Ultra Zook - Ultra Zook

Chronique CD album (38:32)

chronique Ultra Zook - Ultra Zook

« Derrière chez moi 'y avait des noix,

Gibeli gibelo, pan pan labello, pan pan la bobineeeee-eeetteuh! »

 

Préparez-vous à rester avec ça dans la tête looooongtemps après avoir fait tourner Ultra Zook, le tout premier album longue durée du trio clermontois dont on vous a déjà causé par 3 fois à l'occasion de la sortie des EP Epuz, Epuzz et Epuzzz (… ils n'ont pas voulu partir sur Lpuz cette fois. Un peu déçu je suis). Il semblerait que cette con-comptine entêtante soit à l'origine une chanson populaire auvergnate... Ce qui prouve que le groupe est adepte des circuits courts et du consommer local. Un bon point donc. Sauf que fredonner ça au boulot, au niveau de la photocopieuse, provoque illico des regards de travers. Déjà que Sandra, la stagiaire de la compta, prenait bien soin de ne plus prendre ses pauses café en même temps que moi depuis que j'étais venu bosser avec un T-shirt Hardcore Anal Hydrogen...

 

Bref: Ben Bardiaux (Pryapisme, Igorrr), Remi Faraut (Kafka) et Emmanuel Siachoua (ex-Kunamaka) sont de retour, et ils n'ont pas prévu de décevoir les fans qui attendaient de dignes successeurs à « Yapati Yupata » et « Raggapopo ». Attendez-vous donc à ce qu'au micro ce soient toujours les mêmes Teletubbies sous LSD qui ânonnent des absurdités. Et à ce que les couleurs des couloirs de l’hôpital psychiatrique de Papeete – que les 10 nouveaux morceaux semblent cette fois encore s'escrimer à décrire – soient toujours aussi criardes. Tout comme auparavant, il faut un côté un peu maso pour apprécier cet univers mêlant les structures légèrement décalées du Math Rock, les incongruités du Rock in Opposition, et une sorte de niaiserie toon exacerbée évoquant des lapins non seulement crétins, mais également un peu autistes. Sans oublier une touche palmiers & piña colada savamment entretenue à coups de sonorités de marimba et d'une fraîcheur semblant venue de par-delà le lagon.

 

Forcément, tout ça risque d'être un peu trop « extrême » pour le fan de Necrophagist: parce que non seulement il n'y a ici pas un poil de guitare (basse marsupilami, clavier zébulon, batterie et flûtes à bec: that's all folks!), mais il faut une certaine ouverture d'esprit pour passer outre les 30 premières secondes de l'album qui ne sont que Poc Poc de casserole, Tac Tac de baguettes en bois, flûte à bec et xylophone, le tout dans un dénuement absolu laissant faussement croire que l'on assiste là à une séance de thérapie par la musique pour grands introvertis asociaux. Heureusement la suite de ce premier morceau part dans une joyeuse farandole qui finira – soyez en sûr – en bande son de la pub pour le prochain Oasis tropical cannabique (« Pêche! Pomme! Poire! Prune!... Fruits de la Passiooooooon! »). Et l'album de continuer de dérouler sa grosse demi-heure farfelue entre hoquets arythmiques, mélodies pointillistes, parties de flipper kaléidoscopique, prise d'ecsta' sous l'océan avec Ariel et Sébastien, crises de tachycardie joyeuses et solos de flûtes à bec (ça c'est vraiment le plus rude...).

 

Abordée avec l’œil de l'amateur de nawakeries à la PoiL, Chromb!, Ni et autres Francky Goes To Pointe-à-Pitre, cette tracklist est un véritable nectar des dieux. Parce que l'esprit loufoque et les décalages incessants propres à ces formations sont ici omniprésents. Sur « Conderougno » par exemple, long chapelet d’onomatopées entrecoupé de mélopées en patois et d'une intervention de cornemuse. Sur les pointillés tropico-Casio de « La Plasticité Mentale », et ses chœurs de décérébrés que n'aurait pas renié Sebkha-Chott (… ni Philippe Katerine, cf. les « Moooon-Sieuuuuuuur! »). Sur l'intense et géniale partie de « Ping Pong » (Let! Let! Faute! Faute!). Sur l'encore une fois très Philippe Katrinesque hommage à leurs copains de l'association « En veux-tu? En vlà! ». Ou sur « Frangipanier » qui, thématiquement parlant, se situe dans la continuité logique de « L'Ami Cahuète » de Gainsbourg. (Attention: liste non exhaustive)

 

Alors oui, l'inconfort extrême de l'épisode « Hmong Song » prouve que la volonté de malmener l'auditeur que le groupe manifestait plus ouvertement sur Epuzzz n'a pas tout à fait disparu. Et puis cette minute de flûte stridente à la fin de « What kind of juicy fruit are you ? »... Ne me dites pas qu'il n'y a pas là une franche volonté de nuire!?! En tous cas on ne peut s'empêcher parfois de grincer des dents, et l'on imagine sans problème que l'auditeur non averti abordant cet album par hasard pourra en revenir au mieux interloqué, au pire franchement irrité.

 

Sauf qu'il a beau avoir de faux airs de coloriage de triso' effectué au crayolas en bord de plage, cet album n'en est pas moins éminemment sympathique. Il fout la banane, et se marie idéalement avec les rayons de soleil amicaux d'un petit-déjeuner en terrasse, face à la mer. Alors pour une fois on laisse tomber la veste à patches, on sort les tongs, et Zouk La Se Sel Medikaman Nou Ni...!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: sur son premier album, Ultra Zook continue de déverser des hordes de lapins crétins hallucinés sur les plages de Basse-Terre, les arme de flûtes à bec et de synthés zébulonnant, et ordonne à ceux-ci de transformer ce lieu paradisiaque en une orgie de toons défoncés perclus de problèmes psychomoteurs. Et si vous avez une meilleurs description courte de l'album, je suis preneur...

photo de Cglaume
le 31/05/2019

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