Choking Victim - No Gods, No Managers

Chronique CD album (41:53)

chronique Choking Victim - No Gods, No Managers

Des fois, les groupes qui mettent des croix inversées ou ce genre de trucs sur la pochette de leur disque ont des tendances un peu.... ambigües. Mais en l'occurrence, on ne peut pas vraiment dire que ce soit le cas.

Si vous avez un tout petit peu de culture politique, le titre de l'album No Gods, No Managers devrait déjà être un sérieux indice pour mettre sur la piste de la tendance politique du groupe. Bon, c'était un peu vendu dans la description stylistique aussi, j'avoue. Mais faisons comme si ce n'était pas le cas.

 

Non ? Pas d'idée ? Alors le sample de Michael Pareti (qu'on retrouve sur trois morceaux) au début de « Money » donnera peut-être un autre indice : « I could demonstrate to you that every single bank robbery, that in every single case practically, the cost of the police was more than the actual money that the robbers took from the bank. Does that mean, 'Oh, you see, there's really no economic interest involved, then. They're not protecting the banks. The police are just doing this because they're on a power trip, or they're macho, or they're control freaks, that's why they do it.' No, of course it's an economic... of course they're defending the banks. Of course, because if they didn't stop that bank robbery, regardless of the cost, this could jeopardize the entire banking system ».

 

Sinon, en un peu plus retors, et là il aura fallu traîner vos guêtres dans un milieu beaucoup plus spécifique, le logo du groupe, détournement d'un symbole très précis : celui du mouvement squat et des occupations politiques, réappropriation collective et abolition de la propriété privée et de la société de classes, tout ça. C'est d'ailleurs entre autres au C-Squat, occupation historique de New York, que Choking Victim commencent à grossir.

Si vous aviez trouvé, bravo, vous gagnez un concert de Crass dans votre jardin (parce que vous en aurez un) le jour où le capitalisme tombera et où il sole dell'anarchia se lèvera sur une nouvelle ère. Promis.

 

Relativement peu connus dans nos contrées, Choking Victim sortent avec No Gods, No Managers ce qui sera leur seul album, après 3 EP. Il faut dire que le jour même de l'enregistrement de ce disque, le groupe s'est séparé, ce qui rend difficile la conception d'un petit frère.

Mais rassurez-vous, l'histoire finit (à peu près) bien, et donne même naissance à un groupe un poil plus connu par ici : Leftöver Crack. Et oui, c'est les mêmes ; on ne sera donc pas trop surpris des similitudes que l'ont peut retrouver entre les deux groupes, bien que seulement deux membres aient fait le pas.

 

A l'intérieur, un punk-hardcore fortement marqué de ska, aux paroles qui, vous vous en doutez maintenant, sont largement occupées par la politique, la critique du capitalisme, mais aussi par la provoc sataniste (voyez la pochette) pour faire chier les réacs, le mode de vie à la punk et ce genre de délices.

A une époque (les 1990's) où le punk rock devient de plus en plus populaire et dépolitisé (qui a dit pop ?) avec The Offspring, NoFX, Blink 182, Green Day, dans la continuité de Bad Religion, et l'ascension de Fat Wreck Chords, entre bien d'autres (et attention, je dis ça, mais j'ai grandi à cette école, c'était une de mes bandes-sons au collège – et en plus Fat Wreck a fini par signer Leftöver Crack en 2007), Choking Victim restent toujours du côté du punk qui chie sur les bourgeois, qui kiffe l'acoustique des squats et chourrave dans les magasins, même si l'aspect ska de leur musique pourrait sembler la rendre en théorie plus accessible.

 

Une sorte d'anarcho-ska-punk-core donc, facilement identifiable, avec un chant en mode « gnagnagna » qui peut parfois rebuter, mais qui laisse deviner les paroles, et puis de vrais tubes, notamment « Suicide (A Better Way) » (titre en écoute ; et si tu veux l'album complet, tu peux aller là). Tout ça, au final, fait un album homogène et vraiment efficace.

Et comme plus tard dans Leftöver Crack, on a déjà pas mal de trucs un peu absurde qui viennent s'insérer dans les morceaux, du genre du growl quasi à la Pig Destroyer après le sample de « Fuck America », la guitare flamenco couplée à un chant quasi black metal sur « Praise to the Sinners », ou encore la secret song totalement ska « Ska Rock Steady » en fin d'album. Ils font un peu ce qu'ils veulent, quoi.

 

Concernant le son, la prod n'est pas toujours au top, mais en même temps, on s'en fout un peu, c'est du punk. C'est pas fait pour servir d'adoucissant pour les tympans. Et rappelons que tout ça, au contraire de Rome, n'a été fait qu'en un jour avant explosion du groupe.

 

Bref, No Gods, No Managers a tout de même marqué une petite étape dans l'histoire du punk rock, celui qui vient encore de la culture de la contestation, de l'underground, quelques mois à peine avant la fameuse « bataille de Seattle » contre le sommet de l'OMC, la pente ascendante du mouvement anti-mondialisation et l'apparition du black bloc comme outil collectif de lutte avec une ampleur plus importante qu'aparavant. Ce n'est pas par hasard que Crass étaient cités en début de chronique. Parce que Choking Victim s'inscrivent dans leur lignée activiste plutôt que dans celle tracée par les Pistols (rapidement d'image plus que d'autre chose) ou, plus tard, par la FMisation.

 

Et du punk, y'en a probablement encore près de chez vous. C'est en partie grâce à des groupes comme Choking Victim, qui ont perpétué son éthique politique.

 

A écouter quand on a envie de dire « bien le bon dimanche à tout le monde, et vive l'anarchie. Mort aux bourgeois et bonjour chez vous », le tout avec les pouces enfilés derrière des bretelles à damier.

Et on en profite pour rendre un petit hommage à leur bassiste Alec Baillie, décédé à la fin 2020.

photo de Pingouins
le 30/10/2022

3 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 30/10/2022 à 10:36:05

Hey cool de voir ce petit classique ici !

Pingouins

Pingouins le 30/10/2022 à 14:38:41

Oui je me suis fait un petit plaisirsur celui la !

Freaks

Freaks le 02/11/2022 à 21:04:05

Crossover coolos même si des fois le coté ska me largue un peu.. Le titre en écoute est une tuerie Scarcore :)

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