Nine Eleven - Interview du 29/04/2010

Nine Eleven (interview)
 
Bonjour à vous ! Première question classique et un peu chiante. Pourriez-vous présenter le groupe aux personnes qui ne vous connaitraient pas encore.
Nine Eleven c’est 5 gars (ca pourrait être des filles) qui sont branchés par le même style de bruit (on appelle ca new school hardcore, modern, punk melo, rock élitiste, musique inécoutable) et le même mode de vie qui rythme cette expérience. Le groupe a vu le jour à Tours, mais après 4 années d’existence et des changements de line up, on se rend compte que personne n’est véritablement maintenant originaire de cette ville. C’est devenu juste une grosse partouze entre la Nièvre moribonde, Perpignan, Le Mans, Angers et la capitale française du hardcore, Château Renault.

Comment qualifieriez-vous votre musique ? Quelles ont été vos influences principales ?
Nirvana sous amphets avec 3 aiguilles dans chaque bras. Pour les influences : MTV, Facebook, H&M, le narcissisme ambiant qui fait de cette scène quelques fois plus une sous culture du vide qu’une contre culture, les rock tabloïds à deux francs six sous et la jet set de troisième zone dont les dinosaures et autres figures emblématiques rincées de la scène indé se réclament. Mais aussi tous les gens adorables et les amis qui nous entourent, les rencontres a 5000 bornes de chez toi, les road trip, les passages bordéliques des frontières biélorusses et Ukrainiennes, les discussions politiques en Serbie à 3h du mat avant de reprendre la route pour la Croatie, le braquage du van dans les rues de Bratislava, tous les concerts en Russie, le promoteur d’un concert a Timisoara qu’il faut ramener chez lui à 4h du mat’ alors qu’il vomit partout, les gens magiques de Pologne et de Republique Tchèque, des rencontres amoureuses etc. , la vie quoi !

Votre album, « City Of Quartz », porte le nom d’un livre de Mike DAVIS, sociologue américain. D’où est venu l’idée d’utiliser ce livre comme base pour l’album ?
Ca s’est fait un peu naturellement ! C’est un bouquin que j’avais eu l’occasion d’étudier dans le cadre d’un mémoire sur le contre coup médiatique des attentats du 11 septembre 2001. « City of Quartz » est en lien avec tout ce qui a trait à l’idéologie sécuritaire dans laquelle on baigne et dont la récupération politique du 11/09/2001 en est l’une des expressions les plus ostensibles. Quand on cause d’idéologie sécuritaire, tout se rapporte à l’analyse médiatique binaire d’un monde dont la télé réalité le partage entre des notions comme liberté –sécurité auxquelles lui répondent symétriquement celles de la terreur et du chaos. C’est un décor symbolique que notre cerveau à travers ses diverses expériences sociales (école, médias, mœurs, culture ethno centrée, etc.) a été exercé à piger et à consommer. Et pour faire bref, l’un des chapitres du livre concerne justement les stratégies urbaines mises en place à Los Angeles dans le cadre de l’application du sécuritaire en terrain urbain et dont elle est la ville test à échelle mondiale. On capte alors que « City Of Quartz » réfère juste à la façon dont la police de la pensée quadrille et règle notre espace temps comme du papier à musique, dans cette dynamique de partition manichéenne de notre réalité sociale. Ca collait parfaitement avec l’esprit et les textes de l’album. Donc on n’a pas hésité une seconde à se l’approprier!

L’album, même si la base est hardcore, est très varié et complexe au niveau des compositions. Comment se passe le processus de composition ? Partez-vous d’une idée générale ou alors dès le début l’idée est précise et claire ?
Toutes les trames de chansons sont pensées « à la maison ». On passe beaucoup de temps ensemble, donc lorsqu’une idée a été trouvée et travaillée, on la fait écouter aux autres et on voit ce qu’il en ressort ! Bon le truc relou c’est qu’il faut jouer à la bouche la batterie pendant qu’on tente de jouer les différentes guitares en même temps pour le faire haha. Après, y’a pas de règles de composition, on kiffe tous plein de trucs, car pour nous y’a pas de bons styles ni de mauvais, juste du bon son et des trucs plus craignos. Donc on fait en fonction de ce qu’il vient et des différents horizons musicaux que l’on souhaite explorer, même si l’on reste un groupe de hardcore avec ses grandes limites techniques et musicales 

L’évolution de votre musique par rapport à «Use Your Desillusions» est assez énorme. Comment s’est-elle initiée ? Est-ce que bosser au Loko Studio a joué un rôle dans cette évolution ?
Concernant l’évolution musicale, ca s’est fait naturellement. « Use your disillusion » est l’album d’un groupe qui avait juste un an d’existence à l’époque de son enregistrement. Ca a été composé en speed, avec les erreurs que l’on ne ferait plus maintenant. Après, c’est pareil, rien n’était calculé. On a juste appris à mieux jouer, à mieux composer, à mieux jouer ensemble, et aussi à ne pas se limiter au carcan des diktats du genre. Et les gens du Loko Studio, qui avaient pourtant enregistré le premier album, n’y sont pas étrangers, bien au contraire. Musicalement on s’est ouvert à pas mal de choses entre les deux albums. De leur coté, les nouvelles chansons leur plaisaient bien mieux que ce que nous jouions par le passé. Ca s’est donc véritablement transformé en travail d’équipe. Du point de vue du jeu et de la rigueur musicale, ils ont poussé les choses au max, afin que le rendu soit des plus naturels possibles. En matière d’arrangement, leurs conseils ainsi que leur savoir faire nous ont permis de nous ouvrir à des ambiances que l’on n’imaginait pas forcément avant leur enregistrement. Voilà un peu pour l’histoire de cette collaboration qui est devenue amitié par la suite.

En parlant du LOKO Studio, il la fermé ses portes récemment... Une réaction ?
Complètement blasé et triste dans la mesure où ce studio a énormément aidé la scène indépendante en lui apportant un son digne de rivaliser avec les grosses pointures internationales, et ce à moindre coût au vu de l'investissement dont ont fait preuve Seb et Manu dans cette aventure. Après tu lis souvent des trucs négatifs sur "le son loko"... jamais rien de précis mais faut bien descendre ceux qui tentent de faire autre chose que de tout niveler vers le bas. Mais bon, c'est spécifiquement français ça: moins t'en fais et plus tu la ramènes. Après à l'échelle du groupe, on clame haut et fort qu'il ne pouvait rien nous arriver de mieux que de réaliser l'enregistrement de "City of Quartz" en leur compagnie et qu'ils sont pour nous parmi les tous meilleurs en Europe. Et malgré les circonstances, on sait d'ores et déjà que l'on enregistrera le prochain avec ces gars là où ils se trouveront à ce moment là. 1.Pourquoi avoir choisi Frances FARMER pour la pochette ? Un lien avec le livre ? Un clin d’œil à Nirvana ? C’est à la fois un clin d’œil à Nirvana et une égérie dont l’histoire colle parfaitement au bouquin et à l’esprit de l’album. D’un coté, icône hollywoodienne, de l’autre journaliste politique qui se fit accusée de communisme sous Maccartisme et qui finit trépanée dans un hôpital psy. Elle représente la combinaison des fantasmes et des peurs de l’imaginaire de ce monde. D’ailleurs et dans ce rapport à Hollywood et au culte d’idoles modernes, la chanson « The Quick and the dead » contient quelques réminiscences de films comme Mulholland drive (David Lynch) et Phantom of The Paradise (Brian de Palma), dans lesquels le rôle de « star » et d’ « héroïne » ne tient pas à grand-chose si ce n’est à l’ivresse de la folie des grandeurs illusionnées.

Comment s’est passée la signature sur Custom Core ? Que cela signifie-t-il pour vous ?
On lui a mis un flingue sur la tempe en l’obligeant, en plus de cette signature, à nous léguer la complète discothèque de son écurie haha. Plus sérieusement, l’edition Digisleeve est le résultat d’une co production entre 4 labels et amis que sont Guerilla Asso, I For Us Rcds, Don’t Trust The Hype et Customcore. Et on les en remercie tous une fois de plus ! A coté de ça, Chorus Of One rcds a sorti l’edition vinyle dont le premier pressage est épuisé, et qui a fait un truc incroyable pour la promo internationale. C’est l’un des tous meilleurs labels européens à notre avis ! Quant à Spook rcds, il s’est occupé de l’édition crystal et de sa diffusion en Pologne. Sinon, notre ami Dima de More Than Sound prépare la sortie d’un three way split, avec Flawless Victory et un autre groupe non confirmé, qui devrait voir le jour sous peu. 1653 rcds s’occupe d’une diffusion DIY de l’album en Argentine et United Front (qui book la tournée d’Asie du sud Est d’avril 2010) fait de même en ce moment en Malaisie. On est conscient que sans eux, rien de tout ce que l’on vit n’aurait été possible, et on leur témoigne ici une fois de plus notre gratitude.

Une tournée au Pays du Soleil Levant est bookée, c’est un gros évènement pour vous, non ?
La Malaisie, l’Indonésie, Singapour, La Thaïlande et la Chine pendant un mois, c’est tout simplement incroyable!

Comment en êtes vous arrivés à tourner en Asie ? Une initiative du Label ?
C’était quelque chose que l’on voulait faire ! De toute façon, Nine Eleven est pour nous le ticket pour nous déplacer partout où il sera possible d’aller. On a donc démarché les activistes d’Asie du Sud Est, et les gens d’United Front Booking, qui s’occupent entre autres de groupes comme No Use For A Name, Bold, Carpathian and co., nous ont répondu qu’ils étaient enthousiastes à l’idée que l’on vienne chez eux. Apparemment ils suivaient les activités du groupe depuis notre premier ep « King for a day, ghost for a lifetime ». Donc cela s’est fait très vite !

A part l’Asie, les dates en France et en Europe sont nombreuses, pas trop crevés ?
Non ! En tous cas moins qu’à perdre les 9/10 de notre temps à gagner notre vie 

Avez-vous eu des échos sur l’album de la part des pays étrangers ?
Grace à Chorus Of One, on a été chroniqué partout : Usa, Australie, Allemagne, Grèce, Angleterre, Italie, Hollande, Finlande, etc. Et la plupart des échos comme ceux reçus de zines ou de webzines comme Punk News, Poison Free, Asice, The Amps, The Pees, OX, The fuze, sont super positifs. On commence à rompre avec ce complexe du « on est français, donc on se fait tailler ».

Quels sont vos dernières découvertes musicales sinon ? Des groupes du coin à faire découvrir ?

Quels sont vos dernières découvertes musicales sinon ? Des groupes du coin à faire découvrir ? Pour la playlist du moment et en vrac : Lewd Acts, le dernier Converge, le dernier Rise And Fall, Defeater, Kid Crash, Dead Swans, Outrage, Atlas Losing Grip, Social Circkle, Brat Pack, Hope Conspiracy et plein d’autres Concernant les groupes autour de nous : Verbal Razors (Thrash old school to new school à la croisée d’Exodus, de SOD et de Municipal Waste) et Daily Mind Distortion (Punk’n’roll à la New Bomb Turks) de Tours, Last Exit To Brooklyn, les petits génies du Mans (dans la veine de Have heart, Down To Nothing et Allegiance). Sinon, en France, toujours Fire At Will, No Guts No Glory, Birds In Row, Thrashington Dc, Alea Jacta Est, In Others Climes, Providence, Aussitot Mort, M Sixteen et plein d’autres!

Merci beaucoup pour avoir pris le temps de répondre à nos questions ! Un dernier mot ?
Un gros merci a toi pour cette interview et pareil aux amis, labels, orgas qui nous soutiennent depuis fin 2005 !

 

 


 

Merci au groupe d'avoir répondu à nos nombreuses questions. On espère réentendre parler d'eux d'ici peu !

photo de DreamBrother
le 30/04/2010

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