Cough + Windhand - Reflection of the Negative
Chronique Vinyle 12" (36:42)

- Style
doom - Label(s)
Relapse - Date de sortie
16 avril 2013 - écouter via bandcamp
S'il y a bien un format dans lequel le doom/stoner se distingue des autres courants musicaux, c'est bien les splits. Très souvent en mode "rien à foutre, un seul morceau d'une vingtaine de minutes suffit", l'exercice s'avère très souvent payant, laissant aux groupes l'opportunité de créer une pièce musicale faisant quasiment office d'EP, ou du moins nous permettant réellement de nous plonger dans leurs univers.Cette approche du split me semble très pertinente dans la mesure où la temporalité relativement étirée de la plupart des compositions du genre ont besoin que l'on se donne à l'écoute, plutôt que de laisser les titres défiler en se disant que les groupes ont simplement mit des nouveaux trucs les uns à la suite des autres sur une durée donnée. Ainsi comme beaucoup de bonnes références avant eux, les ricains de Cough réitèrent l’expérience, après un split très réussi en compagnie des anglais de The Wounded Kings, mais cette fois ci avec Windhand, formation wizardienne ayant le vent en poupe depuis la sortie de leur première galette l'an passé.
Que ça soit pour Kongh, Ocean Chief ou Suma sur leurs splits respectifs, un morceau de 20 minutes et des poussières est aussi complexe que riche à mettre en place. Il faut condenser une composition ni trop linéaire ni à tiroir, avec suffisamment de variations pour construire une histoire, mais pas trop pour ne pas tomber dans l'empilage de riffs. Alors autant Cough ne me passionne pas vraiment sur album, mais arrive sur split à créer cette alchimie relative avec 3/4 riffs. En commençant par une petite moitié de morceau bien lourde et poisseuse, avec une légère touche d'orgue de ci de là le groupe nous met dans l'ambiance doucement mais surement, là où il a plutôt tendance à tout nous servir sur un plateau sur album. La sauce monte progressivement et ce riff cradingue, lancinant, sur fond de gémissements désespérés débouche sur un vrai bon passage marécageux et collant avant de replonger tête baissée dans la boue, le sang et le stupre. Il faut dire que le son est particulièrement réussi pour cette face du split, super feutré, boueux et fuzzy: une recette qui me plaît assez et qui leurs sied plutôt bien.
De leur côté, Windhand reprend exactement la formule de leur album, mais contrairement à leur partenaire de vinyle, ça fonctionne aussi bien à mon goût. Cependant, Windhand prend le parti de proposer deux titres (pour la même durée totale que celui de Cough) ce qui laisse complètement sur sa faim car nous n'avons pas le temps de nous plonger dans une pièce longue et immersive. Si de ce point de vue là, il me semble que le groupe à fait une erreur pour inscrire sa présence sur ce split dans la durée, la qualité des compositions est en revanche indéniable, bien au dessus de celle de Cough même s'il fallait les comparer. Toujours aussi Wizardien comme je le disais en intro, autant dans les riffs que dans le chant, dans l'ensemble le combo évite pourtant les erreurs de son mentor. Les lignes vocales approchent presque le grunge (sur les deux premiers riffs d'"Amaranth") et on à même le droit à un peu d'orgue en fond sur "Sheperd's Crook" avec une super ligne de chant haut perchée. Ici le son est gras et bien épais, les solos plutôt bien trouvés, la batterie relativement dynamique et surtout on ne perd jamais le fil, c'est je crois la qualité de composition de Windhand, d’être constant malgré ses influences marquées.
Hormis cette pochette bidon, on a là un split très correct, mais qui ne va pas jusqu'au bout dans la démarche. Cough ne s'en sort pas trop mal, et c'est surtout leur épaisseur sonore et leur prise de position vis à vis du format de leur titre qui les sauve, comparé à un Windhand moins jusqu'auboutiste, mais plus juste dans l'intention et dans la qualité de son écriture. Et d'un point de vue plus bas du front, on hoche la tête bêtement et pas trop vite comme souvent, l'esprit embrumé par autant de fuzz, et en un sens ça peut suffire amplement.
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