Sodom - 40 Years at War - The Greatest Hell of Sodom

Chronique CD album (1:06:06)

chronique Sodom - 40 Years at War - The Greatest Hell of Sodom

 

« … Allez, on fait chauffer la boîte à neurones que diable ! On n'a toujours pas trouvé la moindre idée valable pour fêter ces 40 ans, crénom...

- Une compilation ?

- Bravo, ça c'est de l'idée originale ! Hé, réveille-toi Yorck : on l'a déjà fait pour les 30 ans !

- On ressort de vieilles démos introuvables ?

- OK, tu n'étais pas là à l'époque Francky, mais Demonized, sorti il y a 5 ans, c'était quoi à ton avis ? Rien d'autre que les démos Witching Metal et Victims of Death...

- Ou alors on réenregistre complètement un vieil album avec de bonnes compos mais souffrant d'une prod' épouvantable ?

- … genre In The Sign of Evil ?

- C'est à lui que je pensais oui !

- Je crois qu'on ne s'est jamais fait autant étriper qu'après avoir mis The Final Sign of Evil en boîte... Oui, Toni ?

- Et si on demandait à des groupes établis ouvertement fans de Sodom de reprendre des morceaux de notre répertoire ?

- Toi tu n'as jamais mis les pattes sur la version Deluxe de Code Red : c'est exactement ce qu'on a fait sur le 2e CD, Homage to the Gods. 'y avait du beau monde d'ailleurs : Brutal Truth, Krisiun, Impaled Nazarene, Dark Funeral...

- Moi je sais : vous faites un split avec Nanowar of Steel intitulé Ausgebukkaket, ou Better Off Your Ass !

- Scheisse, qui a laissé ce lapin jaune rentrer ici ? »

 

C'est que ça a dû brainstormer dur dans le bunker de Steamhammer afin d'imaginer un produit digne de célébrer les 40 ans du groupe sans pour autant trop sentir le réchauffé ! Parce qu'ils ont déjà sorti un peu tout ce qu'il est humainement possible de sortir pour un groupe depuis le temps qu'ils sont dans le circuit ! Au final, c'est en combinant plusieurs des possibilités évoqués pendant ce prélude imaginaire qu'un petit malin a trouvé la solution : sortir une compilation de titres réenregistrés, un par album, en partant de In The Sign of Evil et en allant jusqu'à Genesis XIX. Mais attention hein, pas avec des tubes déjà entendus mille fois : non, ce coup-ci on mettra l'accent sur des titres peu joués, voire des raretés. Ça aura en plus l'avantage de déboucher sur une tournée lors de laquelle les fans auront l'occasion d'entendre des titres jamais, ou quasi-jamais interprétés live (… tu le sens venir, en 2023, le CD 40 Years of War on Stages... ?).

 

C'est donc de ça dont il s'agit sur 40 Years at War – disque qui trompe d'ailleurs un peu son monde avec ce sous-titre The Greatest Hell of Sodom suggérant un best of alors qu'il n'en est rien... Oui, je sais : avec Sodom, quand on parle de réenregistrement, on se remémore The Final Sign of Evil. On a donc assez peu envie d'y tremper l'oreille. Sauf que cette fois les Allemands ont franchement corrigé le tir : les versions 2022 des titres choisis réussissent l'exploit de ne pas trahir l'esprit des originaux tout en offrant à chacun d'eux une production de qualité égale, à la fois énorme et granuleuse. Celle-ci pose un décor aux dimensions hollywoodiennes dans lequel on assiste à une guerre sale où l'artillerie est lourde et la violence aveugle, la pellicule restant invariablement maculée aux entournures par les fluides des victimes. Le ravalement profite évidemment en priorité aux titres les plus anciens : disparus les échos fluets sentant le garage, les fréquences saturant dans les aigus, les caisses claires en carton... Les décors du Mordor sont dorénavant crédibles ! Alors évidemment, on y perd en « authenticité », en sauvagerie primale, en ce côté mité et malsain qui met mal à l'aise et constitue le socle sur lequel des films comme The Blairwitch Project basent leur crédibilitéet qui a bien sûr inspiré des générations de groupes de Trve Black ne jurant que pas des prods voilées dégueulasses. N'empêche, à présent on a vraiment envie d'écouter et réécouter un titre comme « After the Deluge », alors que bon, la version d'origine...

 

Alors c'est clair, proposer le réeregistrement de morceaux « mineurs » extraits d'albums tièdes, ça fait assez peu rêver. Et d'ailleurs on aurait pu faire sans « Caligula » (Decision Day), « That's What An Unknown Killer Diairized » (Til Death Do Us Part) et surtout sans le morne « Gathering of Minds » (Masquerad in Blood). C'est sûr, apporter une enveloppe sonore nouvelle à des compos sorties de studio dans les années post-2000, ça ne change pas incroyablement la donne. Et évidemment, revisiter des titres qui font partie intégrante de notre panthéon personnel, il y a des chances que ça consiste juste à limiter la casse. Et pourtant il faut reconnaître que Tom Angelripper et ses boys ont réussi à ne rien abîmer. Tout juste regretterais-je à titre personnel que la basse soit trop peu audible sur « Baptism of Fire » (Agent Orange), que des petits détails disparaissent sur « Better Off Dead » (les échos aspirés sur les voix énumérant « Terror, hate, murder, rape », le fade out stéréo final...), et que le niveau d'acidité ait légèrement diminué sur la nouvelle version d'« Electrocution » (Persecution Mania)... Mais globalement, il faut être beau joueur : oncle Tom a carrément bien bossé. Quel plaisir de réécouter une tuerie comme « Body Parts » (je peux vous dire que Tapping The Vein a tourné à nouveau depuis), de redécouvrir que le plutôt décevant Code Red comportait de belles petites tueries comme « Book Burning », et que le vite oublié Epitome of Torture contenait lui aussi son lot de skeuds bien létaux (méchamment efficace ce « S.O.D.O.M. » !).

 

On n'est pas naïfs : on sait pertinemment que ce genre d'événement est surtout destiné à traire les fans les plus inconditionnels. D'ailleurs je n'ose imaginer le prix qui va être pratiqué (… Google me souffle à l'oreille "75 euros sans les frais de port") pour acquérir la version contenant, outre ce CD sous forme digipack, le même matériel proposé en double vinyle, et également en cassette – aggrémenté sur ce support du titre « Equinox », qui figurait sur la 2e édition de Obsessed By Cruelty. D'autant que ce n'est pas fini : outre un livre de 72 pages contenant des photos et témoignages en tous genres, des autocollants, ainsi que des posters pour décorer la buanderie de Mamie, on y trouve également un EP 4 titres contenant des vieux titres extraits des premières démos (sont-ils réenregistrés, proposés live ou en version Reggae – aucune idée, je n'ai pas eu l'heur des les écouter) plus le morceau « 1982 », sorti cet été – du Sodom classique, nostalgique, qui traîne un peu la patte au début mais évite les quolibets grâce à une accélération syndicale au bout de 2 minutes et demie. Je suppose que les plus fétichistes n'hésiteront pas à entailler leur PEL pour ce genre de pochette surprise ! De ce côté du clavier on se contentera de conseiller aux « fans par intermitence » du groupe d'écouter ces 17 titres pour vérifier s'ils n'auraient pas oublié trop longtemps certains albums au fond de leurs tiroirs, ou s'ils n'en auraient pas boudé d'autres pour de mauvaises raisons. À bon entendeur...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: 40 ans, les noces d'émeraude... Et pour l'occasion Tom Angelripper nous offre un voyage dans la discographie de son bébé, de In The Sign of Evil jusqu'à Genesis XIX, via des réenregistrements de titres qui n'ont jamais bénéficié d'une grosse exposition. Et contre toute attente, l'entreprise est plutôt réussie, l'ensemble étant franchement costaud, pas aussi artificiel qu'on pouvait le craindre, respectueux des interprétations originelles, et vecteur de redécouvertes heureuses. 40 ans, un bel âge, donc, pour se remettre à la Sodomania !

 

 

 

photo de Cglaume
le 28/10/2022

1 COMMENTAIRE

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 28/10/2022 à 18:02:46

J'attendais un track by track. Je suis déception. :)

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