Ditz - Never Exhale

Chronique CD album (38:20)

chronique Ditz - Never Exhale

Ditz compte parmi ces groupes qui, dès leur 1e album, attirent l’attention de ceux qui savent dans quelle direction souffle le vent de fraîcheur. Ils savent que le combo en a encore sous le pied, qu’il dévoile à peine l’étendue de son univers, mais sans se retenir, en cela que dès le 1e galop d’essai, il lâche les rênes (et non pas les rennes) et étale ses tripes sur un public médusé qui ne peut qu’en redemander. Après quelques EPs adoubés par Idles (son frontman Joe Talbot les considère avec emphase comme le plus grand groupe de rock du monde à l’heure actuelle) pour qui ils ont chauffé les planches de la manière la plus incandescente, les Britanniques sortent The Great Regression, la même année que le brûlot de leurs cousins ricains de Chat Pile. Deux albums qui se répondent, que, à titre personnel, j’ai fait tourner à la suite l’un de l’autre, en boucles. Dès lors, le groupe n’a pas quitté la route pour en offrir sa version live, car c’est bel et bien sur scène que sa musique prend tout son sens, emmenée par un Cal Francis habité, en transe dans sa robe champêtre, et aussi nonchalant que Raygun Busch qui lui, préfère arpenter l’espace torse nu. Je me souviendrai de ce soir d’octobre, sur le trottoir devant la devanture d’un disquaire qui, pour fêter ses 10 ans, les a invités. A peine débarqué de sa camionnette, créant un mini embouteillage parisien, sans aucune autre forme de procès, le combo a fait trembler tout le quartier, au grand damne des riverains bourgeois et pour le plus grand plaisir du public convié à la fête, le tout sous le regard méfiant mais indulgent de la maréchaussée. En clair, si sa musique se gorge de rage dans sa version studio, c’est en concert qu’elle prend son envol.

 

Autant dire que ce second opus était attendu, non pas au tournant, car on accorde toute sa confiance au groupe, mais avec l’impatience des acariens trépignant avant l’ouverture du Salon de la moquette. Et autant dire que Ditz ne déçoit pas et place, dès le début de l’année 2025, un bijou qui figurera en fin d’année dans tous les tops de bon aloi. Dans la continuité de son prédécesseur, Never Exhale délivre une collection de tubes furieux, hypnotiques et bondissants. Car si on y décèle les influences assumées, parmi lesquelles les regrettés Shellac (RIP Steve Albini), on y perçoit surtout une personnalité affirmée qui puise dans ses propres racines. Lorsque Francis répète à l’envi ses lignes vocales, comme des mantras qui se fracassent sur les murs qu’un damné martèle de son crâne pour en expulser ses démons, c’est souvent sur une rythmique énergique et bondissante comme ses compatriotes de Does it Offend You, Yeah ? (écoutez « Four » pour vous en rendre compte) savent en composer. En d’autres termes, dès son entame, Never Exhale engendre une irrépressible envie de danser, de sauter sur place pieds joints en jouant des coudes avec son voisin, prêt à recevoir le chanteur s’adonnant à un sauvage stage diving.

 

L’album a été composé sur la route, en tournée, dans les loges, dans ces moments de pause entre 2 dates. Et ça s’entend. On imagine aisément la spontanéité des idées jaillies backstage et dont le groupe a su exploiter toute la vigueur pour la préserver en studio. La magie de ce rock noisy à l’esprit punk en diable repose sur ce savant mélange entre riffs incisifs, assise rythmique entraînante et lignes de chant inquiétantes dans l’expression de leur ire. D’ailleurs, si on tape volontiers du pied en écoutant l’album, s’il donne envie de déchaîner les enfers dans un élan cathartique, il n’en garde pas moins un caractère sombre et dépressif. Témoin ce glissement progressif, d’un titre à l’autre, vers une ambiance plus plombée, dans sa seconde moitié. L’urgence des titres courts (2 à 3 minutes en moyenne) se perd dans le désespoir qui prend racine sur les derniers morceaux, dont celui qui clôt l’album, 7 minutes au compteur. En somme, Ditz transforme l’essai et confirme qu’il faut désormais compter sur lui pour faire tonner la scène noise internationale, en 1e ligne.

photo de Moland Fengkov
le 24/01/2025

9 COMMENTAIRES

Aldorus Berthier

Aldorus Berthier le 25/01/2025 à 05:57:55

Meeeh, vu que j'ai pas aimé faut-il en conclure que mon top 2025 sera d'ores et déjà de mauvais aloi et que, par conséquent, je ne suis finalement qu'un béotien aux goûts musicaux des plus discutables ? 😭

pidji

pidji le 25/01/2025 à 08:18:03

Hahaha
Moi de mon côté j'ai encore adoré. Excellent nouvel album de DITZ, qui donne envie de les revoir en live.

Moland

Moland le 25/01/2025 à 08:47:36

Aldo : la réponse est oui !

Moland

Moland le 25/01/2025 à 08:48:09

D'ailleurs, en parlant de top, Pidji, c'en est où ?

el gep

el gep le 25/01/2025 à 14:00:03

Faut que j'écoute ça, depuis l'temps !
Et sinon, Francis est non-binaire revendiqué, iel, ou juste amusement ou encore provoc, vous savez ? Je suis curieux pour de vrai, hein, rien de mal placé.

(et puis moi aussi je jouais en robe, y'a 20 ans de ça, mais c'est vrai que j'ai fait aussi en slip et... en anorak)

Moland

Moland le 26/01/2025 à 13:53:27

On veut voir les tofs en slip !

el gep

el gep le 26/01/2025 à 14:34:37

J'ai dû avoir ça quelque part...
Et sinon pour Francis, t'en sais quelque chose ou ça reste un mystère ?

Moland

Moland le 26/01/2025 à 14:54:55

Non, j'ai pas creusé la question, à vrai dire

el gep

el gep le 26/01/2025 à 15:32:51

Alors le mystère reste entier.

(j'aime bien le mystère cela dit)

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