Black Sabbath - Sabbath Bloody Sabbath

Chronique CD album (42:35)

chronique Black Sabbath - Sabbath Bloody Sabbath

Pour se remettre dans le contexte de la création de cet album, il faut savoir que Black Sabbath n'a pas volé sa réputation, et les années 1970, 71 et 72 sont un enchevêtrement de tournées interminables : ils ne savaient plus quand ils étaient partis, et ils ne savaient surtout pas quand cela allait se terminer, des mois de concerts se bookaient alors qu'ils avaient déjà derrière eux la moitié d'une année passé sur la route. Les enregistrements se succédaient à un rythme effréné, et c'est incroyable d'y retrouver autant de génie alors qu'on se demande bien où ils pouvaient trouver le temps de composer de nouveaux morceaux. Dans tout cela, aucun repos, du coup c'est la distraction qui prenait le relais. Et la distraction, c'est la drogue, la cocaïne. Mais la coke, prise pendant une paire d'années en continu, ça vous fatigue un homme, et c'est ainsi que l'on peut expliquer ce côté essoufflé, fatigué qu'avait Volume 4 (cette introduction de "Wheels of confusion"...).

 

C'est donc après une période de repos bien méritée qu'ils ont pu composer à nouveau pour soulever un nouveau chef d'oeuvre qu'est ce Sabbath bloody sabbath. Rien que le premier riff du morceau éponyme suffit à prouver ce que j'avance, et d'ailleurs le dernier aussi, je dirais même plus, il est aux prémices du Sludge tant il sonne boueux et sombre. Les riffs cultes et géniaux se succèdent dans "A national acrobat" et laissent place à l'immanquable instrumental de l'album, devenu habituel désormais, j'ai nommé "Fluff", pour reprendre les riffs de killers dans "Sabra Cadabra" où l'on retrouve des incursions de clavier et de piano, arrangements plus complets et bien mieux amenés que sur le Volume 4 il faut bien le dire, surtout quand on sait que certaines parties claviers ont été menées par la main de Rick Wakeman des Yes. Iommi peut enfin donner libre cours à sa créativité, qui se situe ici entre du hard rock groovy et gras, et des parties plus planantes, méditatives, profondes, comme "Looking for today", "Who are you" ou ce chaleureux "Fluff" qui semble tant évoquer un retour à la maison tant désiré pendant les tournées interminables.

 

En dépit d'une production assez pauvre (non pas le mix, mais le volume qui sort à chaque fois, je suis obligé de mettre ce disque deux fois plus fort pour avoir le volume que j'ai déjà habituellement avec les autres disques), la profondeur des compositions sont sans précédent, bien plus que les quatre premiers albums (ce qui n'en fait pas d'eux de mauvais albums pour autant), et l'on voit que les tentatives du Volume 4 deviennent ici bien plus concrètes et abouties. Je donne ici l'impression de descendre l'album précédent pour préférer celui-ci, en réalité j'adore les deux, car ce qui prime avant tout c'est la composition, et le RIFF, et Tony Iommi en est le maître incontesté. Ozzy, quand à lui, propose des lignes de chant fantastiques, notamment sur "Looking for today", collant parfaitement avec l'aspect progressif nouveau qu'apportait alors le groupe. On oublie souvent Butler et Ward qui fournissent une base rythmique qui fourmille de détails groovy et de phrasés s'incrustant mine de rien avec brio derrière les riffs d'Iommi. On peut dire qu'à ce stade, le quatuor est au mieux de sa forme et prêt pour donner son meilleur album, je parle de Sabotage (à chacun son avis hein).

 

L'album se clôt avec brio sur un "Spiral architect" qui devait sans doute faire fureur sur scène devant des milliers de personnes, il y a là encore de quoi rêver sur ces années glorieuses, sur des rock stars qui avaient alors la sensation de réveiller quelque chose de nouveau, une énergie positive pour ce monde. Hippie de merde va. Allez, bon dimanche.

 

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photo de Carcinos
le 07/09/2014

1 COMMENTAIRE

ludwigretsch

ludwigretsch le 07/09/2014 à 14:00:41

Mon préféré avec le Vol 4 ! Le Sabbath à son paroxysme (voix, compositions, feeling)... Tout confine au sublime dans cette merveille à l'ambiance unique !

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