Faüst - Death Galore

Les descriptifs-chocs qui aguichent le chaland en promettant monts et merveilles dans le but de refourguer tel ou tel groupe plus ou moins sexy, on en a vus, entendus, subis de pleines brouettes, que ce soit via les discours promotionnels, ou dans les zones « About » des divers réseaux sociaux, musicaux ou non. Mais j'avoue que la teneur de celui résumant Faüst est assez décalée :

« Just 3 czech and 1 slovak boys with small penises doing what they love the most. »

Autrement dit : « Rien que trois jeunes Tchèques et un Slovaque à petites bites, qui font ce qu'ils préfèrent par-dessus tout »... On nous vend du rêve ! À ce niveau-là, soit c'est extrait d'une copie foireuse de concours d'entrée en école de comm', soit c'est carrément un coup de génie de créatif-star chez Publicis ! En tous cas, on peut leur reconnaître ça : ça interpelle, et change des « Avec Panzerator, préparez-vous pour la guerre totale ! » et autres « Satanic Rectum va déchaîner l'enfer sur Terre ! ».

Mais ce n'est bien sûr pas ce qui a permis à Death Galore d'atterrir en ces colonnes. Ce qui nous a mis la puce à l'oreille, c'est plutôt l'enthousiasme que celui-ci a déclenché dans certains microcosmes avisés d'amateurs de Thrash. Et ce micro-buzz disait vrai : le 2e album de Faüst (… sous ce nom, car les lascars en ont par ailleurs commis un sous le pseudo de Coldblooded Fish, si si, je vous jure) est une déclaration d'amour fougueuse au Thrash sous toutes ses formes, punk, technique, méchant, et tirant plus qu'occasionnellement vers le Death (sur 4 pistes quand même). D'ailleurs ils le reconnaissent volontiers, ceux-ci ayant présenté « Where Nightmares Reign Supreme », le premier single sorti en éclaireur, d'un laconique « Voilà ce qui arrive quand tu joues du Thrash mais qu'en fait tu adores le Death Metal ».

Death Galore est donc une formidable cour de récréation Thrash-mais-pas-que qui sent bon la jubilation et le on-s'en-fout-on-le-fait-du-moment-que-ça-sonne. Un vrai défouloir pour gamins doués, mais pas organisés. Ce qui explique que l'auditeur passe des grumeaux groovy d'« Entombed Alive » – du pur OSDM punky et rondouillard, entre un Obituary vénère et le meilleur du Criminal Art Motivation de Gothic, sur le refrain – à la cavalcade mélodique et relativement exigeante « White Torture », dont l'élégante crinière vole au vent, et dont la puissance est celle du musculeux pur-sang. Deux salles, deux ambiances, quoi. Sauf que des ambiances, il y en a bien d'autres. « Digital Decay », par exemple, consacre une bonne partie de sa première minute à un hommage couillu à Motörhead. « Lust Decontrol », qui commence toute basse dehors, finit en plein dans Spiritual Healing. Quant aux gardiens de la tracklist, postés en première et dixième positions, ils adoptent tous deux de nets accents voivodiens, ceci étant peut-être plus évident le long des louvoiements de « Conformity Slave ».

Le long de cette demi-heure mouvementée, on a un peu l'impression d'écouter une playlist génialement décousue, et jamais ennuyante – même si certains clichés, sur « The Cremator » notamment, sonnent un peu tièdes parfois. On kiffe cette basse toujours à l’affût, ces débordements dans le domaine du Punk, la voix de Kryštof (souvent entre tontons Schuldiner et Van Drunen), la totalité de la face A et une grosse partie de la face B... Et on réalise à nouveau à quel point l'une des clés, pour proposer du matos excitant, est avant tout de se faire plaisir.

La chronique, version courte : Faüst aime le Thrash, le Death old school, le Punk, Voivod, les guitares mélodiques qui foncent, la basse qui gronde, le gras qui groove. Et il n'a pas envie de se faire chier à organiser tout ça ni à faire des choix. Résultat ? Death Galore, un deuxième album qui se fiche bien de la cohérence et des convenances du moment que musiciens et auditeurs kiffent de concert !

Cglaume

le 17/02/2025