Akersborg - Feelantropicoco
Chronique CD album (26:07)

- Style
Noise / Pop / Mathcore / Nawak / Punk-Hardcore perché - Label(s)
Vinter Records - Date de sortie
17 novembre 2023 - écouter via bandcamp
C’était le 20 novembre dernier, sur le groupe Facebook « Mr. Bungle Official ».
Un post simple : « Je pense que vous allez aimer ça. Il y a quelque-chose de Bungle là-dedans ». Suivait un lien vers la page Bandcamp d’Akersborg.
… Dans ce genre de situation, vous imaginez bien qu’il ne faut pas trop compter sur la passivité du loustic qui vous cause.
Clic, donc. Les zigs en question viennent d’Oslo : c’est raccord avec leur nom, même si j’aurais plutôt parié sur la Suède (rapport à Björn Borg, qui a priori n’est pas le grand frère d’Akers). Premier bon point qui saute immédiatement au visage : la pochette, particulièrement démente, qui a fait remonter plein de souvenirs dans la caboche du vieux lapin que je suis, certains de ceux-ci étant relatifs à une vieille série, Les Tripodes, qui faisait elle aussi dans le gigantisme effrayant from outer space.
Mais le clic le plus important restait encore à venir. Celui qui lancerait le premier morceau, « Breaking Out Of The Odessey ».
Allez, on n’est pas venu à Eurodisney pour faire demi-tour devant le Space Mountain : go-go-go !
Ouch ! Au menu, Mesdames & Messieurs, émulsion chaotique hyper saturée balançant ses échardes façon bombes artisanales : c’est un Mathcore hostile, donc, entre Car Bomb et TDEP, qui ouvre le bal.
… Dites voir : le gugusse qui a partagé son lien à l’assemblée frémissante des bunglophiles, il ne ferait pas l’erreur de penser qu’Irony Is a Dead Scene a été composé par la joyeuse troupe native d’Eureka des fois ?
Bordel, c’est agité ce truc ! Et noisy aussi : largement de quoi égratigner les oreilles ingénues. Mais diable : d’où sortent ces lignes de chant poppy fredonnées par des chœurs féminins éthérés ? Et quelle est cette parenthèse tremblotante, à 1:36, flottant librement dans un éther Electro-Pop ? Et comment se fait-il donc que je me dandine, alors que les guitares me râpent âprement la carotte et que des flopées de postillons acides me brûlent les muqueuses auriculaires ?
Elémentaire mon cher lapin : il y a anguille Nawak sous roche barbelée !
Arf, je saute à pieds joints dans le vif du sujet comme un para' tchétchène sur Bakhmout… Alors que, diable, n'aurait-on pas oublié de faire les présentations ? Alors voilà : Akersborg est un trio au sein duquel la seule tête un tant soit peu familière appartient à Tobias Ørnes, qui a déjà fait crépiter ses baguettes pour le compte d’Ihsahn et Leprous. Et si l’on connait moins le bassiste Togga Frech et le guitariste / claviériste / chanteur Dag von Krogh Bunkholt, on connait en revanche plus la floppée d’artistes qui vient aider ce dernier derrière le micro – ou du moins certains d’entre eux : Macief Ofstadt de Kvelertak, Agnete Kjølsrud d’Animal Alpha / Djerv, et Uggi Mane de Beaten To Death / She Said Destroy. Allez, encore un petit mot sur le titre « Feelantropicoco » : ce mot-tiroir est censé évoquer la succession des posts s’enchaînant sans transition sous l'impulsion des zombies que nous sommes devenus, swipant sans fin et sans but sur ces réseaux qui se prétendent malhonnêtement sociaux.
Là. Maintenant que les cartes de visite ont été échangées, revenons à nos -tons, qui n’ont ici rien de mous.
Alors non, Akersborg ne fait clairement pas dans le Funk Metal / Salsa / Nawak Thrashcore. Le créneau de ce trio norvégien consiste plutôt en un mélange Noise / Pop / Mathcore / Punk-Hardcore perché, qui pourra rappeler le Ultrapop de The Armed (ce rapprochement judicieux étant à mettre à l’actif d’un collègue d’Eklektik), quoiqu’en plus nawakement accrocheur – pour ce que j’ai pu entendre de ce dernier. Mais à vrai dire le mélange ne se cantonne pas qu’à ces éléments. Car du Black nous malmène sur « Dags Marina ». Une sorte de New Wave punky nous fait danser sur « Et Jävla Liv Vi Lever » (on pense fugacement à Mindless Self Indulgence). Sans parler de toutes ces inclusions plus ou moins bien identifiées qui rappellent les expérimentations du grand Mike Patton. On pense souvent à TDEP dans ce qu’il a fait de plus Pop, aux excès hystéro de Melt-Banana, mais aussi – oui, je vous balance tout le bestiaire – à Polkadot Cadaver sur les parties les plus psychologiquement tourmentées de « Never Ever Nothing ». Ou encore à Kong, sur « Pit Reflections ». Et là je fais une pause, car ce morceau mérite qu’on s’arrête plus longuement sur son cas. En effet, celui-ci est de ces petits bijoux qui font naître les grandes histoires d’amour musicales. Débutant sur des spoken words particulièrement habités qui apportent à l'ensemble une dimension quasi-cinématographique (le texte énoncé constitue les premiers pas dans le Hunger de Knut Hamsun), le morceau se laisse progressivement submerger par une monumentale vague métallique, celle-ci rappelant ce que pourrait produire un Kong (encore lui) si celui-ci avait été missionné par un dieu mécanique pour mettre au pas une humanité en perdition. On regrette d’ailleurs que des apartés décalés mais moins convaincants viennent diluer le propos sur la deuxième mi-temps du titre.
De très bonnes choses, donc, sur ce premier album. Parmi lesquelles « Pit Reflections », « Et Jävla Liv Vi Lever », « Breaking Out Of The Odessey », « Dags Marina » (c’est bête, je sais, mais j’adore ce passage où la mélodie principale retentit pendant quelques instants au sein d’un bocal à poissons)… Un peu toute la tracklist, en fait. Alors c’est vrai, les interludes « 2100 » et « Break » n’ont pas une utilité affolante. Et puis « She’s Such a Burden » fait un peu trop dans le cocktail bordélico-affreux-jojo – malgré quelques passages vraiment kiffants, dont ce refrain tout mignon, quoique court.
Au final ce bébé discographique s'avère franchement mignon, giron, souriant, prometteur, séducteur même, bien qu’il bave et qu’il nous tire les cheveux dès qu’on passe à proximité.
De bonnes fées se sont manifestement penchées sur son cas.
On a donc logiquement sacrément hâte de le voir grandir !
La chronique, version courte : Feelantropicoco ne se contente pas d’avoir un titre aussi malin que fun : il offre de plus un mélange particulièrement affuté de Noise, de Pop, de Mathcore et de Punk-Hardcore perché. Expérimentant sans se perdre, égratignant et séduisant dans le même mouvement, ce premier album d’Akersborg est ce qui se rapproche le plus de ce que pourrait être la Nawak Chaotic Noise Pop si celle-ci existait.
5 COMMENTAIRES
Crom-Cruach le 22/01/2024 à 18:36:00
J'ai failli vomir mes diots au vin blanc quand j'ai vu le style décrit mais c'est à peu près ça, en effet. Et effectivement, ça tient pas mal la route contre toute attente. Je remballe donc mon venin car la vache, c'est pas mal.
cglaume le 22/01/2024 à 19:04:20
❤️
cglaume le 22/01/2024 à 19:06:03
(je ne pensais clairement pas avoir ta validation... !! 😅)
noideaforid le 23/01/2024 à 20:40:28
Et bien ca passe crème! Y a un côté botch qui me plaît bien et vu le rapprochement avec polkadot ça m'a rappelé aussi tub ring. Chaotic mais quand même bien accessible ils sont forts !
Ps : depuis quelques chroniques Crom-cruach commence à avoir une petite vibe nawak. Ça en devient touchant 😉
cglaume le 23/01/2024 à 22:09:57
Il songe à se faire rebaptiser Crom Nawak 😁
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