Structures - None of the above

Chronique CD album (15:00)

chronique Structures - None of the above

Si certains groupes ont des noms assez cryptiques, d'autres donnent assez vite une idée du contenu de leur musique à travers leur patronyme. Necrophagist, par exemple, ou Pig Destroyer, ça ne sonne pas tellement rock prog et musette, tandis que Dragonforce n'ont que peu de risque d'être un groupe anarchopunk. Et bien avec Structures, c'est la même chose : dès la lecture du nom (et d'autant plus si l'on y rajoute le petit / qui va bien au milieu du mot, comme ils aiment à le faire sur leur logo), on sent déjà bien que l'on aura affaire à des compositions assez mouvementées rythmiquement, une calculette à la place du médiator et un auditorat qui pourra aller sucrer les fraises s'il s'attendait à pouvoir faire de la air-batterie-along dès la première écoute.

 

Et bien vous avez raison, c'est à peu près ça qu'il se passe sur ce None of the above. Et attention, ce n'est pas forcément un mal. Il fût une époque sans internet où c'était même bien utile pour fouiner chez les disquaires et prendre des trucs un peu au hasard sans trop de risque de tomber totalement à côté de la plaque.

 

Avec Structures, on a donc des.... structures alambiquées, un gros son pour une excellente production où tous les instruments se distinguent proprement, des musiciens qui clairement n'en sont pas à leur coup d'essai et savent très bien comment proposer des morceaux efficaces. Breaks, cassures, changement de styles, y compris d'un morceau à l'autre, tout y passe pour un bon moment de mathcore djentisant, le contraire ou pas loin.

 

Maintenant, je vous conseillerais d'écouter ce disque avant de lire la suite de cette chronique, pour éviter d'orienter des premières impressions, puis de revenir pour voir si ça vous semble raccord.

 

Ce qui saute à la gueule dès les premières secondes du morceau d'ouverture « Planet of Garbage », c'est une similitude avec ce qu'ont pu faire des groupes comme Textures (au-delà du nom, avec lequel il y a déjà une certaine ressemblance), en y intégrant peut-être une touche de metalcore dans les breaks et dans le chant. Ce dernier, à la différence du groupe néerlandais, reste toujours agressif et hurlé, le chant clair n'ayant aucune présence tout au long du disque, tout au plus un passage vaguement parlé. On trouve par ailleurs deux invités qui viennent s'ouvrir le coffre sur autant de morceaux, créant plus de diversité et un dynamisme certain de ce côté là : un Brendan Murphy (Counterparts, End) fidèle à lui-même et toujours efficace sur « 6 » et Michael Barr (Volumes) sur « Civilian ». Les lignes de chant sont elles aussi intéressantes au niveau de la cadence, et on ne peut que l'apprécier.

 

Maintenant, à chaque écoute, l'impression d'entendre des parties qui viennent d'autres groupes ne me quitte pas. De fortes réminiscences de Car Bomb en particulier, sur la fin de « 6 », sur « Civilian », « Fortune Fades », avec un son de guitare/basse très proche notamment sur les parties « onde de choc » et le style de riffs saccadés, mais aussi Vein et ses rythmiques mêlant hardcore et rythmiques électronique (« Gone / Dead » et quelques insertions ici et là), voire même quelques parties et arrangements qui évoqueront Jinjer (bien que j'admette que ce soit probablement bizarre et exagéré, ça me saute à la gorge à chaque fois sur des riffs de « Psycho Hours », ce côté metalcore un peu prog, plus proche aussi de leurs précédents opus), même si l'on revient vite à un monde plus djenty-mathcorisant avec de bons gros breaks qui doivent faire soulever pas mal de poussière en live.

 

Alors comme on le disait, c'est efficace, très bien réalisé, aucun problème avec ça. Les amateurs du style trouveront sans aucun doute sur None of the above de très nombreuses raisons de l'apprécier, pour une écoute agréable et une prestation tout à fait honnête.

 

Le problème, très subjectivement (je préfère le préciser de nouveau), c'est qu'après sept ans d'absence, Structures livre un disque de six pistes dont aucune n'atteint les trois minutes (ce qui n'est absolument pas grave en soi, cela dit) et dont on a un peu l'impression d'avoir déjà entendu les ficelles vibrer ailleurs, en un conglomérat d'influences des albums sortis par d'autres ces dernières années. Alors attention, je ne suis absolument pas en train d'évoquer de quelconques copieurs, ce n'est absolument pas mon propos. Mon propos serait plutôt qu'en écoutant ce disque d'une oreille distraite, je ne me dirais probablement pas « ah tiens, ça c'est Structures », mais plutôt « tiens c'est marrant, je ne connaissais pas ce morceau de X », tout en notant des différences qui me feront savoir que ce n'est pas le groupe auquel je pensais, mais sans forcément réussir à mettre le doigt dessus.

 

Bref, les morceaux sont tous de bonne qualité, le son aussi, les musiciens évidemment au top et les composition élaborées. Mais il manque (à mon goût) ce petit truc, ce petit surplus de personnalité qui fait passer du statut de bon groupe au son propre et carré à celui d'excellent, vers lequel on reviendra souvent. Pour tempérer ce point, on peut aussi voir cet effort comme un moyen pour le groupe de se remettre en place avant de revenir avec un album plus complet qui viendra sous peu balayer les quelques critiques ci-dessus, un peu comme Divided By l'avait fait suite à All of the above il y a presque une dizaine d'années, le côté surprise en moins. C'est tout le bien que je souhaite à Structures, qui le méritent sans aucun doute possible.

photo de Pingouins
le 20/07/2021

3 COMMENTAIRES

8oris

8oris le 20/07/2021 à 12:42:01

Une chronique joliment détaillée pour un EP qui n'en méritait peut être pas tant, un EP un peu plat finalement, pas du tout mauvais mais pas vraiment très bon. C'est dommage car comme tu le dis le son, les musiciens, tout cela est très bon mais ça manque de morceaux catchy et qui restent en tête. 7 est vraiment la note idéale!


Cet EP est au djent ce que le Nutella est à la pate à tartiner: c'est bon, tout le monde connaît mais on peut trouver mieux ailleurs.
 (Par contre, niveau structures, on est quand même loin d'un Car Bomb à mon avis! ;))

Pingouins

Pingouins le 20/07/2021 à 19:26:46

Yep je suis d'accord que Car Bomb pousse le truc bien plus loin (peut-être aussi parce que leurs morceaux sont plus longs) mais le son et le style de riff sont vraiment hyper proches je trouve. J'ai été bien emmerdé pour choisir une note, surtout que c'est un truc que je n'aime pas trop faire (d'où les avertissements dans la chronique), donc ça me rassure un peu que tu tombes d'accord !

8oris

8oris le 21/07/2021 à 11:57:43

Ahhh l'éternel problème de la note. :D :D
Ce n'est qu'une indication, les gens viennent surtout, à mon avis, sur CoreAndCo pour les textes. ;)

AJOUTER UN COMMENTAIRE

anonyme


évènements

HASARDandCO

Hypno5e - Sheol
Chronique

Hypno5e - Sheol

Le 09/03/2023

Doomriders - Grand Blood