Drawbacks - How We Feel

Chronique CD album (30:25)

chronique Drawbacks - How We Feel

Quand on connaît la ribambelle de groupes Punk-Hardcore Lillois à l’Aura notoire (Tang, Fake Off, Mörse, pour ne citer que mes petits préférés) on ne peut que se réjouir de la sortie dernière d’un album issu de cette scène. Drawbacks est donc, vous l’aurez deviné, un combo originaire de la cité Nordiste et qui a déjà fait l’objet d’une chronique sur nos pages. Son dernier Ep Common Impairments avait à l’époque emporté l’adhésion, non par sa singularité mais plutôt par son efficacité et sa verve brûlante.

 

Si Common Impairments flirtait davantage avec la scène Skramzy, c’est une toute autre histoire sur How We Feel qui lui est bien plus typé Melodic Hardcore à la Comeback Kid, Verse, Modern Life Is War ou encore Miles Away. Sans plus aucune équivoque, Drawbacks fait désormais dans un Hardcore toujours aussi mélodique mais bien plus rentre dedans. J’en veux pour preuve formelle la production de l’album qui s’est faite aux States des Etats-Unis. Des potards poussés jusqu’aù point paroxysmique de la surpression et des instruments vraiment retentissants. Le groupe au final sonne comme au Pays de l’oncle Sam et gagne beaucoup en percussion par rapport à leurs modestes EPs. Ça me rappelle un peu le regretté combo Draft et le faussé abyssal qu’il pouvait y avoir entre une production vraiment fauchée sur Slow Motion Suicide et une bien plus flatteuse sur Harmonic Distorsion. Voilà après ça reste une question de goût, j’avoue apprécier les deux approches… La plus auto-gestionnaire et Crass comme la plus professionnelle et dégoulinante de pétrodollars.

Voilà pour l’aspect purement technique et les coulisses d’une production Over-balaise et qui plus est orchestrée par Jay Maas (Defeater, Death of a Nation, Bane, Title fight…), voilà de quoi vous donner un peu le background du préposé aux potards. Mais quand bien même la qualité d’How We Feel, une production aux petits oignons peut être aussi accessoire que de minutieux réglages avant le début d’un concert Anarcho-Schlag-Punk détendu d'la performance. Comme dirait le combo Breizh-Illiens Punk à Foin : « Le principe des balances, on s’en balance !!! »

 

Venons-en maintenant au contenu même de la chose et à la dimension, pour le dire pompeusement, « artistique » du Skeud. Franchement, ce premier album de Drawbacks est une grosse réussite tant pour la production que pour les dix compos qui figurent sur How We Feel. Le premier morceau « Basics » allie force et subtilité, rage et tristesse, avec un Break inaugural qui nous laisse déjà envisager un jouissif 2 Steps avant de conclure le morceau sur une complainte hardcore un peu plus Down-amer. En deux minutes montre en main, on a déjà ressenti un beau panel d’émotions et sommes passés par quelques cathartiques états.

« Movement » est seulement le deuxième morceau et je comprends déjà que les deux guitaristes vont régaler tous azimuts. Deux partitions jouées harmoniquement en lien l’une avec l’autre. Des accords puissants et fonceurs d’un côté avec de l’autre des harmonies qui étoffent un propos dont on se délecte mélodiquement. Encore un morceau empreint à la fois d’une profonde mélancolie lorsque les constats politiques et affectifs sont faits et d’un volontarisme plein d’espoir armé d’un riffing bien plus nerveux lorsqu’il s’agit de dépasser ces états de faits. Je ne m’étalerai pas davantage sur les autres pistes du disque, si ce n’est pour dire qu’elles s’écoutent sans aucun accroc et avec un enthousiasme présent de bout en bout. Juste pour finir sur le final plombant de « What We Leave » qui m’évoque le Post-Punk clair-obscur et éthéré de Bien à toi ou encore les célestes ballades d’Anteros. Une Outro progressive qui, comme si nous étions encore partagés sur la couleur à donner à How We Feel, ne peut que confirmer cette tendance au spleen, et ce malgré les nombreuses teintes d’espoir (« Rebuild », « Never Ending »).

 

Si l'on prête un peu attention aux paroles, on trouve beaucoup de choses sur les questions d’héritage et de transmission (« Basics », « Ancestors », « Rebuild ») : Des thématiques et des messages polotico-friendly souvent scandés lors d’exaltants Sings Along.

 

« Let’s reclaim our lives back. A better world is to build. Today more than ever. For the next generations ».

 

Une prédisposition à l’engagement chère à Drawbacks et à cette scène qui a toujours cherché à promouvoir collectivement les convictions et les valeurs qui l’animent ; aussi dans le but de la faire exister au-delà du temps existentiel des groupes et des individus qui la font vivre. Avec Drawbacks et son passionné, détonant, Groovy et poignant How We Feel, il n’y a aucun souci à se faire, la transmission est bel et bien assurée…

 

photo de Freaks
le 04/12/2019

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