Audiomachy - Holofracture

Chronique CD album (44:59)

chronique Audiomachy - Holofracture

Sur CoreAndCo, les zinzins, on adore. On en a même quelques beaux spécimens dans la team. Alors forcément, quand on est tombé sur Audiomachy au hasard de pérégrinations bandcampiennes, on s’est soudainement figé, tel le chien d’arrêt flairant un perdreau. Et on peut dire que notre truffe ne nous a pas trompé tant le dossier de ces Australiens est bougrement chargé. Mais livrons céans quelques preuves de nos allégations :

- admirez la photo du groupe pour commencer… Vous ne remarquez rien ? Il s’agit d’un duo. Si si, regardez mieux

- côté tracklist, c’est un vrai bonheur. Chaque titre est une blagounette à lui tout seul. Comme « 10 This Song Is Called Go To 10 », la dixième piste, clin d’œil « boucle infinie » aux informaticiens. Ou « There's No I In Socket » qui veut dire non seulement « Il n’y a pas d’œil dans l’orbite », mais également « Il n’y a pas de i dans le mot socket »

- si vous êtes amateurs de concepts à la mords-moi-le-niouf, vous serez ici chez vous. Parce que le titre « πchotomy » est écrit en pilish, ce qui signifie que la taille des mots successifs utilisés au sein des lyrics respecte la valeur des décimales successives du nombre Pi… Carrément, oui ! Et évidemment le texte de « There's No I In Socket » ne contient pas de I – les gus seraient-ils fans de Georges Perec ? Quant aux textes de la 4e piste, ils sont constitués de la traduction Google d’une chronique de leur premier album, parue sur un site polonais…

 

On est d’accord : on tient là une bande de barjots de niveau olympique !

 

Et pourtant non, ce qu’ils nous proposent, musicalement parlant, n’est pas une grosse corne d’abondance Nawak. Il s’agit plutôt d’un mélange Mathcore / Djent / Electro / Glitch particulièrement tumultueux, particulièrement perché, que tout fan de Pop tradi’ qui se respecte considérera comme une odieuse séance de torture auriculaire. Il faut dire que les rythmiques sont particulièrement heurtées, voire désaxées, que le groove pratiqué est généralement difforme, et que le chant est relativement hostile. Ça sent l’admiration sans limite pour Fredrik Thordendal, ainsi que ce genre de démarche qui conduit à confectionner des compos façon "lits en portefeuille". Sans parler d'un amour manifeste pour les bidouillages sonores, les grandes consoles pleines de boutons, et autres expériences de savant fou-rat de studio. Pas étonnant, donc, qu'au terme de ces trois quarts d’heure, quand on jette un coup d’œil à la liste des noms griffonnés au bas de nos notes, on y trouve Necropod, Animals As Leaders, Whourkr, Igorrr, et surtout MESHUGGAH, les maîtres de l’équation musicale à N variables en espace non euclidien.

 

Alors on ne vous cache pas que suivre le propos d’Audiomachy du début à la fin d’Holofracture est relativement fatiguant. Épuisant même. Mais vraiment gratifiant quand on voit enfin la lumière. Ou – du moins – qu’on tombe sur certaines de ces incongruités savoureuses, certains de ces moments de grâce totalement inconcevables en dehors de ce genre de création extra-terrestre. Telle la fin Electro-martiale grandiose de « Primaudial ». Telles les vastes divagations Electro-Djent apparaissant aux deux tiers de « I Feel [sic] ». Ou tel le passage presque bunglien réservé par « There's No I In Socket », à 1:33, lorsque de l’Americana sépia s’invite au milieu des spasmes électroïdes. Sans parler de toutes ces mosheries savoureuses, truffées d’éléments tantôt Dubstep, tantôt Breakcore, tantôt EBM, qui permettent de s’abandonner de courts instants à l’appel de la boule à facettes.

 

Pas de doute, ces zigotos maîtrisent la science instrumentale aussi bien que cette discipline qui consiste à balancer de violentes décharges électriques là où nos terminaisons nerveuses sont les plus sensibles. Alors évidemment, ça pique. Évidemment, ça s’agite. Évidemment, ça use. Mais comme après une séance de SM idéalement dosée, sans intention de nuire ni ablation d’organes vitaux, l’auditeur ressort tout excité, le système nerveux frétillant, avec le sentiment d’avoir vécu l’une de ces aventures qu’on ne réitérerait pas tous les jours, mais qu’on serait triste de ne plus pouvoir du tout revivre.

 

D’ailleurs, et vous : depuis combien de temps ne vous a-t-on pas remué ainsi la pulpe ? Parce que ce serait justement l’occasion, là…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : les expérimentations Mathcore / Electro / Djent / Glitch farfelues auxquelles Audiomachy se livre sur Holofracture sont de celles qui vous remuent le système nerveux. La chose est éprouvante, revêche, déstabilisante, excessive, illogique… Et pourtant excitante, enjôleuse, généreuse et même enrichissante. Entre Meshuggah (surtout), Igorrr (souvent) et Necropod, voire Animals As Leaders parfois, ce sacré bon sang d’album n’est pas de ceux qui se laissent écouter tranquillement vautré sur de mornes coussins. Avis à ceux qui sont plus math[amphéta]core que somni-funk...

 

 

photo de Cglaume
le 22/10/2023

4 COMMENTAIRES

8oris

8oris le 22/10/2023 à 11:19:50

Ouhhh miam miam!

Pingouins

Pingouins le 23/10/2023 à 08:22:08

Oh c'est cool ça ! ça ne m'étonne pas non plus de retrouver 8o8o en ce bas de page 😃

8oris

8oris le 23/10/2023 à 13:25:01

Effectivement, c'est très...incongru, inconstant et musicalement incontinent. Et en plus, c'est conséquent, complexe et complètement perché.
On sent que le propos artistique est complet (cf. l'intro de la chronique dans lequel on notera le travail d'investigation du chroniqueur consciencieux) et que les mecs débordent d'idées et pas que musicales en plus. 
Il en ressort plein de bonnes choses, un genre de mezze libanais de qualité mais où le traiteur trolleur aurait mélangé tous les plats dans une grande bassine avant de mélanger le tout à grand coup de pelle à même la table de ses convives.
Parfois, on reconnaît ici le goût d'une feuille de vigne farcie, là celui d'une cuillère de taboulé mais entre ces moments gustativement identifiables, on patauge dans un brouet d'épices et de saveurs qui peuvent conduire à la nausée, nausée dont le nawako-gourmet de bon aloi s'acquittera d'un rapide "rototo" avant d'essuyer promptement ses babines de ses miettes indigestes pour retrouver l'appétit qui plus que jamais vient en mangeant avec ce genre de groupe.
Un ptit mot sur la prod qui n'aide pas non plus dans l'affaire et c'est un peu dommage parce qu'on a plus de plaisir à s'essuyer dans une serviette en coton amidonnée que dans une en papier recyclé.

cglaume

cglaume le 23/10/2023 à 17:56:03

Oh la jolie chronique bis ❤️❤️

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