Al-namrood - Worship The Degenerate

Malgré presque quinze ans de carrière et une bonne dizaine d’albums, Al-Namrood ne semble pas avoir perdu la rage et la colère qui l’animent depuis ses débuts. Ces derniers, faut-il le rappeler, prennent place en Arabie Saoudite, le groupe, ou devrais-je dire le projet mené par l’énigmatique Mephisto, reste fidèle au pays qui l'a vu naître. C’est toujours soutenu par le très actif et efficace label canadien Shaytan Productions qu’est publié aujourd’hui Worship The Degenerate aux allures d’EP avec ses six titres et vingt-six minutes.

C’est presque devenu une tradition chez Al-Namrood, à chaque nouvelle sortie, il accueille un nouveau vocaliste; Artiya'il, qui œuvre dans un registre purement BM sans concessions succède à Humbaba. La production est particulièrement éprouvante, mettant en exergue les guitares, qui sonnent très stridentes, ce qui, de manière assez évidente, renforce leur caractère agressif mais rend en même temps l’ensemble plus difficile à écouter, même pour un amateur de musiques extrêmes. Toujours « Bancal, irritant, imparfait mais indispensable comme groupe » (pour reprendre les mots d’un vénérable sage), la musique reste une déflagration au nez et à la barbe (sans mauvais jeu de mots, c’est pas mon style) de tenant de la prétendue bien-pensance.

Poursuivant sur la voie ouverte sur Wala'at, les saoudiens dépouillent encore plus leur Black Metal de ses éléments folkloriques qui deviennent largement minoritaires au profit d'une énergie et d’un je-m’en-foutisme punkisants. Pour conséquence, Al-Namrood, aidé par le boulot époustouflant de son nouveau chanteur, nous offre une œuvre d’une rare intensité, construite autour du concept de l’infériorité et de la supériorité, en s’appuyant sur les travaux d’Alfred Adler.

Xuaterc

le 26/12/2022