Ultra Zook - Epuzzz
Chronique Maxi-cd / EP (18:21)

- Style
Nawak math rock retors - Label(s)
Gnougn Records - Sortie
2014 - Lieu d'enregistrement Kawani Studio
- écouter via bandcamp
Z, pour les vieux tromblons de ma génération, ça a d’abord été une marque de fringues pas chères pour collégiens (remember?). Puis ce fut la signature d’un mousquetaire hispano-gothico-masqué qui s'escrimait (!) à pourrir la vie en noir et blanc de ce pôv’ Sergent Garcia. Et enfin ce fut le symbole du maléfique, du sardonique, du vilain-pas-beau Zorglub, ennemi juré de Spirou…
#### Cette introduction vous a été proposée par Disney Channel & Radio Nostalgie ####
Z, c’est dorénavant une unité de mesure discographique permettant d'évaluer le vieillissement du groupe Ultra Zook. Un peu comme les cernes concentriques d'une souche permettent de mesurer l’âge d'un arbre. Sauf qu’il n’est pas besoin de demander à un bûcheron d’abattre nos joyeux lurons à coups de hache pour procéder à ce comptage. Là c’est beaucoup plus simple – attendez que je vous explique: depuis 2012, tous les ans les clermontois sortent un EP dont le titre est formé du préfixe invariable « Epu » et d’un suffixe constitué d’autant de Z qu’il s’est écoulé d’années. Donc si vous faites bien les comptes, vous déduirez qu’après Epuz sorti en 2012, Epuzz sorti en 2013, l’Epuzzz dont on vous cause aujourd’hui n’est pas sorti en début d’année mais bien l’an passé, en 2014.
C’était élémentaire mes chers Watson, mais je vous félicite néanmoins de cette juste déduction.
Bon alors pour résumer les épisodes précédents, Ultra Zook pratique un nawak metal/math-rock bondissant (bien que relativement retors) barbouillé de couleurs criardes évoquant une crèche spatio-psychédélique où des bébés Snorkies détruiraient méthodiquement l’ensemble des camelotes Playskool mises à leur disposition.
Et de ce point de vue-là, n’ayez crainte: la donne n’a pas trop changé. Le trio barjot continue à zébulonner frénétiquement – pour ne pas dire hystériquement –, sa chorégraphie évoquant celle d'un bidibule potelé au sourire éternellement niais voyageant à dos de ces baballes en caoutchouc dont les rebonds rendent fou le chat du voisin. Derrière le micro, c’est toujours un télé-teubé horripilant qui essaie de nous convaincre à longueur de morceaux de lui dessiner un mouton. Les mélodies au synthé sont toujours sponsorisées par Mgr Bontempi, et les rengaines aux faux airs de jingles sautillants couinent toujours comme ces jeux dont [vos enfants / vos petits cousins] raffolent et que vous-mêmes rêvez de détruire à la masse au bout de 2 heures d’usage intensif. Ça sent bon la joie de vivre rose-bonbon perverse, ça agresse les prunelles, ça clignote comme un camion de pompiers Hotwheels… A un point qu’on se demande souvent si l’on n’est pas en train de vivre un gros bad trip’ sous ecsta’.
C'est qu'il y a manifestement une lourde fêlure psychiatrique derrière cette façade de maison de poupée. Car derrière les youpi-youpla et les Chupa Chups à la fraise, les rythmiques sont toutes décousues (… ce qui reste dans la continuité des opus précédents vous me direz). Le Bisounours qui veut qu’on lui fasse un gros câlin demande également qu’on lui fasse un enfant. Le fifrelin de Manu nous vrille sadiquement les tympans. La basse et la guitare peinent à imposer leur matelas funky&groovy. Enfin la dimension metal et – corollaire – la saine puissance que celle-ci injectait dans les morceaux de l’EP aux 2 Z s’est bien rabougrie...
Du coup ce sentiment de malaise nous rétracte l’enthousiasme en position fœtale, un peu comme Popaul quand il sort de 20 minutes de brasse en mer dunkerquoise un matin d'octobre. En même temps il semble bien que ce soit une volonté délibérée du groupe de nous mettre ainsi les nerfs en pelote… Sauf que bon, quand on se rappelle les gros kiffs « Aluminium C4 » et « Tiramisu », on a soudain comme des bouffées de nostalgie… Parce qu’après un « Cadaveric Nounours » qui passe tout aussi bien que les chansonnettes de 2013, les heurts divers, les dissonances rebrousse-poil et autres agressions roudoudous qui suivent ont (presque!) raison de notre patience. Heureusement que tout ça se fait dans la nawakitude et la décontraction les plus cool-ma-poule qui soient, sinon on aurait frôlé les remontées acides.
Si vous avez aimé les 2 épisodes précédents, pas de lézard: Epuzzz ne vous prendra pas au dépourvu. M’enfin on reprochera quand même à ce 3e épisode un abord beaucoup plus revêche, ce que ses faux airs de générique d'une version surexcitée des Minipouss ne laisse pas entrevoir immédiatement.
La chronique, version courte: nawak, zébulonnesque, grotesque, faussement niais, doucement hystérique, le nouvel Ultra Zook est par contre un peu moins métallique et surtout plus retors que le très bon Epuzz. Causez-en d’abord à votre système nerveux, puis si le cœur (lui aussi) vous en dit, tentez l’aventure!
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