Besieged - Violence Beyond All Reason

Chronique CD album (26:04)

chronique Besieged - Violence Beyond All Reason

On parle beaucoup, ces derniers mois, de certains EHPAD qui traitent de la pire des manières les petits vieux sans défense dont ils ont la charge. Mais dites, on en parle des quinquartistes désœuvrés à qui l’on fait commettre des horreurs qui pourraient servir de contre-exemples types en école de comm’ ou de graphisme ? Ed Repka, autrefois fringuant illustrateur de Megadeth, se retrouve aujourd’hui à la merci de vils Canadiens qui, sous couvert de lui passer commande de la pochette de leur 2e album, le forcent à dessiner un Groot rosâtre à pinces de crabe qui rejoue le jugement de Salomon avec Chtulhu dans le rôle de la mère indigne et un Bruce Willis mal en point dans le rôle du fils qu'on se dispute… Sans parler, à l’arrière-plan, de ce crâne ridicule typé « Mon premier gribouillage horrifique par Adam, CE1 » dont on ne sait trop ce qu’il fout là, si ce n'est peut-être jouer le rôle de porte d’accès au Mordor ou à un niveau secret de Super Mario chez les Crados.

 

Si le local de répète de Besieged a donc de grandes chances d’être décoré avec le même goût que la salle à manger des Deschiens, heureusement, côté musique, les loustics ne souffrent clairement ni de daltonisme, ni d’autisme musical. Tout juste d’une sorte de rétro-fétichisme qui les pousse à idéaliser Beneath The Remains. Ce qui, dans mon terrier, n’est pas franchement un défaut. Même côté sauvage et sans concession, même accumulation de plans virulents et de breaks croustillants qui les emmènent aux limites du Metal qualifié de « technique », même vocaux rageux pas franchement variés… Par contre les frangins Smit (un petit côté Igor & Max, donc – décidément – quoiqu'il s'agisse ici, à postes équivalents, de Tristan & Nolan) les frangins Smit, disais-je, poussent le bouchon jusqu’à s'être mitonnés un vieux son étouffé sentant le garage old school et l’enceinte tombée du camion dans les favelas. Certifié label qualité « Trve-to-the-bones-oué-t’as-vu », donc. Il est vrai que le procédé apporte un certain cachet, une certaine authenticité. Ça renvoie les quadras à leurs cartables et leurs genoux croûtés. Par contre l’alliance de cette vieille prod’ voilée et de giclées de notes échevelées conduit parfois les compos à sonner un peu bordélique sur les bords – « Testaments », par exemple, tombe parfois dans ce travers.

 

Alors évidemment, ceux qui avaient craqué sur Victims Beyond All Help (vous remarquerez au passage la constance des intitulés) trouveront qu'après 12 ans d'attente, 7 titres pour 26 minutes, ça fait un peut léger. C'est vrai. Mais mieux vaut un shot brûlant de tord-boyau concentré qu'une flasque de vieille bière allongée au jus d'endive. D'autant qu'en matière de claquage de beignet, la tracklist proposée par Besieged se pose là. Le meilleur exemple en est sans doute ce morceau-titre qui cavale sans demander son reste, alignant les solos ciselés sur fond de course-poursuite déraisonable mais parfaitement maîtrisée. Si cette brillante mais rugueuse radicalité rappelle souvent, outre le gang de Brésiliens précédemment évoqué, Dark Angel et Demolition Hammer, parfois les Canadiens affirment plus clairement leur penchant pour les plans techniquement exigeants. Sur « Path To Defy » par exemple, l'approche se fait plus sournoise, plus ostensiblement chiadée. On pense à Death Angel, voire à Wolf Spider. Et quand le groupe se décide à jouer sur les atmosphères dans un environnement évoquant la détresse du Thomas Pesquet errant en orbite au milieu de spectres hostiles (cf. « One World Coma »), on croit détecter les traces d'un Voivod claustrophobique ainsi que les tortillons effectués par Pestilence sur Spheres.

 

Pas de chichis, pas de flonflons, pas ou peu d'intros, pas de prise de tête mais pas non plus de raison de complexer face aux groupes les plus pointus : Violence Beyond All Reason va droit au but et emporte notre adhésion en une puissante déflagration d'efficacité pure. Pourquoi alors ne lui décerner qu'une note aussi timide ? Du fait de cette prod' un peu trop artificiellement voilée, et à cause d'une grande homogénéité qui s'avère à la fois une force – le pavé est massif – mais également une relative faiblesse, en cela qu'on a un peu de mal à en extraire de véritables porte-flambeaux, plus tubesques que leurs congénères. Mais que ces réserves de chroniqueur mijoré ne vous trompent pas : peu de cotons-tiges peuvent se vanter de purger aussi profondément et aussi totalement les conduits que ce 2e album rétro-passionnant. Alors passez outre sa pochette grotesque, et tenez-vous prêts pour l'impact !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : c'est sans doute pour d'obscures raisons de droits d'auteur qu'Igor et Max Cavalera ont pris les pseudonymes de Tristan et Nolan Smit en même temps que la nationalité canadienne pour enregistrer le digne successeur de Beneath the Remains sous le sobriquet de Besieged. Quoique non en fait : vu ce que les Brésiliens sont devenus, s'il s'agissait vraiment d'eux le son serait plus clean et les compos moins léchées. Violence Beyond All Reason n'est en fait que le fruit passionné et passionnant de brillants musiciens dont les penchants rétro-fétichistes nous offrent un superbe retour vers des temps apparemment pas si révolus que ça...

photo de Cglaume
le 26/07/2022

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