City Of Caterpillar - Mystic Sisters

Chronique CD album (45:26)

chronique City Of Caterpillar - Mystic Sisters

Décidément, cette année, c'est un peu n'importe quoi. Cave In qui nous pondent un nouvel album après sept ans d'interruption et la perte d'un membre central du groupe. Gospel qui reviennent par surprise après 17 ans d'absence (quand même). Botch qui balancent un nouveau morceau, comme ça, l'air de rien. Et bien cette fois, c'est City Of Caterpillar qui décident de surenchérir et qui en foutent 20 sur la table, boum. Ils auraient intérêt à avoir plus d'une double-paire ou d'un simple brelan dans la main, parce que faire monter les enchères, c'est risqué ! Et ce ne sont pas la paire d'EP sortis entre temps sur un malentendu qui pourraient faire doubler la mise, puisque leur seul et unique album, éponyme, est bien celui de 2002.

 

Bref, à cette époque, City Of Caterpillar, après un split avec PG. 99 (les deux groupes partagent d'ailleurs un membre, Brandon Evans, au chant, tandis que d'autres ont fait partie de Darkest Hour ou Majority Rule, entre autres), frappaient un grand coup en proposant leur album, qui deviendra un disque essentiel dans le domaine du screamo tendant sur le post-hardcore et le rock, établissant des bases solides pour un genre alors encore en cours de construction. Depuis, bien que leur nom ait un peu sombré dans l'inconnu pour la plupart des gens (et ce malgré un EP tout de même en 2017, Driving Spain Up A Wall) de multiples formations ont essaimé dans le sillage et le sillon que le combo de Richmond avait contribué à tracer.

 

Tout ça, ça me fait me dire que peut-être que des groupes comme Orchid, Ekkaia ou Circle Takes The Square sont là derrière, bien planqués, tout prêts à sortir leur quinté d'as de la manche : pourquoi pas, hein ? Vu que cette année est déjà ben chargée en retours imprévus, autant ne pas en être à deux ou trois près. Mais bref, nous nous égarons.

 

Alors qu'en est-il donc de Mystic Sisters, ce nouvel album ?

Déjà, on peut se dire que ce n'était pas si incongru de citer Circle Takes The Square dans cette intro foireuse, parce que celle que proposent ici City Of Caterpillar sur le premier morceau « Thought Drunk » rappelle tout à fait ce qu'aurait pu faire CTTS (et si vous ne connaissez pas encore CTTS, remédiez immédiatement à ça si ce style de musique vous parle, il s'agit tout simplement de l'un des meilleurs groupes du genre).

 

Ensuite, sur l'ensemble des huit morceaux qui composent cet album, on retrouve bien ce qui faisait la personnalité du groupe d'il y a vingt ans.... mais vingt ans plus tard. Comme sur le récent retour de Gospel, la tendance est moins à l'agression frontale et aux sursauts screamisants, dans la musique comme dans le chant, plus calme que par le passé sans pour autant en être apaisé, mais le travail réalisé sur la construction d'ambiances en est d'autant plus fourni, malgré quelques petites longueurs ici et là.

Les compositions sont toujours aussi longues et foisonnantes de détails, permettant de faire en sorte que leur touche particulière d'organisation autour de montées en puissance et de decrescendos soit toujours centrale et bien en place.

La très belle « Voiceless Prophets » par exemple, ou encore le dernier « Ascension Theft... (Gnawing of the Bottom-Feeders) ». Ou bien tout simplement « Mystic Sisters ». Ce n'est probablement pas un hasard que ce morceau donne son nom au disque, tant son contenu est représentatif du groupe.

 

Sur Mystic Sisters, City Of Caterpillar ont définitivement enfoncé la touche 'post' de leur screamo pour proposer un album très honnête et sincère, et probablement sans prétention autre que celle que de recommencer à jouer ensemble. On a donc affaire à un disque réussi dans le style, mais qui manque peut-être un peu d'ambition pour se hisser au niveau de leur disque éponyme.

On y retrouve cependant une maturité de composition qui laisse toujours se démarquer leur personnalité, toujours reconnaissable malgré le défilement des années, et on passe un chouette moment à osciller entre mélodies et dissonances, en se laissant porter par les lignes de crête que dessinent City Of Caterpillar, des accalmies plus post-rock aux remontées au pas de course, pour un disque qui parlera probablement à celles et ceux qui aiment bien planquer les cartes 'post' et 'alternatif' dans leur manche lors de parties où les mains classiques sont faites de screamo, de rock et de hardcore. Et puis le mix / master par Jack Shirley (Deafheaven), ça ne gâche pas les retrouvailles.

 

A écouter comme on évolue sur une arête, une ligne de crête, en étant naturellement guidé·e par les aspérités du terrain, ses hauts et ses bas, et surtout ses paysages.

photo de Pingouins
le 02/12/2022

10 COMMENTAIRES

pidji

pidji le 02/12/2022 à 08:43:42

Bien emballé par l'annonce de cette sortie ! Et puis après plusieurs écoutes, ça m'a fait ni chaud ni froid. Pas mauvais, mais pas exceptionnel non plus, tant pis.

Pingouins

Pingouins le 02/12/2022 à 09:02:46

Oui un peu pareil, d'où le retard de cette chronique, j'ai mis vraiment du temps et au moins dix écoutes avant d'y trouver mon compte et de dénicher tous les petits trucs appréciables. D'où une note tout de même très très correcte, ça reste très bien foutu.
Mais je reviendrai plus volontiers vers le premier.

Pingouins

Pingouins le 02/12/2022 à 09:03:37

Ah et par ailleurs c'est la centième en ligne pour moi :)
D'un côté ça me fait un peu plaisir que ça tombe sur City of Caterpillar.

Freaks

Freaks le 02/12/2022 à 11:05:44

Pareil que toi Pidji, pas eu le temps de tout écouter mais les deux titres sorties m'ont laissé un peu indifférent. Je vais retenter en revanche Pingouins j'y reviendrai surement pas autant de fois ;)
La 100 ème! c'est carré dans l'axe :p

Freaks

Freaks le 02/12/2022 à 11:07:15

En l'occurrence, rond dans l'axe
Bien ouaij Pingouins ;)

cglaume

cglaume le 02/12/2022 à 15:28:27

Bravo PinPing !

Nicoscooe

Nicoscooe le 08/12/2022 à 23:22:41

Perso, j'en attendais pas grand chose mais après quelques écoutes, je le trouve excellent. C'est aventureux, épique parfois . La construction de l'album est réfléchie, les morceaux sont variés (durées, intentions, gestion de l'intensité),  j'aime beaucoup le côté "rock indé" de certains passages.  Le chant plus chanté, presque en mode "cabaret" parfois, colle parfaitement. Je lui retrouve un côté presque "Blood Brothers" sur certains passages (celui qui fait le crooner, pas celui qui braille). Finalement, je pense que je le préfère au dernier Gospel, qui était aussi une chouette surprise. Après, c'est du post/screamo pour quadra, mais ça me va bien (Orchid c'est bien, mais c'est fatiguant quand même).

Pingouins

Pingouins le 13/12/2022 à 05:59:29

Nicoscope : on est d'accord, il faut vraiment lui balancer pas mal d'écoutes pour en faire sortir toute la pulpe !
Bien vu pour les Blood Brothers, mais j'ai une connaissance tellement limitée de ce groupe que jamais je ne me serais lancé à les citer :p

Pingouins

Pingouins le 13/12/2022 à 06:00:09

Du coup je vais réécouter Orchid pour aller au boulot, tiens :D

Pingouins

Pingouins le 11/09/2024 à 19:39:17

Bon en relisant cette chronique je me rends compte que mon injonction à la reformation d'Orchid était prémonitoire, donc maintenant j'attends CTTS.

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