Argile - Spleen Angel

Chronique CD album (1:17:22)

chronique Argile - Spleen Angel

Rares sont les metalheads français, surtout ceux avec au moins la quarantaine au compteur, qui n’ont pas un lien, plus ou moins distendu, une connexion, plus ou moins vivace, avec Misanthrope. Pour ma part, ce serait avec l’album de l’an 2000, le Recueil d’écueils, spécialement avec le titre "Roman Noir", ainsi qu’avec un concert qui s’est tenu l’année suivante, en octobre, à la salle bordelaise du Koslow, où Misanthrope était accompagné des Finlandais de Yearning et de Gloomy Grim. Roooh Gloooooooooomy Grim ! Et puis, le Black Metal me submergeant et captant une grosse partie de mon attention, p’us grand-chose… J’ai même ghosté le side-project de ce quartet, pourtant déployé sur trois décennies : Argile. Cette « épopée épique, macabre et héroïque » née en 1994 et mise en branle par les quatre mêmes musiciens, s’est patiemment construite, autour d’une trilogie entamée en 2002 avec The Monotonous of a Monologue, poursuivie en 2010 avec Monumental Monolith et brillamment clôturée l’année dernière avec Spleen Angel. Cette trilogie introspective et initiatique explore « l’angoisse existentielle et le néant d’une vie de ténèbres ».

 

Notre Philippe Courtois de l’Argilière national ne tarit pas de propos laudatifs au sujet de ce « Grand Final », puisque cette dernière pièce sortie suite à 12 ans de gestation et 3 années de studio est présentée comme « l’aboutissement artistique d’une vie pour le Metal Extreme en France ». Jean-Jacques Moréac plussoie largement : « Il s’est passé quelque chose de vraiment unique et surnaturel lors de la composition et de l’enregistrement de notre Spleen Angel ». Rien que cela me diriez-vous ? Je dois bien admettre que ce Spleen Angel est un aboutissement narratif et musical (et même vocal) tout à fait convaincant, alors même qu’il est difficile d’en dégager une marque stylistique, tant les directions empruntées sont variées : Death Metal ? Évidemment ! Doom ? Très présent ! Heavy ? Forcément ! Vous vous délecterez de la fin lourde et cryptique de "Resurrection of the Flesh", en même temps que vous apprécierez sans nul doute la qualité du mélange Death/Doom/Heavy sur "BlueWine (Lips of Doom)". Et le Black ? Eh bien oui, également ("Zephyr Penitent", "Maldoror") !

 

En fait, les cloisons tombent les unes après les autres, comme chez d’autres groupes illustres, chers à ces quatre coreligionnaires avant-gardistes (Celtic Frost). La très longue durée de cet opus, qui frôle les 80 minutes, semblent propices au dépassement de soi et à la hardiesse musicale. Certains choix pourront être discutés, par exemple sur le très electro "Macabrïeta" ou sur le face-à-face cinématique, entre une voix tout en maitrise, celle de Philippe Courtois et une orchestration, fine et éthérée, celle de Pierre Le Pape (Seth), sur "Spectrum Symphony". Le premier m’a peu convaincu, le second bien davantage ! Mais ses prises de risque, que l’on peut à nouveau capter sur la balade musclée "Scorpion’s Bites", sur l’insertion de chorales dans le morceau "Momentum of Regret" ou encore sur l’intro planante et dysthymique "Mineral StyxMata"*, achèvent de donner une certaine finesse, une élégance à cet album, une élégance toute baroque.

 

« Mon Grand Œuvre » s’enthousiasmait Philippe Courtois à la sortie de Spleen Angel !

Il a raison : cet acte final prend les traits d’une expérience auditive singulière et exigeante, audacieuse et buissonnante. 

Chapeau Argile !

 

 

 

* titre placé en outro sur la version en streaming

 

 

 

 

 

photo de Seisachtheion
le 06/02/2025

3 COMMENTAIRES

Xuaterc

Xuaterc le 06/02/2025 à 14:07:05

Je suis content que tu l'aies chroniqué, un album majeur.
Je me souviens voir vu Misanthrope en show-case à la Fnac de Nantes, je ne sais plus en quelle année c'était... Parce j'avais adoré, et j'adore toujours Visionnaire

cglaume

cglaume le 06/02/2025 à 15:59:34

Et sinon Happy 200e chro !!!! 🤘

Black Comedon

Black Comedon le 07/02/2025 à 11:42:58

J'adore ces mecs, leur zic est unique, transpirent la passion sans se prendre la tête et sont vraiment abordables en concert. J'ai l'impression que tout est fait en fonction de leurs envies car de toute façon la fanbase sera au rendez vous.
Un nouvel EP de Misanthrope annoncé, un mail d'Holy, on paye, on attend, on est ravie.
J'ai évidemment adoré cet album, à la fois dense et aéré, classique (pour du Argile / Misanthrope) et détonnant.
Merci pour cette chronique, car sorti en avril, je l'ai poncé et puis je suis passé à autre chose, toujours à essayer de découvrir des nouveautés, alors qu'il était là, je ne l'ai même pas considéré un seul instant dans mon top 2024, j'ai honte pardon à vous, je ne suis pas digne, je ne mérite pas.
A voir (Misanthrope) le 10 mai dans le pas de calais.

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