Die Krupps - V - Metal Machine Music

Chronique CD album (48:45)

chronique Die Krupps - V - Metal Machine Music

On fait difficilement plus Industriel que ça… Non c’est vrai, entre un patronyme qui évoque Krupp – le champion de la sidérurgie allemande – et un titre d’album clignant clairement de l’œil en direction du géant américain 3M (bah quoi: Metal Machine Music), la boucle est bouclée: le Metal Indus boosté aux grosses machines rejoint les grosses machines industrieuses régurgitant le métal le long d'interminables chaînes tayloriennes…

 

Nein?

 

Ah, parce que V – Metal Machine Music fait juste référence à I, album contenant le single « Metal Machine Music » sur lequel, épaulé par les thrashers d’Accu§er, le groupe de Jürgen Engler s’engageait dans une nouvelle voie, celle d’une musique mélangeant guitares Thrash et gros beats froids hérités de l’EBM? Mouais, on n’a qu’à dire ça… En même temps c’est vrai que – justement – Volker Borchert, batteur des teutons thrashers susmentionnés, est de retour derrière les fûts Die Kruppsiens. Et que ce nouvel album se veut un trait d’union entre le Metal Indus thrashy de la 1e moitié des 90s et les cyber-tubes dansants de The Machinists of Joy.

 

Certes, certes…

 

Maintenant mettons les choses au clair: V – Metal Machine Music n’est pas le 5e, mais bien le 10e album des allemands en 35 ans. Le « V » est uniquement là pour marquer la filiation avec I, II - The Final Option, III - Odyssey of the Mind et finalement Paradise Now – qui se voit après coup opportunément préfixé d’un « IV ». Une façon de dire que l’on raccroche les wagons avec le Metal Indus à succès des 90s, tout en gardant – via le trait d’union « Machin[e, ists] » – le lien avec un avant-dernier album carrément carton. Musicalement, le fruit de ces fructueux croisements se traduit par un Metal Indus martial, froid, et indubitablement teuton, mais qui – paradoxalement – donne une furieuse envie d’agiter son masque à gaz sous la boule à facettes. C’est que, ne gardant de Ministry que certaines rythmiques old-school et un riffing aussi mécanique qu’acéré, les allemands se refusent à abandonner ces sonorités Electro qui, du coup, animent les intros et picotent les éventuels arrière-trains fainéants qui auraient décidé de rester amorphes en périphérie de la piste de dance. De plus ces 13 nouveaux morceaux baignent dans un insidieux bain Batcave / New Wave old school situé à mi-chemin des synthés de Depeche Mode et des stridulations binairement cyberpunk de la Ma[d Ma]trix. Une sorte de mélange Rammstein / Ministry / Depeche Mode / White Zombie / Sister of Mercy si vous préférez, mais avec plus de Pompélop 2.0 dedans. Vous imaginez le potentiel de la chose…

 

Du côté de la tubosité des nouveaux titres, pas d'improbable surprise: aucun des 13 nouveaux épîtres ne réussit véritablement à lutter à égaler l’irrésistible « Schmutzfabrik ». Sauf que, bien que l’on soit donc initialement tenté de faire la moue (notamment à la première écoute de « Kaltes Herz » qui donne envie de chanter « C’est-toi-que-je-t’aime… VACHEMENT BEAUCOUP! »), on découvre vite que V – Metal Machine Music contient lui aussi son lot d’incontournables, certes plus « classiquement Indus » que leurs aînés de l’album d’avant, mais boostés par une aptitude certaine au décollage épique et à la dramatisation réussie. Ainsi le très bon « Fly Martyrs Fly » (rien à voir avec Marty Mc Fly: ici on cause des malheureux passagers de la Germanwings qui ont réussi leur tentative de suicide collective entre Barcelone et Düsseldorf) renoue délicieusement avec l’exercice du morceau « Il Marche à la Wonder » boosté aux samples anxiogènes. Et tandis que « Vampire Strikes Back » nous colle son refrain à base de « A Moving Target… » dans le crâne, l’hyper efficace « Alive In A Glass Cage » nous rappelle instamment qu’il est heure d’aller bouger notre graisse en rythme on da beat. Et ce n’est pas fini car « Kaos Reigns » nous matraque la couenne à un rythme éprouvant sans pour autant oublier de développer une accroche juteuse et durable, préparant le terrain à l’evil Electro d’un « Bonded By Blood » qui pourrait sans mal être étudié en Ecole de Musicologie comme l’archétype du Metal Martial à l’allemande.

 

Pour ceux qui ne lisent que les conclusions, je résume: si vous voulez retrouver l’efficacité du Metal Indus thrashisant du Die Krupps des 90s, le tout servi avec un soupçon d’Electro dansante réminiscente de The Machinists of Joy, précipitez-vous sur V – Metal Machine Music – le seul reproche valable pouvant être émis à l’encontre de cet album étant un niveau de tubosité un poil en deçà de l’opus précédent. Pour les autres, si White Zombie, Punish Yourself, Rammstein, Liedemann ou les vieux Ministry ravivent le lustre de votre poil, ce 8e album ne pourra que vous titiller hardiment le levier de vitesse.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Moins « Machine à tueries danceflooresques » que The Machinists of Joy, V – Metal Machine Music s’en retourne vers le Die Krupps des 90s, quand la dimension Metal était plus prégnante et que les albums commençaient par un chiffre romain. Si on se prend une claque moins énorme qu’il y a 2 ans, de petits brulots comme « Fly Martyrs Fly », « Vampire Strikes Back », « Alive In A Glass Cage » et « Bonded By Blood » valent largement le détour!

photo de Cglaume
le 04/09/2015

1 COMMENTAIRE

Eric D-Toorop

Eric D-Toorop le 04/09/2015 à 23:23:38

Die Krupps toujours entre Classique du genre à enluminures dorées et cahier de brouillon griffonné...


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