Bucium - Miorița
Chronique CD album (1:11:13)
- Style
Atmo-Folk'n'Prog - Label(s)
Audiosama Records - Sortie
2017 - écouter via bandcamp
« Calez confortablement votre tête sur la serviette. Fermez les yeux, respirez profondément et détendez-vous… »
Bienvenue au salon de massage Folk New Age "Bucium et Bien-être" Ça va sentir un peu l’encens et les herbes de montagne, ça va fredonner un peu rocailleux et striduler du violon, mais rien qui empêche vos nerfs de se transformer en un doux ruisseau de sensations apaisées… Car la musique du quintet de Bucarest a été pensée pour adoucir vos songes, soulager le fardeau qui pèse sur votre sternum, et transformer cette apesanteur parahypnique en une douce promenade onirique de par les mélancoliques massifs d’Europe de l’Est.
Miorița est le deuxième album d’un quintet dont le Folk Prog atmosphérique laisse plus de place au chant, aux violons et aux nappes de clavier qu’à la batterie et à la guitare électrique. Car Bucium c’est le moelleux d’un matelas de mousse, la caresse d’un souffle d’air frais et les gazouillis lointains des zoziaux des alpages. Ce sont des morceaux plutôt longs (9:19 pour le morceau titre, 6, 7 et 6 minutes pour les 3 dernières pistes), des tempos indolents, des atmosphères comateuses de pré-sommeil ou de post-réveil. C’est le genre d’album pensé pour figurer sur votre playlist « Apnée sous la couette », entre Wildhoney de Tiamat et Casualties of Cool de Devin « marchand de sable » Townsend. C’est d’ailleurs cette dernière référence à laquelle on pense le plus régulièrement, quand les rideaux de Morphée tombent sur une complainte de violon, ou qu’un nuage apaisant enrobe un doux flutiau et la suave berceuse qu’Andi nous fredonne à l’oreille. Quoique sur « Cântecel de asfințit » et « Sus la cheia raiului » on puisse également penser à un Skyclad assagi. Et quand, sur plusieurs pistes, la voix occupe toute la place et qu’un écho savant donne l’impression de surplomber un vaste paysage, c’est un I Muvrini de l’est qui semble sortir de nos écouteurs.
Bon, il faut quand même reconnaître que quand on carbure habituellement au Swedeath grassouillet, au Nawak qui claque des doigts et au Thrash qui crame de la gomme, s’envoyer Miorița c’est un peu comme visiter sa grand-mère à Saint-Jean-Pied-de-Port. C’est pas qu’on n’aime pas ça de temps en temps, mais à un moment on a envie d’arrêter la partie de Scrabble pour aller se faire un petit tour de VTT dans la montagne, ou un BASE jump depuis le haut d’une falaise. Parce que l’album est quasi exclusivement non Metal, sans angle saillant aucun, à quelques rares exceptions près. Parmi ces dernières, on notera une sympathique parenthèse Dirty Shirtesque à 4:26 sur « Miorița », ainsi qu'une magnifique et majestueuse sortie de léthargie qui démarre peu après la barre des 4 minutes, lors de laquelle on croit assister à un déploiement de force tranquille à la Devin Townsend (encore, eh oui). Au final l'album développe donc un côté puissamment anesthésiant, ce qui n’est pas forcément (pas du tout!!!!!) ce qu’on recherche habituellement dans le Metal.
… En même temps, comme il ne s’agit pas ici de Metal à proprement parler, c’est raccord.
Mais il faut reconnaître que la chose est belle, que certains levers de soleil font frémir, et que quelques-unes des mélodies restent en tête. Sans compter que le packaging est somptueux, l’album étant livré dans un carton au format 45 tours (ou presque) contenant une fiche par morceau, le tout étant illustré avec goût et dans un style collant parfaitement aux ambiances créées. Alors certes, l’écoute de Miorița donne parfois l’impression de regarder une pub pour un yaourt nature au Bifidus actif. Mais si vous êtes clients des Wildhoney et Casualties of Cool cités plus haut, et qu’un petit tour reposant dans les massifs roumains vous tente, vous devriez pouvoir y trouver sans mal votre bonheur…
La chronique, version courte: en écoutant Miorița, au-dessus d’accueillants massifs roumains tu planeras, un état de bien-être zen tu atteindras, et qui sait, peut-être Maître Yoga tu croiseras. Pas le top pour chauffer une salle en ébullition attendant l’arrivée d’un Marduk en retard d’une bonne demi-heure sur le planning, l’album s’avère néanmoins relaxant, rafraîchissant, et parfois même bluffant. Entre Casualties of Cool, Skyclad et I Muvrini, mais made in Romania.
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