Abyssal Ascendant - Chronicles of the Doomed Worlds - Part II. Deacons of Abhorrence

Chronique CD album (37:43)

chronique Abyssal Ascendant - Chronicles of the Doomed Worlds - Part II. Deacons of Abhorrence

« Un excellent deuxième album, façonné sous le rude climat du Grand Est par un disciple appliqué de Nile et Morbid Angel… Cthulhu fhtagn! »

 

C’est à peu de chose près ce qu’on aurait pu lire dans l’enthousiaste catalogue Adipocere de la grande époque si Chronicles of the Doomed Worlds - Part II. Deacons of Abhorrence y avait été proposé à la vente. Et pour être honnête, cela aurait tout à fait pu suffire à se faire une bonne idée de ce que propose ce 2e album d’Abyssal Ascendant.

 

« Quoi? Encore des métalleux de l’extrême qui passent leur soirée à lire le Necronomicon devant la rediffusion des Marseillais à R'lyeh? »

 

Oui, je sais, un death-métalleux lovecraftophile, c’est aussi original qu’un fraudeur fiscal au MEDEF. Mais au moins la chose est-elle joliment réalisée, le concert de ralentissements malaisants, de déflagrations biaisées et de détours retors proposé par ces « joyeux drilles » réussissant à créer des atmosphères occultes combinant les vieux caveaux millénaires chers à Karl Sanders et les invectives menaçantes de David Vincent. D’ailleurs quand « Offering Flesh to the Stars » démarre, au vu de ces torches vacillantes et de ces ambiances de sombre péplum, on se demande dans quel mausolée mal famé on a foutu les pieds. Et quand les riffs traînants comme les lourdes chaînes d’un esclave sumérien et le growl profond de Florent s’en mêlent, on n’a plus de doute: si c’est bien Nyarlathotep qu’il s’agit aujourd’hui d’invoquer, le décor où se déroule ce rituel semble par contre avoir été conçu par Imhotep (malgré la rime trompeuse, le premier sort de l’imagination de l’écrivain de Providence, tandis que le 2e fait ses sudokus sur du papyrus). Bref, ces atmosphères, ce goût pour les orchestrations hollywoodiennes, ces pointes Brutal Death occasionnelles, cette poussière qui colle aux babouches: il est clair que ce cher Abi (mais si: celui qui est sale et qui a cent dents) passe ses commandes chez le même fournisseur que Nile.

 

Et quand on arrête de suivre le guide entre les sarcophages, Chronicles of the Doomed Worlds - Part II nous emmène dériver sur des cassures rythmiques et des lancinances guitaristico-caoutchouteuses conçues pour nous faire des nœuds aux oreilles tel le moins accueillant des Morbid Angel. N’essayez pas de vous laisser aller à du headbang bovinement libérateur sur « Dissolved into the Great Hive of Shaggai's Progeny » ou « The Dweller Awakens »: les chemins sont biscornus à dessein, l’objectif du groupe semblant être de nous perdre dans les méandres d'un labyrinthe peu amical. Ah ça on le sent le malaise du pauvre malheureux qui a prononcé le nom de Celui-Qu’on-Ne-Peut-Ni-Ne-Doit-Nommer! Alors c’est vrai que si l’on n’est pas amateur de Death occulto-rebousse-poil, on a un peu de mal à profiter de la visite…

 

Pourtant, que nos oreilles s’habituent à la faible lumière des lieux ou qu’avec le temps on se mette à développer un certain masochisme musical, à partir de « NILGH’RI VULGT’MAH EH’YEOG UH’EOG » on ne ronchonne plus trop contre ce manque notoire d’hospitalité. On arrive même à trouver du groove dans certaines parties tarabiscotées, et on se trouve de plus en plus hypnotisé par cette noirceur insondable. On remarque par ailleurs que les interventions de Fanny derrière le micro apportent un peu de variété, ce supplément de postillons contribuant à évoquer les vomito-vociférations de John Tardy (Obituary), les éclats souffreteux des débuts de Bo Summer (Illdisposed), voire un Deicide tout fâché (au début de « Martyrs of Mordiggian »). Et l’on réalise finalement qu’on accroche carrément aux séduisantes lenteurs sinueuses de « The Church of Free-Will », et plus encore au judicieux climax « Coven of Agony » qui parachève en beauté cette profanation de sépulture de près de 40 minutes.

 

Décidément, entre Creeping Fear, Slave One qui a dernièrement viré « échardes & charbon », les furieux Nephren-Ka et à présent Abyssal Ascendent, Dolorem Records s’est définitivement spécialisé dans les groupes de Death sombres, houleux, et férus de noires visions d’apocalypse! Et dans le genre, Chronicles of the Doomed Worlds - Part II offrira aux égyptologues avertis l’occasion d’étudier d’autres mythologies que celles qui s’écrivent en hiéroglyphes, et aux fans des opus les plus tortueux de Morbid Angel de quoi apaiser leurs frustrations et étancher leur soif de décibels sulfureux. Vous savez donc quelle bande-son choisir lors de vos prochains sacrifices en l’honneur de Yog-Sothoth ou Trey Azagthoth!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: « dans la famille Death occulto-charbonno-tortueux je voudrais le grand-père » « J’ai: Morbid Angel! » « … Je voudrai le père? » « J’ai aussi: Nile! » « Ne me dis pas que tu as aussi le fils? » « Si, d’ailleurs il est français: tiens, Abyssal Ascendant »

photo de Cglaume
le 28/05/2021

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