Crafter - Lasting Efforts

Provenant du Massachussets, terrain qu'on sait être fertile pour la moisson de groupes de hardcore (pensons Have Heart, Converge, …), Crafter proposent avec Lasting Efforts un second album dont le nom ne saurait être plus approprié, car il s'agit aussi du dernier : le groupe a rendu les armes en 2022, après un dernier deux titres (pour sa part nommé No Renaissance, pour continuer à être très clairs) en 2020, et un dernier concert (gratuit) l'année dernière.

Dès le premier morceau, on se rend vite compte que Crafter ont appris leurs versets, ou plutôt leur Verse, par cœur, avec plus de penchant pour le mid-tempo peut-être, ou en tout cas un poil moins porté sur la cavalcade si l'on considère l'album dans son ensemble.

Sur le second morceau « Collecting Losses », il sera vraiment ardu de ne pas penser à Comeback Kid et leur grand classique « Wake the Dead ».

Bref, un hardcore relativement mélodique naviguant entre mid-tempo, rythmiques purement hardcore et une paire de mosh-parts pas vraiment vénères mais bien placées, une voix plus écorchée et passionnelle qu'occupée à se lustrer les Daniels (ndt : les biceps, faut vraiment arrêter avec ces expressions absconses dégottées au fin fond de magazines de varappe) : si les groupes cités plus haut ou plus bas résonnent en vous, alors vous n'aurez pas de surprise sur ce que vous trouverez ici. Mais ce n'est pas un mal !

Du côté des paroles (toutes facilement trouvable sur leur bandcamp), puisqu'il s'agit typiquement du type de groupes où celles-ci ont une grande importance, on coche toutes les cases du bingo du hardcore (ce qui fait tout à fait partie des raisons pour lesquelles j'écoute du hardcore, soit dit en passant) : « But I’m still screaming for change I refuse to be another victim of a world », « searching for something real », « reverse the hurt », un combat individuel et collectif pour la liberté et la prise active de parti pour faire bouger les choses : laissons parler les mots du morceau de clôture (« Whatever it takes ») par eux-mêmes :

« We lose, we gain, we suffer, just to die incomplete

Our mothers and fathers worked til the years broke them.

We watched the homes burn up when the factories closed a

nd mourned our friends who died for nothing.

When the world pries the will from the hands of the last good man,

we lose everything. We’re losing everything.

I still feel, I still hope

in every effort to find a lasting peace

I still sing: I’ll do whatever it takes to be free. »

En bref, on retire de Lasting Efforts une impression appliquée et passionnée d'un groupe qui a voulu créer une pièce de hardcore à l'image des disques qui les ont façonnés, dans le son comme dans l'esprit. Convoquant les groupes en vogue dans la seconde moitié des années 2000 dans le style (Verse, Comeback Kid, Have Heart, Modern Life Is War...), Crafter posent dans cet épitaphe une demi-heure qui se serait probablement dressée aux côtés de ses illustres aînés si ce disque était sorti une grosse dizaine d'années plus tôt.

Et attendant, ça reste un fort bon disque qui parlera très probablement à celles et ceux qui chérissent cette branche du hardcore, celle de la mélancolie du quotidien associée au punk-hardcore.

Passés totalement sous mes radars jusqu'à il y a peu, je suis sans trop m'en rendre compte revenu plutôt régulièrement vers cet album, chaque écoute lui faisant prendre un peu plus de consistance, jusqu'à me faire me dire qu'il pourrait y avoir un intérêt à en dire deux mots.

A écouter en espérant que ces derniers efforts aient permis à Crafter de trouver ce qu'ils cherchaient. Peace and freedom.

Pingouins

le 02/03/2023