Contre-feux - La morsure
Chronique Maxi-cd / EP (12:30)
- Style
hardcore / screamo - Label(s)
Voice of the Unheard - Date de sortie
03 mai 2024 - écouter via bandcamp
Il y a plusieurs choses qu'on ne compte plus : les excellentes sorties dans les univers screamo / post-hardcore et machins du genre dernièrement ; et les excellentes sorties chez le p'tit label bordelais Voice of the Unheard, qu'on appellera tout bêtement VOTU pour le côté intimiste et pour s'épargner quelques caractères.
Certes, ces catégories s'entrecroisent régulièrement, et c'est de nouveau le cas avec ce nouvel album de Contre-feux, dont le dernier album Mort/Vivant avait été fort bien reçu (et chroniqué) par l'ami Freaks à l'époque.
Cette fois, avec La Morsure et tel que son nom piquant l'indique, on conserve une approche directe, mais la durée est réduite à une douzaine de minutes : court et intense. Avec une approche de son screamo plus ancrée dans le hardcore et ses cavalcades poutchapoutchisantes que dans un post-rock aérien et traînant, Contre-feux prennent ici en quelque sorte à rebours la tendance aux longs breaks que l'on retrouve aujourd'hui chez de nombreux groupes du genre, ce qui lui donne une vraie fraîcheur et un petit piquant de personnalité fort plaisant.
Du coup, à peine le temps d'enfiler le jogging et les baskets que l'EP glisse tout seul et qu'on atteint la fin de « Nos sourires et des flammes » bien plus tôt qu'on ne l'avait imaginé. Il faut alors rapidement presser le bouton « repeat » pour essayer d'en avoir un peu plus, parce que oui, on en veut plus. Et en cela, c'est bien vu de la par du groupe et par VOTU d'avoir réuni les deux EP sur un seul vinyle, histoire de se rassasier.
Et ce d'autant plus que la présence de deux samples ("On the fire suicides of the buddhists" de Charles Bukowski sur « L'ordre » et un extrait de "Création d'un corps révolutionnaire" de Virginie Despentes sur « Nos Sourires et des Flammes ») ainsi que d'une minute plus ambient (et du coup pas forcément indispensable à mon sens vue la durée totale du disque) sur la fin de « Papier Carbone », pourtant le titre le plus offensif de l'EP, 'réduisent' (façon de parler) d'autant la durée d'ensemble.
Sinon, on sautera dès le début de « L'ordre » dans le vif du sujet, avec ce que certains que je ne nommerai pas qualifieraient de moments de bravoure, qui va pouvoir évoquer un Gospel parfois couplé à des dynamiques à la Frail Body (« La Morsure » par exemple), varié malgré les deux premiers morceaux très courts (« Gibier le soir » qui part sur un riff limite crusty, bascule dans un screamo chaotique qui frise l'emoviolence et une fin plus lente mais avec la mélodie qui pousse de l'avant..).... le tout avec un chant qui s'inscrit dans un registre à la Sed Non Satiata (tout comme une bonne partie de « Nos Sourires et des Flammes »).
Quant aux paroles et au fond de pensée du combo, et si le style dans lequel il officie ne suffisait pas, lire celles de « Nos Sourires et des Flammes » suffit à comprendre de quel côté de la barricade se trouve le quatuor : « Faudra l’assumer, l’incendie incarné, nos mouvements coordonnés, nos sourires et des flammes sur des vitrines brisées. Faudra l’engager, l’étincelle, le moment et l’essence cumulée : l’explosion, l’euphorie à la violence mêlées, feu contre feu. Que mille fenwick remontent les Champs Élysées ! ».
Bref, sur La Morsure, Contre-feux balancent tout ça à corps perdu, avec une proposition essentiellement tournée vers l'avant, dirigée vers l'action plutôt que la contemplation, comme un petit pic d'adrénaline au moment où leur hardcore/screamo vient prendre les choses en main. Malheureusement, comme tout ce qui est beau et intense, c'est un peu court.
A écouter quand on a « mille maîtres à destituer, mille têtes à réclamer ».
2 COMMENTAIRES
Tookie le 04/11/2024 à 10:37:40
Bien sympa. Classique mais efficace sans une seconde d'ennui.
Pingouins le 04/11/2024 à 19:58:59
Tout à fait, et je pense qu'en concert ça doit vraiment être chouette à voir !
Et le vinyle est vraiment très beau par ailleurs.
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