The Monolith Deathcult - The Demon who makes Trophies of Men
Chronique CD album (48:39)

- Style
Cyber Death avant-gardiste / Death symphonique - Label(s)
Human Detonator Records - Date de sortie
5 avril 2024 - écouter via bandcamp
La couverture de la discographie de The Monolith Deathcult par CoreAndCo ressemble fortement à la tranche d’emmental : pleine de trous. Voire même – parce qu’à un moment donné il faut dire ce qui est – à la portion de brie truffé allouée au bagnard : zéro, peau d’balle, nombre-de-fous-rires-lors-d’un-show-de-Didier-Bénureau. Pourtant les Néerlandais ont une approche aussi ambitieuse que décalée du Death Metal qui devrait logiquement plaire aux zozos déblatérant en ces colonnes… Sauf que, si la logique était la seule à dicter le cours des choses, ça se saurait ! Les résultats des élections, par exemple, ne seraient pas ce qu’ils sont trop souvent. Et les moutons iraient se taper de bons petits gueuletons dans des restaus veggie plutôt que de brouter l’herbe dégueulasse que la télé et les réseaux sociaux leur désignent comme seule bouffe incontournable.
Or il se trouve que – pardon de revenir à des considérations plus personnelles – j’avais vraiment aimé III – Trivmvirate, le pavé de 2008. Alors quand le promo de The Demon who makes Trophies of Men est passé à portée de clic, hop : enfournage de ses huit morceaux là où ces choses s’enfournent… Puis dressage des sourcils en ces hauteurs où l’on croise cigognes de retour d’Afrique, romains cognés par Obélix, et héros de manga appliquant la technique de la Croix céleste. Ces plages symphoniques fiérotes, ce glaçage Electro : j’avais oublié à quel point ça pouvait accompagner judicieusement les gros riffs et les growls caverneux ! Et dites-voir : le groupe tartinait déjà d’aussi belles tranches de fun à l’époque ? Non parce que balancer des « Bring da Beat Back ! » tout le long du morceau-titre, je n’avais plus entendu ça depuis le « The Return of the Living Beat » de Disharmonic Orchestra ! Et ces samples de Mortal Kombat qui rythment l’intégralité de « Gogmagog »… Non mais tu les crois eux ? On parle de Death poilu des gencives, là, quand même !
... En clair, il y avait là matière à vivre 48 minutes de plaisirs musicaux incongrus !
Mais un cheveu tomba rapidement dans cette soupe grumeleuse sous forme de méchantes impressions de déjà-entendu. C’est que – ils abusent un peu quand même – bien que les trois ans qui séparent ce 9e album de son prédécesseur auraient pu suffire à ne proposer que-du-beau-que-du-neuf, eh bien non : trois des huit titres « nouveaux » sont des réarrangements de morceaux figurant déjà sur III – Trivmvirate. Et s’ils rappellent de bons souvenirs et entortillent tentacules et pseudopodes en des chorégraphies un peu différentes de celles d’à l’époque, on aurait quand même préféré que ce genre de salade soit réservée pour un EP, un CD bonus, ou tout autre gourmandise de ce type…
Mais fouillons donc un peu plus avant dans la tripaille de cette galette nouvelle mariant énergie malicieuse et volonté de recycler… Une fois les mains profondément enfournées dans le gros tas de décibels, on y palpe tout d’abord de la belle matière. Notamment un « The Demon Who Makes Trophies of Men » dont émane clairement le plaisir franc d’avoir concocté un hommage aussi décalé que puissant à « Predator » (dont on entend quelques samples), ceci sur une base constituée à parts égales entre le faste de Nile, la touche déshumanisée de SYL, et des sourires narquoisement complices. On prend également son pied sur un « The Nightmare Corpse-City of R'lyeh » moins complexe, mais plus écrasant et plus grandiose – qui nous fournit une belle occasion de ressentir de ces frissons qui ne nous avaient plus parcourus depuis les deux premiers Hollenthon. On se délecte enfin de ce retour dans les noirs corridors de « I Spew Thee Out of My Mouth », qu’on avait certes déjà arpentés, mais dont la déco nous en met à nouveau plein les mirettes, comme si Septicflesh faisait front commun avec Illdisposed pour écraser l’auditeur sous un déluge de groove et de démesure orchestrale.
Ça c’était pour le Yin. Mais cet album réserve également un Yang moins gourmand. Constitué notamment de quelques excès de samples qui artificialisent à l’extrême un morceau comme « Commanders Encircled With Foes », qu’on finit d’ailleurs par ranger dans la même corbeille que « Born Dead » (Body Count), et tous ces titres datant d’une époque où Ministry cartonnait, et où tout le monde croyait donc qu’il suffisait de faire tourner en boucle trois extraits d’un film culte pour pondre un hit. Autre grief : alors que seul cinq titres inédits permettent d’assouvir notre soif de nouveauté, le quatrième de ceux-ci, « Matadorrrrr », s’avère assez peu engageant, engoncé dans des bottes trop larges pour lui qui l’obligent à patauger maladroitement au sein d’une flaque salement gadouilleuse. Clairement pas la piste qui convaincra Tonton René d’abandonner Serge Lama pour le Metal de la mort…
En définitive, on est ravi d’avoir profité de The Demon who makes Trophies of Men pour se replonger dans la démesure décalée et les gros beats de The Monolith Deathcult. On regrette certes que ses excès de recyclage et de samples ternissent un brin ces retrouvailles… M’enfin merde, rien que pour ces « Finish Him ! » et ces « Flawless Victory » qui rythment le déluge de riffs titanesques, de double pédale et de growl catacombesque, on aurait signé ! Clairement. Même s’il n’y avait pas eu ces formidables volées de bois vert électro-symphonico-deathmetalliques qui nous dressent les poils, à intervalles réguliers !
La chronique, version courte : situé à égales distances entre Septicflesh, Seth.Ect, et Disharmonic Orchestra, le 9e album de The Monolith Deathcult a de quoi séduire un public divers et exigeant, qu’il aime le faste orchestral des B.O. grandiloquentes, le growl profond à la Jeanne Moreau, ou les nawakeries frivoles. Seules ombres légères au tableau : 1) trois pistes sur huit proposent des réarrangements de titres de III – Trivmvirate plutôt que de la chair fraîche 2) les Néerlandais abusent parfois du saupoudrage de samples – or c’est comme tout : point trop n’en faut !
5 COMMENTAIRES
Crom-Cruach le 12/07/2024 à 11:54:01
Sympa de suite, amusant même mais trèééééééééés vite oublié.
Aldorus Berthier le 13/07/2024 à 10:56:55
Among the references I would never have expected to read on CoreAndCo : Didier Bénureau 😳
Ça fait genre 7 ans que Morales n'avait pas tourné en boucle dans ma tête...
cglaume le 13/07/2024 à 11:09:57
J’ai rarement eu l’occasion de sourire aux sketches de ce « comique ». Une énigme pour moi…
Aldorus Berthier le 13/07/2024 à 11:37:55
Guère une énigme, on n'a qu'à dire qu'il a son public-cible.
Constat d'autant plus parlant après avoir retenté le visionnage du sketch susnommé ; j'inventerais bien une machine à voyager dans le temps pour aller gifler le moi d'il y a sept ans...
cglaume le 13/07/2024 à 11:41:03
🤣
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