Echoplain - In Bones

Chronique CD album (26:59)

chronique Echoplain - In Bones

Putain le job était supposé être facile. Tu débarques un an après la bataille, genre « j’ai pris le temps, j’arrive avec le recul et la mesure, écoutez ma Parole ». Tu dis tout le bien que tu penses du bouzin, contrebalancé par suffisamment de critiques d’ordre techniques et/ou émotives pour asseoir ta crédibilité. Tu finis sur une note condescendante, entre philosophie de comptoir et paternalisme à la con. Emballé c’est pesé. C’était le plan.
 

« Tout le monde a un plan jusqu’à la première droite dans la gueule », comme disait l’autre bouffeur d’oreille zozotant. La première droite s’appelle « Milla Jovovich », et le plan s’est fait la malle plus vite que Ruby Rhod devant les Mangalores.
 

Les gars vénèrent les 90’s et la scène Noise. Donc déjà on est entre gens de bonne compagnie. Mais surtout, au-delà d’aimer la scène, on sent que les gars ont compris la scène : ce petit bijou de « Push », placé idéalement en uppercut après le jab-jab-crochet d’un « Milla Jovovich » explosif, d’un « Closer » plus orienté hardcore mélo, et d’un « Chicken Run » très Jawbox, le titre convoque tout à la fois Sonic Youth et Helmet avec une intelligence terrifiante.

Logiquement le reste devrait faiblir. Mais non. Le bestiau a du cardio, il va falloir continuer à encaisser. « You Won’t Find Me » transpire le Jesus Lizard de la grande époque, entre ressassement et insolence. « Disko Boy » nous rappelle dans un premier temps au bon souvenir de leur déjà excellent Polaroid Malibu, avant de laisser percer à mi-titre ce que je soupçonne être une trompette (jugez-moi, je mélange les cuivres) pour une seconde moitié particulièrement inspirée. « Jeffrey » offre une respiration toute bienvenue (et toute relative) avant le final « Bourrinou », au nom charmant et au sommet sur tous les aspects (avec notamment une ligne de chant parfaite, et des riffs syncopés du plus bel effet).

 

On soigne l’entrée, on soigne la sortie, et entre les deux on a bien soigné toutes les mâchoires présentes. La dentisterie française a de beaux jours devant elle.
 

Et on n’a même pas parlé du son. Enregistré et mixé au Ufo Studio de Paris par Alexandre Mazarguil, les gars profitent d’une prod puissante, bien plus orientée post-hardcore 90’s que sur l’effort précédent, avec une basse tout en rondeur sournoise, des grattes acides à souhait, et une batterie au milieu du jeu, comme on aime. Un son parfait pour laisser s’exprimer tout le talent des musiciens présents : Stéphane Vion multiplie les démonstrations derrière les fûts, tout en ayant le sens de l’économie sur les phases plus Noise, Emmanuel Bœuf enchaîne les riffs, parfois écrasants, parfois lancinants, sur la corde entre dissonance et mélo (cette moitié de « You Won’t Find Me »), la basse de Clément Matheron est écrasante de présence et de charisme, isolée comme au milieu de la saturation. Stéphane, également au chant, se paie même le luxe d’une bien plus grande variété que sur l’opus précédent : on entend toujours Lou Barlow, mais plus seulement, ça convoque toujours les illustres aînés, mais au service d’une voix qui s’est d’ores et déjà trouvée.

 

Allez, juste histoire de dire, j’enlève quand même un point pour l’artwork, qui m’a beaucoup moins touché que celui de Polaroid Malibu, et qui en plus m’a fait chercher des jours entiers quelle pochette ça me rappelait (quête non achevée, merci de demander). Mais c’est vraiment pour chipoter et pour laisser de la marge pour un futur album qui ne pourra qu’être plus addictif encore.

 

Pas évident de dire « merci » tout en ramassant ses dents. Mais merci les gars. Promis on mettra moins de temps la prochaine fois. Ou pas. Mais on sera là, souriants pour la distribution de baffe, façon Sanka Coffie.

photo de Thedukilla
le 07/04/2025

2 COMMENTAIRES

el gep

el gep le 07/04/2025 à 10:08:09

"Tu dis tout le bien que tu penses du bouzin, contrebalancé par suffisamment de critiques d’ordre techniques et/ou émotives pour asseoir ta crédibilité. Tu finis sur une note condescendante, entre philosophie de comptoir et paternalisme à la con. Emballé c’est pesé"
Ou comment pousser au suicide tout scribouillard bénévole.
"C'est donc ça ce que je fais ... ce que je suis ... ce petit machin nul? Mais je suis vraiment un prétentieux trou du cul alors ?"

Thedukilla

Thedukilla le 07/04/2025 à 13:59:20

Pas vraiment l’esprit CoreandCo, sinon j’y serais pas ^^

En règle générale, celui qui se demande s’il est un prétentieux trou du cul ne l’est pas, c’est le principe même :)

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