Amogh Symphony - Vectorscan

Chronique CD album (53:31)

chronique Amogh Symphony - Vectorscan

C’est une blague. Forcément c’est une blague. Dès le prochain morceau, les mecs vont lâcher un prout, puis les chiens, et on retrouvera enfin ce djent technique et futuriste qui nous avait fait bicher sur The Quantum Hack Code.

 

...Non?

 

Sans déconner, c’est sûr, il y a un truc. A la mi-album, Marcel Béliveau va sortir de sa boîte, nous annoncer que cette 1e moitié d’album a été financée par « Surprise Surprise », nous promettre une 2nde moitié qui déboite tout en nous confiant le code qui nous permettra de télécharger gratuitement la vraie 1e partie de Vectorscan

 

...Putain, non?

 

Arf, c’est pas vrai… Si on se laissait aller à l’amertume, on aurait presque envie de se transformer en djihadiste défenseur de la rectitude musicale pour aller fusiller jusque-dans-les-chiottes ceux qui "abusent ainsi" de la liberté d’expression artistique. Mais bon, comme on est Charlie on va reprendre nos esprits, et tenter (difficilement) de dépassionner le débat. Allez, procédons méthodiquement:

 

Fait 1: The Quantum Hack Code – le précédent album des indo-américains (… enfin: indo-russo-américains dorénavant) d’Amogh Symphony – contenait certes un peu trop de parties narrativo-blabla-esques, mais c’était quand même un putain d’album bien costaud. Une sorte de Cybion projeté dans l’univers du djent – aurions-nous même envie de dire, tout en toutes-proportions-gardant. Bref, le prochain album promettait de faire du bruit.

Réflexion préliminaire au Fait 2: ...Ah ça pour faire du bruit, il va en faire, du bruit!

Fait 2: Vectorscan – le 3e et nouvel album du groupe – est un long délire autiste décousu le long duquel le trio ne se prive pas d’expérimenter un mélange indigent de folklore indien, d’impros jazzy anesthésiantes, d’orchestrations spectrales, d’électro veloutée et de rares retours en terres djent / math-. Et tout ça d’évoquer tour à tour l’univers intérieur d’un trépané en état végétatif avancé, un bad trip vécu sur canapé douteux de club privé pour opiomanes désœuvrés, et par-dessus tout un petit plaisir égoïste de musiciens talentueux ayant abusé du branlage de nouille au fond de leurs home studios respectifs.

 

…Putain les gars, c'est vrai quoi: sortez, allez voir des concerts, buvez une bière ou 2 avec des potes dans un vrai bar! Ça vous aidera à remettre de la sueur, des sentiments et du sens au sein de vos compos!

 

Elle est peu épaisse, mais il y a quand même une face moins « sombre » à cet opus. C’est que, comme sur cet autre ego trip qu’est Need The Needle de T / M / K, on retrouve de loin en loin sur Vectorscan quelques mini-pépites enfouies au milieu des bâillements exaspérés. Comme « Maatir… Pt. 1 » qui se révèle être un bon petit morceau de piano rock particulièrement enlevé. Ou à 3:00 sur « Weather Report… », quand le morceau oblique vers ce qui ressemble à s’y méprendre à une BO de film français des années 80s, entre « La Boum » et « Amélie Poulain » (80s?), l’accordéon en prime. A 4:30 sur « Mayamohey… » on retrouvera avec plaisir une courte salve de djent habilement désarticulé et enrobé d’échos exotiques, alors qu’à la fin de « 1289… » on s’abandonnera avec plaisir à de doux gratouillis acoustiques qui pansent provisoirement nos plaies de fans meurtris.

 

Mais, bien qu’incomplète, arrêtons là cette quête futile de miettes de truffe dans l’océan de potage à l’endive qu’est VectorScan. Vous aimez passer 3 heures à regarder un point bleu sur une toile verte de 12 mètres sur 4? Vous vous écoutez régulièrement en Dolby Surround votre collection d’enregistrements sonores de boulons tombant sur des plaques de zinc? Vous trouvez que la traite des vaches normandes filmée en un plan-séquence tremblotant de 3h12 peut faire un long métrage susceptible de remporter de pleines brassées de récompenses internationales? Dans ce cas la démarche artistique sous-tendant Vectorscan peut vous parler. Maintenant si vous voulez écouter de la musique chiadée, prometteuse, incisive, musclée, écoutez plutôt The Quantum Hack Code, et imaginez ce qu’aurait pu donner sa suite logique, agrémentée de 4 années de maturation supplémentaire…

... Et pleurez!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courteVectorscan est un mélange invertébré et indigeste d’impros jazzy, de touches exotiques, d’orchestrations brumeuses, de bruissements électro et d’indolence loungy, traversé en de très rares occasions par des poussées djenteuses qui rappellent que – ah tiens, peut-être, oui – c’est bien ce groupe qui, en d’autres lieux, en d’autres temps, avait composé The Quantum Hack Code

photo de Cglaume
le 04/03/2015

2 COMMENTAIRES

pidji

pidji le 04/03/2015 à 10:31:20

Tes chroniques négatives me font bien rire en tout cas ^^

cglaume

cglaume le 04/03/2015 à 11:10:01

:D

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