Dead (aus) - Captains Of Industry

Chronique Vinyle 12" (38:24)

chronique Dead (aus) - Captains Of Industry

Deux gargouilles font du bruit dans une cave. Une batterie, une basse, du chant qui gargouille. Une intro trop longue, juste là pour créer une attente et te faire chier, un peu. Et après, c'est parti sur les rails d'un énième train-fantôme, avec un Quasimodo malingre qui fait semblant d'avoir à s'occuper du frein.

 

Honnêtement, j'ai tout de suite pensé à Karp. Je crois qu'eux-mêmes le reconnaîtront. Mais ouaip, c'est bien ça, le premier groupe de Jared Warren de Big Business et de, bon, aux dernières nouvelles en tous cas, Melvins.

Même graisse aux entournures de petits tubes de Rock bourrin mais mélodique. Avec des lignes de voix qui partent à l'assaut et des riffs qui doivent autant au Metal qu'au Punk ralenti.

Aussi, des ambiances de peau et de cordes de basse éclaircies, des voix parfois susurrées, tantôt outrées qui me rappellent gravement, par exemple, un disque au panier de fruits sur fond bleu.

Mais n'est pas Bullhead qui veut. Surtout que la fin de "Gold Rush Burials" et la totalité de "Slight Returned" en rappellent un autre, sur fond orange, cette fois. Allô Mark D, tu sais que tu as marqué les esprits ? Écoute-donc ça !

 

Voilà donc pour les références les plus claires, qui me frappent l'arrière de la tête sans que j'aie rien demandé, désolé, je ne voulais pas projeter mes propres obsessions sur la musique des autres, je le jure !

 

Surtout qu'ici aussi il y a de la Pop là-dedans, au sens très large : la mélodie de voix de "Check The Exists", première partie, est entêtante, avec juste ce qu'il faut de moquerie dedans. Joli !

Et ça reste sale tout du long, pourtant.

Une hallucination auditive de l'anglais vers le français, dans "Fools Will Get You Everywhere" me fait entendre « Heeeeeey, applaudissez ! Heeeey, applaudissez ! », et ça, ça accroche méchamment! Impossible de me l'enlever de la tête. Excellent premier titre bien teigneux, ceci dit.

Ce qui est aussi amusant, ce sont ces voix de démons vaguement Noir Métal qui apparaissent à l'occasion, des cris aigus de harpies, faisant de ce groupe un gros fourre-tout de sensations, donnant l'impression qu'ils envoient la purée avec tout leurs cœurs de gentils monstres passionnés de musiques. Une impression agréable, une impression de bons gars pas prise de tête qui ont su garder, disais-je un certain état d'esprit Punk, c'est à dire l'expression de la liberté sans prétention et sans autre objet qu'elle-même.

Les Freaks, c'est Chic !

 

Oh, quelques longueurs ralentissent l'album, des morceaux un peu trop étirés parfois, quelques interludes pas forcément très intéressants, mais l'ensemble passe quand-même tout seul.

Ce qui me gêne le plus, ça serait peut-être un abus de riffs un peu trop Heavy-Metal pour moi, un peu trop sages, trop jolis, trop mélodiques, pas assez torturés, me faisant parfois penser, encore, à une version paupérisée de... Big Business.

Dur-dur d'avoir de tels points de repères, on sonne vite un peu fade à côté...

Ainsi le disque s'assoupit en mi-molle sur de, hum, l'expérimentation psychédélique un peu inerte et un thème répétitif sans grand délire qui peine à faire remonter la sauce en fin de parcours.

 

Mais ça ne devrait pas faire oublier les qualités certaines de morceaux comme "Robert Plant : Shhh..." (mouah-ha-ha, TA GUEULE ROBERT!) et autres déjà cités. Ils ont tout de même leur truc à eux, cette manière de jouer et chanter comme s'ils t'interpellaient pour t'engueuler, avec des gros yeux écarquillés.

Ça râpe dans l'huile de vidange, ça coïte en de grands coups de hanches, avec un esprit BD un chouïa trash que ne démentiront pas les pochettes de l'album (des variantes selon le format).

C'est déjà pas mal, et ça nous sauve de beaucoup de merdes qui s'accumulent, prétensinnards nébuleux qui n'ont en fait jamais rien eu à dire, snobinards sans couilles qui nous prennent pour des urinoirs à lanternes et autres machins de plastique surfaits et superfétatoires, poils dans la passoire !

Une musique de chômeurs sympas qui ne se laissent pas aller au ramolli dépressif, mais qui éructent dans la joie leurs petites histoires grises et noires et vertes fluorescentes.

 

Un groupe qui n'en est pas à son coup d'essai (voyez la fiche groupe et leur discographie, dont un split avec les superbes Vaz), à conseiller aux Rockers affaiblis qui ont eu une petite chute de moral.

Si ça ne va toujours pas mieux, lisez les dernières Bédés de copain LordxGonzo.

Voyez, je pense à vous.

photo de El Gep
le 26/06/2015

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