The Von Deer Skulls - Interview du 17/03/2017

The Von Deer Skulls (interview)
 

Bonjour, dans un premier temps, comme votre groupe est plutôt récent, pouvez-vous le présenter à nos lecteurs ? Et quelle est la signification de votre nom ?

Salut, nous sommes un groupe Breton de musique plutôt Heavy à tendance Doom, mais on incorpore aussi d'autres éléments à nos compos, et on porte une grande attention à notre approche esthétique pour proposer un univers complet. On a bossé sur quelques titres que l'on a dévoilé sous forme d'EPs il y a un et deux ans histoire de développer un peu notre son, et là on a pris un an pour travailler sur un long format, prévoir les visuels, les vidéos... Et c'est sorti fin 2016 en digisleeve pour le format physique et en digital un peu partout. Le nom vient en partie de mon nom d'artiste (Peter Skull), le reste s'est forgé autour, avec comme totem le cerf (The Great Von Deer, une sorte de gourou, qui est encore plus présent sur ce nouvel album) et un esprit un peu théâtral pour illustrer le propos visuel du groupe.

 

Pourquoi avoir choisi d'avancer cachés, derrière des masques et des pseudonymes, un decorum que l'on retrouve habituellement dans le Black Metal ?

C'est une comparaison que l'on nous fait souvent, c'est pas le but premier de la démarche car je ne suis pas un grand connaisseur de la scène Black à la base. Sinon pourquoi le décorum..., pour le côté visuel une fois de plus, qu'on puisse se concentrer sur l'ambiance et l'univers du groupe pas sur des individus, ou alors imagés et changeants. Ça nous apporte aussi un potentiel cinématographique pour créer des vidéos qui changent de celles où l'on voit simplement le groupe jouer. De plus, je voulais un espace de jeu total au niveau liberté artistique, créer un univers où je pouvais m'amuser avec plusieurs médias. J'aime différentes choses sur le plan artistique, mais n'ai pas le temps de tout traiter, au départ ça me permettait de tout concentrer dans un projet, qui a pris plus d'importance que je ne le pensais.

 

Quels sont les principaux groupes ou artistes qui vous influencent quand vous composez pour The Von Deer Skulls ?

Tout et rien à la fois je dirais, il n'y a pas vraiment de direction en terme d'influences. On ne se dit pas il faudrait sonner comme un tel ou un tel, ça vient se greffer sur le fil rouge durant le déroulement de la composition. C'est plus le retour des auditeurs et chroniqueurs qui mettent le doigt sur des influences, qui nous paraissent intéressantes à chaque fois. Car parfois ça nous semble finalement tout à fait juste et logique que certaines formations ressortent, et d'autres fois les exemples donnés nous interpellent et on découvre même de nouveaux groupes comme ça. En tout cas ça ressemble plus à un joyeux melting-pot bordélique plus ou moins involontaire passé à la moulinette Von Deer.

Sinon niveau influences globales dans le développement artistique et pas spécialement dans la composition d'un album en particulier, ça serait un mélange de Tool, de Black Light Burns, de Radiohead ou de The Mars Volta... Je me suis aussi intéressé sur le tard un peu plus à NIN après avoir eu des comparaisons quand j'avais fait écouter les premiers morceaux il y a un moment. Le son ne ressemble pas spécialement je trouve, mais peut-être plus dans l'approche de travail ou l'ambiance. Quand j'ai commencé à faire de la musique je me suis aussi beaucoup penché sur le cas Morello, il a des techniques assez captivantes.

 

Le Doom est un genre très attaché à ses codes, conservateur, pourquoi avoir choisi de mettre un gros coup de rangers dans la fourmilière ?

La volonté n'est pas de tout remettre en question et de mettre le bazar. Si ça peut apporter des choses tant mieux, mais faut dire qu'on est pas un groupe de Doom à proprement parler, on s'en rapproche sur pas mal d'éléments mais on est pas que ça. J'adore ce genre pour son côté massif, mais on vient mêler pas mal d'autres éléments plus planants ou agressifs du Post Metal, ou bien des trucs expérimentaux, de l'Indus... C'est le problème avec les étiquettes, c'est dur de s'en mettre une et quand tu le fais ça colle pas forcément non plus. On a tranché pour un mélange de Doom et de Post Metal, mais il y a pas mal de Prog aussi dans certains développements. On est pas là pour révolutionner un genre mais pour faire ce qui nous sort de la tête. Je ne me mets pas de limite, s'il peut y avoir des sonorités un peu inattendues tant mieux, on est pas là pour reproduire, on préfère rendre hommage en se servant des acquis  et évoluer sur notre propre chemin.

 

Du coup, quelles ont été les réactions à vos premières sorties ?

Pour le coup, les premiers morceaux était plus Ambiant et ressemblaient plus à des bandes sons, en tout cas ça a été fait pour. The Rest Is Silence est plus "classique" dans un sens. Niveau retours, ces premières sorties ont été positives, c'était surprenant car finalement c'était encore plus expérimental que ce que le groupe fait désormais. Les gens avaient accroché à l'univers et aux visuels, ils étaient curieux je pense. Pour ce premier long format les retours ont été vraiment bons dans l'ensemble, voire flatteurs parfois. Même si certains ont été déroutés, peu n'ont pas accroché du tout. C'est toujours intéressant d'avoir des avis, mêmes tranchés, du moment que c'est argumenté, et puis on ne peut pas plaire à tout le monde.

 

La scène Doom bretonne est peu développée, êtes vous en contact avec d'autres groupes (dans ce style ou pas) de la région ?

Des groupes de pur Doom pas vraiment car on a pas encore fait de scène, il y a Huata de Rennes que j'avais rencontré au Motocultor quand j'avais exposé là-bas en 2014 qui est très bon. Ou Stangala un groupe de Quimper, qui fait un Doom avec d’autres influences avec du chant en Breton. Sinon dans notre coin c'est plus la scène Stoner/Sludge qui s'en rapproche et qui est pas mal développée, avec de bons groupes qui évoluent bien ces dernières années, faut aller voir nos guests sur l'album d'ailleurs (StoneBirds, DuckHunters, Appalooza... ou Silent Dawn pour du Metal).

 

Vous n'avez pas hésité à incorporer des éléments inhabituels, comme du Nu Metal, dans votre musique. Jusqu'où est-vous prêts à aller en terme de brassage musical ?

En fait, j'avais pas l'impression d'avoir incorporé des éléments de Nu Metal, des sonorités Electro ou Indus oui par moment, mais Néo pas vraiment consciemment pour le coup. Mais c'est marrant, car c'est pas rare que des comparaisons à Korn ou Jon Davis sortent. C'était pas voulu, mais pourquoi pas, on prend ça comme un compliment, je n'ai rien contre. Niveau brassage, on a pas vraiment de barrières, on a une base qui oscille entre lourdeur et passages aériens, après des éléments de n'importe quels styles peuvent arriver, du moment que ça s'imbrique avec l'ensemble on garde. La volonté n'est pas comme je le disais plus tôt de tout bouleverser, je compose une trame voulue, ensuite ça vient aussi avec l'inspiration que me donne le morceau pendant l'enregistrement. Et les trucs que j'ai déjà écouté peuvent évidemment ressortir, certaines choses étant plus franches, d'autres totalement fortuites. C'est pour ça que c'est bien d'avoir des retours critiques et de discuter avec les gens, personne ne perçoit la musique de la même façon, ni avec les mêmes référentiels. Certaines choses ressortent plus que d'autres, d'une certaine manière je pense que ça influence aussi pour la suite.

 

Votre univers musical est très visuel, très influencé par le cinéma, avez-vous des projets pour mettre en image votre musique au-delà des clips que vous avez déjà tournés ?

Pourquoi pas à l'avenir, oui bien sûr, c'est dans un coin de ma tête depuis le premier clip ("Bitches Of The Wood"), dont la musique et la vidéo se sont mutuellement influencées car enregistrée et tournée en même temps. Donc si on arrive à avoir les moyens et le temps, oui il y aura certainement quelque chose dans ce goût là, peut-être pour un prochain album ou un format spécial.

 

Une suite pour The Rest Is Silence est-elle prévue pour bientôt ?

Là pour le moment on travaille la version scénique du groupe. Des titres inédits sont sortis sur notre dernier single ("Personal Hell") histoire de proposer du nouveau avec des outtakes. Mais pour l'instant on se concentre sur le live, développer ça bien, on prend notre temps pour tester les idées, adapter les morceaux à la scène, histoire de proposer un set de qualité. Et pour tout dire un album c'est assez éprouvant, ça demande du temps de maturation, de confrontation, de réflexion, de souffrance, mais tout ça pour notre plus grand bonheur, on le ferait pas sinon. C'est un processus important, enrichissant artistiquement et toujours cathartique d'une certaine façon. Donc un prochain opus s'imposera de lui-même quand il sera temps.

 

Les derniers mots sont pour vous…

Merci à toi pour l'interview et la chronique, tu as pas mal cerné ce qu'on voulait faire avec cet album ça fait plaisir. All Hail The Great Von Deer !

photo de Xuaterc
le 21/04/2017

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