Alma - Time's Running Out

C’est passé vite 2021…Trop vite…Je sais qu’on est déjà en mars 2022 mais faut dire qu’en 2021, plus les jours défilaient, plus la liste des excellentes sorties de l’année à chroniquer gagnait en masse. Il y aura eu bien des sacrifiés sur l’autel des remis à plus tard et parmi eux, malheureusement, il y aura eu Alma, un groupe tourangeau formé en 2015. Malheureusement car, et je ne vais pas y aller par quatre itinéraires bis : Alma aurait largement eu sa place dans mon top 2021, pas une place acquise au forceps: une évidence ordinale.

Pour commencer,Alma a fait les choses dans le bon ordre, enfin le bon ordre…disons celui qu’il y avait avant Internet, les réseaux sociaux et les plateformes de streaming. Parce que les 4 compères, après 4 ans à écumer les salles et se produire en live, ont enfin décidé d’aller en studio début 2020 pour coucher leurs titres. En résulte un vrai beau premier album, direct, sans passer par la case du single, de l’EP, sans communication aussi pléthorique qu’inintéressante sur les réseaux sociaux. Alma est plutôt allé se frotter à la scène, y a confronté ses morceaux, les a peut-être raffinés et les a sûrement rodés. Du coup, Alma débarque et pas les mains vides: ils ont ramené du lourd, du gras pour tabasser à profusion. Parce qu’Alma, c’est de la grosse Berta chargée jusqu’à la gueule qui t’envoie en plein face du hardcore qui va aussi mosher du côté du métal ou du thrash, influencé par des groupes tels que Strife, Madball, Terror, Kickback ou Slayer. De belles références et qui ne sont foutre pas volées, plus que ça : Alma hérite dignement de ces références là où d’autres en ont seulement le mérite. On trouve donc le côté bien punk de Strife, le côté hyper fédérateur de Madball, le côté violent assumé de Kickback et la puissance de Slayer, le tout dosé parfaitement dans cet album qui sonne comme une espèce de superbe tribute à ces superbes groupes et à toute cette superbe époque où il n’y avait qu’eux. Et ce n’est pas ce débordement palpables d’influences qui rend la musique d'Alma moins efficace, plus ennuyeuse ou moins originale. Au contraire, Alma fait mouche à tous les coups. Aucune faute de goût, aucun mauvais travers, du basique qui marche à tous les coups, du solide car construit comme une immuable et massive gifle musicale. C’est bon, on en redemande, on y retourne et on se rend compte que Time’s Running Out, comme son nom ne l’indique pas, a une durée de vie infinie.

Côte voix, ça envoie du postiflards acides et gorgés d’énergie au travers d’un flow bien haché, bien scandé mais qui ne manque pas de pousser, avec maîtrise, des notes tenues à l’occasion. De la bonne claque qui réveille. On sent évidemment l’influence des pairs mais on sent surtout la grosse maîtrise. Les textes sont engagés, contestataires, classiques dans les thèmes abordés (société de consommation, valeurs morales, hardcore pride, etc) mais pas avare de développement et d’explications. En tout cas, ils s’appuient aussi bien de l’instru que l’instru s’appuie sur eux. De ce côté, le riffing est ultra efficace, parfois très groovy et appuyé, parfois thrash cathartique (oui, oui, dans le sens "qui purge"). Ici, le lead n’existe pas, la rythmique prend tout l’espace, haletante mais jamais essoufflée, elle n’en perd pas une miette et l’auditeur non plus. Toujours servie par un son très droit avec ce petit côté dégoulinant du hardcore, c’est juteux et… c’est le gros kiff.

Ajoutez à ça, une gestion de la panoramique typique des productions hardcore/thrash des années 90, une section basse/batterie pareil à une machine a dérouler du skank, de la double, du half-feel bien groovy…Alors, ce n’est pas parfait (les guitares sont un poil écrasées parfois), ni vraiment moderne, ni vraiment old-school mais l’ensemble a une patine qui convient parfaitement et qui vous emmènera au paradis des mosheux. Alma est une très belle découverte, une petite pépite que je vous invite à déterrer rapidement car tout aussi underground qu’ils sont dans l’esprit, dans le son, dans l’approche, avec Time's Running Out, ils méritent amplement de la reconnaissance.

On aime bien : l’esprit et la production qui rappelle une époque, l’énergie ahurissante, l’efficacité et la maîtrise

On aime moins : rien, même la pochette est plutôt sympa même si elle dénote de l’ambiance de l’album

8oris

le 18/03/2022