At The Hollow - What I Hold Most Dear

Chronique CD album (44:36)

chronique At The Hollow - What I Hold Most Dear

Je me fais avoir à tous les coups. Comme les mômes hypnotisés par les couleurs chatoyantes et l’aura mystérieuse des pochettes surprises – qui ne contiennent pourtant rien qu’un autocollant Mickey ou une ‘tuture en plastoc fabriquée par un petit Bangladais –, à chaque fois que me passe sous la truffe l’un de ces CDs promos enluminés de l’étiquette « Metal expérimental », bien que je sois quasi-sûr d’être déçu, je plonge.

 

Et PLOUF, le cglaume de se fader donc 3 quarts d’heures de post-rock grungy, émo-nunuche, dont la particularité – parce qu’il faut bien justifier le côté « expérimental » – tient dans l’utilisation régulière d’une contrebasse. Whouawh, le top des avant-postes de la R&D en musicologie exploratoire! Et si vous n’êtes pas impressionnés par autant d’audace, sachez que le batteur, de son côté, apporte une touche Vava-vavoum qui décoiffe à coup de petits roulements de fanfare militaire et de divers gouzi-gouzis féerico-percussifs…

 

Délire!

 

Bon, on va quand même abandonner ce registre « vil moqueur » pour rester dans le factuel. D’autant que – bien que les douceurs humectées d’eau de rose froide et sucrée ne soient pas franchement ma tasse de thé – il faut reconnaître que What I Hold Most Dear, le 1er album des finlandais de At The Hollow, possède de véritables atouts pour séduire les foules romantico-rêveuses. Parce que, même si perçue à travers le prisme d’un fan de Mr Bungle et d’Entombed, elle semble trop souvent geignarde, inoffensive et exagérément délicate, le fait est que la voix de Kalle sait également toucher, et planter de froids stalactites juste là où il faut dans la mélancolie ambiante. Et bien que « Dead Memories » nous anesthésie au cours de 3 minutes d’une extrême neurasthénie, et qu’arrivé à « Last Hour », puis à « Watch & Learn » on en ait notre claque de ces sombres confidences et de ces légers accords d’une guitare avançant sur la pointe des pieds, il faut quand même reconnaitre que de loin en loin, le groupe réussit à faire mouche. Parce que « Was It Worth It » est un agréable souffle de vent frais sur notre nuque, parce que le début d’« Otherside » tisse un impressionnant tamis de fil de fer contrebassique, et parce que « Withered Speech » serait un véritable hit programmé sur une bande FM spécialisée en soirées au coin du feu. De même « Numbed » illuminera vos noëls aux sports d’hiver de son doux clignotement guitaristique, tandis que « Let’s Eat Them » vous abandonnera avec votre réservoir rechargé à bloc en optimisme léger et en améliepoulaineries scintillantes.

 

Alors si votre chéri(e) aime les câlins-réconciliations devant la cheminée, nus sous de grands pulls, la larme séchée sur la joue, le tout accompagné d’une bonne bouteille de blanc fruité mais charnu, offrez-lui What I Hold Most Dear: ça le/la rendra même sûrement plus entreprenant(e) que de coutume! Si par contre vous préférez les soirées Roteuse, Cotte de mailles & No future – en compagnie de Crom-Cruach ou de l’un de ses congénères crêtu et tatoué, évitez le skeud à tout prix: ce serait une déclaration de guerre sans contestation possible…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: douces mélopées de guitare timide, confessions plaintives et délicates, contrebasse et batterie de velours: avec At The Hollow vous allez sombrer dans une douce mélancolie finlandaise sans aspérité ni risque de lésion du tympan. Alors affreusement gnangnan ou suavement caressant? Tout est question de sensibilité. L’album est riche et habilement décalé, mais il reste en équilibre précaire sur une pente glissante qui mène loin et profond dans les bras de Morphée…

photo de Cglaume
le 12/03/2015

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