Bermuda Love - Triangle
Chronique CD album (22:54)

- Style
Screamo / rock / hardcore - Label(s)
Autoproduction - Date de sortie
11 mars 2016 - Lieu d'enregistrement Grind Central Station
- écouter via bandcamp
Alors que nous avançons gentiment dans l'été et que l'étouffement progresse (au moins au moment où j'écris cette chronique, début août, espérons un peu moins lorsqu'elle sera mise en ligne), j'ai eu envie, pour un peu de fraîcheur, de me lancer dans une sorte de « nouvelle rubrique » personnelle, juste pour changer un peu des chroniques journalières.
Tout d'abord, vous vous serez sûrement dit, en ouvrant le site aujourd'hui « mein gott, qu'est-ce que c'est que cette pochette ?! ».
Et là je dois dire que je ne sais pas pourquoi vous vous mettez à parler en allemand, mais par contre vous avez tapé dans le mille : bienvenue dans ce premier épisode de « je chronique un disque à cause de sa pochette ». Et pas spécialement parce que lesdites pochettes seraient superbes (voyez celle-ci), mais parce que mine de rien, elles restent en tête du fait d'un caractère décalé, absurde ou imprévu. Et donc elles fonctionnent.
Et à ce petit jeu, je dois admettre que Bermuda Love, originaires de la province de Saskatchewan dans le centre du Canada, et a demi composé de membres de Blue Youth, ont frappé assez fort avec leur seul et unique album Triangle.
Pourtant, malgré cette.... « identité visuelle » forte, il est assez difficile (ou a minima pas totalement évident) de retrouver ce disque sur les moteurs de recherche, les mots-clés étant assez passe partout et associés à d'autres choses (le triangle des Bermudes et des histoires d'amour plus ou moins dignes d'intérêt, notamment). Je vous mâche donc le travail en vous laissant le lien bandcamp d'écoute en haut de page, gâtés que vous êtes (et aussi pour limiter les efforts estivaux ou post-estivaux).
Car mine de rien, Triangle vaut bien une paire d'écoutes pour les adeptes de ce qui gravite entre les sphères screamo, rock et post-hardcore, avec un petit côté retro assumé, bien que pas autant que ce que la pochette pourrait laisser supposer : ici, ce n'est pas jusque dans les années 80 que nous renvoie la musique de Bermuda Love, mais plutôt vers les groupes du genre du milieu des années 2000, inspirés peut-être par des formations telles que City of Caterpillar, Bravo Fucking Bravo, Gospel et, comme ils s'en revendiquent sur leurs réseaux, par le french screamo.
Deux voix qui s'entrecroisent, un son de guitare bien distordu et vaguement fuzzé dès le départ du premier morceau « Red », puis pas mal d'idées viennent offrir une bonne première approche de ce que sera cet album :
-
des mélodies bien présentes mais en léger retrait
-
parfois une orientation post-hardcore assumée : « Ghost », « Burning Books » qui me rappelle des sonorités à la Isis au moment de leur son encore pas trop lissé (certains sons d'Oceanic par exemple), notamment sur la première transition après la montée d'ouverture, puis une très bonne entrée du chant, qui fait basculer sur une ambiance vaguement proche de The Old Wind avant de repartir sur quelque chose de plus rock
-
une voix toujours hurlée et saturée, jamais claire. Et plutôt deux voix, en fait, qui se répondent et offrent une belle dynamique (« White Devil », « Red »)
-
des influences screamo et hardcore aussi présentes dans un certain nombre de cavalcades (« Nighstalking », la fin de « Bones », « White Devil »...)
Bref, un groupe qui, bien qu'il ne présente rien de fondamentalement nouveau et hors du commun, assurerait probablement de passer un très bon moment en concert si on avait l'occasion de le voir de notre côté de l'Altlantique, et surtout si le groupe existait encore.
Triangle est un bon album dans le style, et notons qu'il est en téléchargement à prix libre sur la page bandcamp de Bermuda Love, dans une démarche DIY toujours appréciable. Voilàa donc, il me semble, une série de quelques bonnes raisons de lui accorder une écoute.
Et cette pochette, donc.
Je trouve qu'elle exprime bien l'idée de quelqu'un qui se meut dans la masse, dans la mode, dépassée après quelques années, mais qui garde tout de même une certaine forme de présence dans l'esprit des gens : c'est un cas d'école de style de l'époque. On identifie tout de suite la période. Mais qui fait aussi ressurgir une pointe de mélancolie, je trouve. Dans les yeux noirs comme dans le côté ingénu et un peu superficiel de la pose, comme d'un bonheur à prouver aux yeux du monde. De nos yeux d'aujourd'hui, ça a un côté ringard, mais je dois dire qu'en revoyant les photos de l'époque où j'étais gamin, je ne peux pas m'empêcher de me dire que ce n'était pas si mal, au bout du compte.
Et donc, au final, je la trouve très réussie. D'autant plus qu'elle reste facilement en mémoire, ce qui est un bon marqueur d'efficacité, comme on le disait plus haut.
A écouter sur une piste de roller d'intérieur en attendant le prochain épisode de « je chronique un disque à cause de sa pochette », dans un style musical (et visuel) bien différent.
Retrouvez l'épisode 2 ici !
3 COMMENTAIRES
el gep le 11/10/2022 à 15:01:25
Moui, les yeux noirs, c'est un peu vu, revu et rerevu quand-même... On ne compte plus les visuels qui utilise ce procédé jadis créateur de malaise... mais qui ne malaoïïïse plus grand-monde au final.
Pingouins le 11/10/2022 à 15:44:33
C'est clair, mais je n'ai pas l'impression que l'idée était de créer du malaise, justement parce que c'est vu et re revu, comme tu dis. Pour moi, ici, ils n'ont pas un effet intimidant vers l'extérieur, mais plutôt un côté mélancolique et vide de l'intérieur. Après ça c'est un détail. Mais je trouve vraiment que la pochette a son petit quelque chose de particulier.
Crom-Cruach le 11/10/2022 à 20:08:52
Ah oui, c'est indubitable. Elle est particulière...
AJOUTER UN COMMENTAIRE