Cassus - This Is Dead Art; This Is Dead Time; But We May Still Live Yet

Chronique CD album

chronique Cassus - This Is Dead Art; This Is Dead Time; But We May Still Live Yet

A quoi peut bien servir l’art ?

 

Cette question fumeuse qui semble tout droit sortie de l’esprit amorphe d’un philosophe travaillant pour l’Education nationale; Cassus tente d’y répondre sur son dernier LP This Is Dead Art; This Is Dead Time; But We May Still Live Yet sans détours et avec un degré de subversion qui risque de déplaire au plus convaincu des « Artistouilles » quant à la valeur de son travail et des représentations positives qu’il en a.

 

La réponse des Anglais :

L’art nous aliène et fait mourir à petit feu notre créativité.

 

Originaire de Norwich en Angleterre, Cassus semble s’inscrire dans la lignée du mémorable et avant-gardiste collectif Punk Crass. En effet, l’esthétique du groupe (Artworks, Textes, Collages etc,.) et la conception particulière qu’il a de l’art sont directement animées par la pensée situationniste, elle-même vécue et adoptée par la bande à Steve Ignorant. Cassus c’est donc de l’Anarcho-Punk-Situs, celui qui rejette l’esthétique spectaculaire du « No Future » et qui déconstruit, non sans douleur, tout sur son passage. Et oui !! On ne retire pas une à une les briques de nos geôles culturelles sans en payer un peu le prix. Tout se paye dans la vie même l’Art vous imaginez ?? A vouloir s’extraire le plus rapidement possible de l’immonde qui nous a fait, Cassus le démontre parfaitement sur son dernier brûlot, il arrive que solitude et mélancolie soient là pour nous rappeler que l’émancipation sera collective ou ne sera pas, et que nos existences reposaient bel et bien sur un mensonge. Tiens ! Ca me rappel un film très spectaculaire…

 

Et merde à la fin !! Ca vire à l’obsession cette idée de spectacle… Tout ce qui nous entoure ne peut quand même pas être que « représentation spectaculaire de la réalité ». C’est beaucoup trop boulversifiant comme idée. A ce rythme-là Marilyn Manson, Phil Anselmo, Bono ou encore Ronflex sont des représentations spectaculaires..? On croit rêver… Et pourtant, c’est en substance ce que nous dit Cassus sur This is Dead Art… Le groupe prône le dépassement de l’art notamment par le rejet des images illusoires et stéréotypées que produit la société marchande du spectacle. Regardez ce qu’a fait l’industrie musicale du mouvement Grunge et Néo. Etiquetés à jamais Teen/music et donc pour ainsi dire futile dans l’esprit du sens commun : « Après tout il faut bien que jeunesse se passe » dira Tonton Réac. De la subversion en barre qu’ils nous ont vendue…Vidés de leurs potentiels subversifs et rendus totalement inoffensifs, le Grunge et le Neo ont fait les frais de la puissance intégratrice du système capitaliste. Cette machine récupère tout sans exception, même ce qui a première vu semble s’opposer radicalement à elle. Tout sauf Cassus

 

Sans concession, Cassus nous offre avec This is Dead Art… un « en avant toute » musico-radicale d’une largesse et d’une authenticité bien cool. Emo-violent, Cassus a su digérer les nombreuses influences que nous pouvons entrapercevoir sur This is Dead Art… (Orchid, Maths, Ampere…), et nous donne à entendre un ensemble complet et parfaitement maîtrisé. Des mélodies très sombres « Tablecloth Welfare » « Interlude » d’autres plus triomphantes « Publicitaire » « Glitter is Made of plastic » et enfin carrément Maths « We are All Broken Circuits »  parcourent ce LP. Sur ce plan rien à redire, sur les autres plans non plus d’ailleurs, les morceaux sont truffés d’ambiances et de riffs plus accrocheurs les uns que les autres. L’entièreté de « Tired of Being Tired ? » en dit assez long sur la valeur de This is Dead Art…

Pas hyper-produit, le son du groupe paraît un peu faiblard au premier abord mais la touche Indé l’emporte rapidement sur toutes autres considérations. Oscillant entre un son Clean-reverbeux et une Disto plutôt Crunchy, le guitariste boude les effets et le superflu. Son approche de la guitare se veut minimaliste et frontale sans pour autant laisser de côté la dimension émotionnelle de la chose. Pas besoin de surinvestir le Delay pour émouvoir. De l’intention et du feeling c’est tout ce qui compte pour le guitariste de Cassus. Malgré les sérieux problèmes de justesse du chanteur notamment lorsqu’il s’arrête de rager, l’ensemble sonne sacrément vrai. Le ressort de son chant repose pour l’essentiel sur sa sincérité émotionnelle. Les faiblesses et les imperfections du chanteur se transforment donc vite en force et arrivent à nous convaincre de la nécessité de revoir notre rapport au beau et aux idées de justesses. De l’énergie également Cassus n’en manque pas. Les blast-beat fracassants du batteur sont là pour nous rappeler que Cassus veut bel et bien en découdre avec la société du spectacle, sa culture de masse, ses désirs marketés, ses identités stéréotypées…

 

De manière générale, Cassus s’adresse à toutes celles et ceux qui croient encore qu’une vie pleine, autonome et sans temps morts est possible. This Is Dead Art; This Is Dead Time; But We May Still Live Yet est manifestement la preuve que du temps vécu et des situations existent.

 

Provoquons-les sans plus attendre, ça Urge !

photo de Freaks
le 22/03/2017

1 COMMENTAIRE

Geoffrey Fatbastard

Geoffrey Fatbastard le 22/03/2017 à 12:35:25

Une des meilleures déflagrations d'emoviolence de 2016. Toutafé.

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