Escuela Grind - Dreams on Algorithms

Chronique CD album (30:02)

chronique Escuela Grind - Dreams on Algorithms

Le 18 octobre est une date un peu loin de la rentrée des classes à l’échelle d’une année scolaire ; preuve en est de l’insolence crasse d’Escuela Grind envers l'éducation de nos précieuses têtes blondes. Remarquez, accoler au terme d’« école » – même pas dans la bonne langue en plus (et je vous vois venir : ils sont Américains ça ne compte pas, bah si puisque le mot est en espagnol, vous m’aurez pas à ce jeu-là mes loulous) – un tel genre musical de dégénérés on ne peut pas dire qu'il y ait de quoi faire avancer bien loin le schmilblick.

 

Je veux dire, rien que les premières mesures toutes en riffs ultra abrasifs et rythmés au croc de boucher ouvrant les hostilités sur « DOA » me donneraient envie de balancer mon cartable dans l’enclos des crocodiles du zoo municipal si j’étais encore au collège. À plus forte raison, en regard de mon niveau lamentable en maths, que ce titre abrège la formulation Dreams on Algorithms – j'en ai rêvé, hein, d'algorithmes ; comment exprimer à quel point ça a tourné au cauchemar... Comment ne pas se laisser conquérir d’entrée de jeu avec un tel alignement des planètes allant dans ton sens ?

 

La cuvée Escuela Grind 2024 se garde peut-être de conserver cette ligne directrice anti-scolaire tout de son long, elle n’en reste pas moins diablement efficace, comme si cette invitation préliminaire à sécher les cours n’avait servi que de prétexte à te plonger dans son univers de brutalité cathartique. Les grindeux de Pittsfield versent moins dans le blast beat outrancier que dans un alignement de grattes aussi sèches que rentre-dedans (« Scorpion ») agrémenté de sa pelletée de mosh parts dévastateurs (« Concept of God »). Le mid-tempo de circonstance mâtine le grind d’Escuela Grind de ses petites touches hardcore flirtant avec le powerviolence (« Toothless »), voire death à ses heures (« Moral Injury »). Et jamais ne s’atténue la sensation de lourdeur latente que le groupe se forge album après album à grands renforts de structurations bien denses. En même temps, quand tu enregistres par chez Kurt Ballou (Converge), la qualité s’impose à minima dans ton mastering.

 

Une prod' plus léchée qu'une couille de mammouth relevant d’autant mieux la puissance ahurissante des growls d’une Katerina Economou dopée au Gazpille tout en soulignant la beauté de sa courte incursion mélodieuse dans le chant clair en opening de « Turbulence » – l’eusse-tu cru ? Venir, moi je l’ai pas vu. Donnant par ailleurs un relief élancé au peu de soli émaillant Dreams on Algorithms (« Animus Multiform ») comme à l’étalonnage éreintant offert par ses breaks dévastateurs (« Planned Obsolescence »).

 

Seulement voilà, une telle bouffée d’ultraviolence ne durant qu’une petite demi-heure, l’école buissonnière entamée pour se l’offrir ne s’avérera finalement que de courte durée. Qu’à cela ne tienne ; plus aucun obstacle ne peut résister à la bonne gnaque chopée à son écoute. Plus qu’à espérer qu’une fois le cartable récupéré au fond de la gueule des caïmans croisés plus tôt, le prof et les bullies du collège sachent se montrer conciliants devant la boule de haine qui se présentera devant eux…

photo de Aldorus Berthier
le 26/12/2024

6 COMMENTAIRES

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 26/12/2024 à 12:08:52

Le groupe est surtout "connu" pour sa chanteuse. Mais tout ceci reste bien inoffensif au final d'autant que c'est plus du Grind du tout.

Thedukilla

Thedukilla le 26/12/2024 à 17:14:46

En vrai en live au Black Lab c’était chouette. Bon esprit, accessibles, dans l’énergie.

Mais le terme « inoffensif » est tout à fait adéquat. Surtout coincés entre une presta bien abrasive de Chiens et un Napalm Death en mode diesel mais qui continue de faire le taf.

Au final ça fait un chouette pont teen-friendly pour aller du Hardcore vers des trucs plus velus.

Le plus dur à supporter dans ce set c’est les remarques lourdes d’une grande partie du public présent sur la chanteuse, alors même qu’elle propose une presta vocale plutôt carrée…
En meme demander de l’élégance de cireux en veste à patch-bermuda…

Aldorus Berthier

Aldorus Berthier le 26/12/2024 à 20:15:39

Ah jconfirme j'ai tapé la causette avec elle quand je les ai vus à Strasbourg c'était une crème.
Pour inoffensif que ça puisse être comme son moi j'en demande pas plus en tout cas 👌

Crom-Cruach

Crom-Cruach le 26/12/2024 à 20:37:55

Je préfère largement le Groin de Chiens.

Thedukilla

Thedukilla le 26/12/2024 à 21:59:51

Inoffensif avec du cœur, ou dangereux avec du poil, y’en a pour tous les goûts, c’est ça la beauté du truc.

Ptite préférence pour Chiens aussi, mais en vrai je reverrais EG avec plaisir.

Aldorus Berthier

Aldorus Berthier le 26/12/2024 à 23:43:09

Le mincecore ça a toujours été mieux, mais y en a moins de concerts :/

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