Al-namrood - Diaji Al Joor

Chronique CD album (39:39)

chronique Al-namrood - Diaji Al Joor

Jouer du black-metal, la musique de Sheitan par excellence, en Arabie Saoudite, le pays du Wahhabisme, qui plus est chanté dans la langue du prophète, relève presque du suicide. Même se balader déguisé en Oncle Sam devant le Kremlin sous les fenêtres de Poutine doit être moins dangereux. Comme quoi, la passion pour la musique peut être plus forte que le mort. Le trio brave encore une fois les censeurs de la police morale saoudienne pour nous livrer un cinquième opus via le label Shaytan Productions qui, lui aussi, doit prendre un sacré risque. On retrouve là l'esprit, la quintessence du BM, qui ne doit pas être une musique facile, mais jouée le majeur tendu vers l'ordre moral, intellectuel et religieux établi. Une démarche courageuse saluée à la sortie du précédent album par the Guardian.

 

Musicalement, on a affaire à un metal vaguement extrême soutenu par de nombreux instruments traditionnels moyen-orientaux, avec un chant saturé et hurlé. Pour résumer, on pourrait dire qu'on a un cousin de la péninsule arabique de Therion, pour cette manière d'incorporer les orchestrations : de gros riffs mid-tempo (joués sur des guitares accordées à l'occidentale) mixés à des oud, ney, qanun et darbuka... dans des tonalités orientales. Les vocaux, assurés par un nouveau chanteur, sont le point noir de cet album. Ils manquent d'assurance et de hargne et le vocaliste a tendance à vouloir trop en faire, en sur-jouant ses parties. De plus, il est placé en avant dans le mix, ce qui n'arrange rien. Je ne pense pas que cela provienne du fait que les paroles soient en arabe, ce qui donne clairement des sonorités dont nos oreilles d'européens n'ont pas forcément l'habitude, mais d'un manque de technique et de pratique.

 

La production n'est pas au top, mais au regard des conditions qui ont dû présider à l'enregistrement du disque, le résultat est tout à fait honorable, et pour un album de black, de l'imprécision et de la crasse au niveau du son ne font pas réellement de mal. Autant mon éminent collègue Cobra s'était transformé en Taïpan et avait été charmé par l'écoute de Kitab Al Awthan, sorti en 2012, autant, personnellement l'écoute de Diaji Al Joor le laisse de marbre. Et ce n'est pas faute d'avoir essayé. Trop de sable dans les oreilles ? Je ne me suis pas senti embarqué comme lui dans « les ruelles d'Ur avant de se faire taquiner par Pazuzu en goguette! ». Je trouve l'inspiration en berne sur les parties « metal », qui tourne à vide et qui sont difficilement rattrapées par les arrangements orientaux. Dans un domaine légèrement différents, je préfère largement ce que propose Orphaned Land, Senmuth ou Arallu.

 

Cependant, je trouve dommage de finir sur une note négative sur cet album qui possède quand même des qualités, en particulier en ce qui concerne les parties traditionnelles, riches et recherchées.

photo de Xuaterc
le 17/02/2016

2 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 17/02/2016 à 10:40:45

Le précédent est bien meilleur.

Xuaterc

Xuaterc le 17/02/2016 à 12:39:33

Il parait. J'y jetterai une oreille un de ces jours

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