraiment accédé aux sommets où certains de leurs confrères ont réussi à planter leur putride fanion… Jusqu’à la sortie à l’automne 2017 d’un excellent EP, The Empires of Death, qui nous avait remis une grande louche de soleil dans le marécage. Etant donné que le line-up n’avait pas bougé d’un iota, on n’avait pas trop compris si ce sursaut d’excellence était dû à l’abandon d’Andy LaRoque pour Dan Swanö (côté mix et mastering), à un changement de régime alimentaire (plus de crème de Spéculos sur les spaghettis ni de mayonnaise avec la brioche) ou-quoi-ou-qu’est-ce… Toujours utile que ces 3 titres avaient encore amélioré l’image que nous avions de ce carré de mousquetaires old school.
« Ouais enfin sur seulement 3 titres, c’est un peu facile de gratter les Félicitations du Jury… »
Tu as raison de douter Maïté: s’il y avait plus de ce genre de réactions cartésiennes, il y aurait sûrement moins de décapitations et de tir aux pigeons dans les rédactions. Sauf que Puteraeon (… eron petit patapon, tiens je ne l’avais jamais faite celle-là) a décidé de profiter de la sortie de son 4e album pour te démontrer que pendant que le doute t’habite, l’auditeur lui, voit la sienne fièrement dressée pendant 37 minutes non-stop, telle un totem turgescent célébrant l’immortel héritage d’Entombed. Non non, je n’exagère pas. Tiens, examinons ensemble la tracklist à l’affût de ces éventuels passages où le mat pourrait avoir l’occasion de ponctuellement fléchir:
- « Horror in Clay »? Cette introduction a le pas certes un peu lourd, l’emphase un peu classique, et le fatalisme légèrement plombé. Mais il ne s’agit que d’une rampe de lancement introductive, et plus l'on y grimpe, plus on voit loin à l’horizon.
- « Legrasse’s Puzzle »? On s’y trempe les orteils dans des eaux fraîches peuplées de silhouettes pas claires… Pas de quoi faire la moue, d’autant que ces 46 secondes de doux arpèges (il n’y aurait pas une certaine similarité avec ceux débutant le « The Call of Ktulu » de Metallica d’ailleurs? Ce serait tout à fait à propos…) permettent d’éviter que les corps caverneux trop ne s’échauffent – ce serait dommage d’arriver à une conclusion précoce dans les draps alors qu’il reste la moitié du chemin, ou presque, à parcourir.
- « The End Cometh »? C’est vrai qu’après l’apogée « Terror At Sea », cette ultime piste aurait presque l’air pâlotte. Mais ses couplets sont pleins de profonds sous-entendus mélodiques, son break acoustique opethien rafraîchit les tempes après 3 minutes de charbon, et les lancinantes prières comme l’inquiétante mélodie enfantine qui le closent permettent d’entretenir jusqu’à la dernière seconde cette atmosphère broussailleusement occulte.
« En voilà de la chronique bancale: on rappelle à peine le contexte, on se concentre sur ce-qui-après-tout-n’est-pas-si-mal… Je suppose qu'il ne doit pas être commercial, dans la vraie vie, le lapin? »
Ni commercial, ni chargé de comm’, ni politicien: bien vu Manu! Pour ceux qui voudraient se remettre en tête deux-trois infos concernant le groupe, rappelons que depuis 12 ans Puteraeon n’a jamais changé de cap: même line-up, mêmes thématiques lovecraftiennes, même Death old school aussi sombrement épais que mélodiquement ambiancé… Une telle constance: on pourrait croire qu’ils sont teutons (… d’ailleurs leur seul split a été partagé avec Revel in Flesh). Et sur The Cthulhian Pulse: Call from the Dead City, rien ne change sur le fond. Sur la forme par contre, les dix titres nouveaux proposent cette fois une expérience mystico-mélodico-flippante cohérente de bout en bout, la colonne vertébrale de l'auditeur frissonnant de froide angoisse tandis que dans le même temps ses synapses fondent de plaisir face à un déferlement d’accroches généreuses et d’imposante majesté.
Ceux qui veulent butiner l’album de-ci de-là histoire de décider rapidement si ce Swedeath-là en vaut la chandelle peuvent commencer avec un survol de « The Sleeping Dread », sa carrure de Bolt Thrower scandinave, ses puissantes ruades, ses invocations d’entités innommables lors du refrain. S’ils ont le temps de s’aventurer au début de «Permeation », ils pourront savourer une intro purement danswanöienne avant que les flots se referment brusquement sur eux. En voletant jusqu’à « The Curse » ils connaîtront les joies d’un afflux de mélodie boostée à l’énergie Punk, avant de monter sur le vaisseau de l’amiral Unleashed pour aller pourfendre du casque ainsi que les crânes logés au-dessous. S’ils ont pensé à prendre leur masque de plongée, il serait dommage qu’ils évitent les fonds marins de « Into the Watery Grave », funérailles solennelles lors desquelles on suit la descente d’un galion sombrant jusque dans les pénates abyssales d’un kraken lovecraftien. Et si le papillonnage de notre métalleux pressé ne peux supporter que l’écoute d’un seul et unique titre, celui-ci devra être « Terror at Sea » qui, après un houleux démarrage, déroule la logique implacable et irrésistible d’un Death metal aussi séduisant que terrassant évoquant les aventures épiques de héros 200% amonamarthiens.
Lik, Demonical, Puteraeon… Si 2020 aura été l’année des papilles insensibilisées et des bronches qui crachotent, elle aura également été celle d’un regain de fierté et d’inspiration chez beaucoup des barons de la 2nde vague du Death Suédois. Et nom d’un p'tit Cthulhu que ça fait du bien!
La chronique, version courte: sur son 4e album, Puteraeon confirme brillamment les espoirs qu’on avait mis en lui après la sortie de l’excellent The Empires of Death. Le Swedeath lovecraftien du groupe réussit si complètement son entreprise de séduction qu’on en aurait presque envie de faire avec les tentacules de Cthulhu ce que ces japonaises adeptes de shokushu gōkan font avec des poulpes...
4 COMMENTAIRES
Crom-Cruach le 19/01/2021 à 11:23:14
Un intru s'est glissé dans le duo de tête évoqué en fin de chronique... étrange.
Bien bonne plaque de fonte oui ce Puteraeon, au final.
Crom-Cruach le 19/01/2021 à 11:25:28
Mais tu insistes sur le mode trio (le mode hymne de nos campagnes quoi), faut mettre Just Before Dawn.
cglaume le 19/01/2021 à 11:55:09
Je ne vois point d'intrus moi :P
Crom-Cruach le 21/01/2022 à 19:12:54
LIK
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