Faxed Head - Chiropractic
Chronique CD album (35:16)
- Style
Metal Autrement Capable. - Label(s)
Web Of Mimicry - Sortie
2001
écouter "Demon's Chills"
FAXED HEAD MADE ME DO IT.
Bienvenue en Enfer !
L'enfer des accidentés de la route, des soins quotidiens à domicile, des chiropracteurs peu regardants et des petits boulots qu'on refile aux attardés.
Énième projet du cintré en chef Mr. Trey Spruance de Mr. Bungle, Secret Chiefs 3 et mille et une nuits, Faxed Head m'est revenu dans les oreilles ces dernières semaines et j'en suis fort (malal-)aise.
Non que je l’aie oublié, Faxed Head ne s'oublie pas.
Mais je l'avais un peu délaissé, comme je délaisse un peu l'écoute de musique en général par manque de temps et d'occasions. Eeerf.
Inoubliable Faxed Head : c'est la foire aux Monstres, mais elle sent la mélancolie et même la tristesse, cette foire foireuse. Au-delà de la parodie, leur musique est touchante car il y a une sincérité, me semble-t-il, au-delà du grotesque, qui va chercher l'empathie, et finalement, la pitié... et c'est ainsi qu'elle est aussi tellement dérangeante. Cette tristesse et ce pathos de l'handicapé éclopé, de cette gueule cassée qui a perdu l'esprit, elle vient titiller des coinstots bizarres dans notre sensibilité que l'on préférait jusque là ignorer.
_ Attends, attends, attends ! Tu veux dire que ce groupe fait semblant d'être un groupe d'handicapés, euh d’Autrement Capables, pardon ?!? Qu'il est en réalité simplement constitué de mâles blancs dominants cisgenres tout ce qu'il y a de plus communs, ils jouent la comédie sur scène avec des accoutrements grotesques ?! Ces salauds se moquent !?! C'est offensant ! Ils doivent être effacés immédiatement !!!
_ Moi c'est ta Cancel Culture que je veux effacer, et que t'embrasses mon Cul. Pour commencer, où est-ce que t'as vu qu'ils se moquaient d'eux, hein ? Je viens de te parler d'empathie et de sentiments, trouduc... Alors s'il faut en plus approcher la notion d'humour noir avec toi, je sens que ça va pas être facile...
_ Oui, ben s'ils ne se moquent pas, alors c'est, c'est... de l'Appropriation Culturelle pure et simple !
_ Ouhlah... Ben merdalors ! Approprie-toi ma main dans ta gueule, plutôt ! Tiens !
BLAAF !
Bon, c'est parti pour une digression pénible.
La Cancel Culture...
Je sais pas moi, allez, exemple : imaginons, un de mes amis aurait fait de la merde. Suis-je vraiment obligé de lui tourner le dos et de l'effacer de ma vie ? Qui suis-je moi pour me poser en juge total ? Faut se poser quelques questions, en premier lieu. Et je vous les pose : êtes-vous parfaits, êtes-vous purs, êtes-vous le Bien, et l'autre qui a fauté, le Mal ? C'est ça votre délire ? N'avez-vous jamais déconné dans votre vie, au moins un petit peu ? Êtes-vous bien certains de ne jamais dévier ? Et où commence-t-on à effacer ? Où s'arrêter ? A quel degré de gravité ? Sommes-nous juges avertis, que savons nous au juste ? Et un ami, ça ne reste pas un ami même s'il déconne ? Pouvez-vous vivre avec ça ou êtes-vous lâches ? Car n'est-ce pas une lâcheté de fuir celui qui a fait le MAL, en un sens ? Oui, il y a des degrés de gravité, oui, ça dépend mon cher, hein, y'a ce qu'on peut supporter et ce qui nous est totalement insupportable, ou ce qui relève du danger, bien-sûr. Mais sinon, ne peut-on pas prendre note de l’événement, et le fautif devra vivre avec, avec ça et avec vous, vous qui savez ce qu'il a fait, et lui qui sait que vous savez. Vous avez tout à fait le droit de lui reprocher ses actes, et de les condamner, mais vous n'êtes juste pas forcément obligé de l'effacer, non ? Vous auriez une bien petite idée de ce qu'est l'amitié, une bien petite vision de la vie, et une très haute estime de vous-mêmes si vous voulez mon avis que vous ne vouliez pas je sais. Non, on vous demande pas de lui pardonner, encore moins de le soutenir dans ce moment difficile, ahah.
M'enfin, la peine de Mort, ça marchait pas. La prison, en l'état, ça marche pas. Vous croyez vraiment que l'effacement ça va marcher, que les gens vont devenir meilleurs ? Vous vous foutez pas un peu de notre gueule ?
Arf...
Ben tiens, avec cette digression, j'introduis celle-ci aux forceps (c'est pas plutôt pour extraire, les forceps ? Rien ne va plus...) : peut-on se servir d'une chronique de disque pour écrire sur autre chose ? Et au final utiliser la musique d'autrui pour s'épancher ? C'est pas un peu gênant de marcher sur le disque pour arriver à d'autres fins, à ses fins à soi (impénétrables et mystérieuses) ? N'est-ce pas un peu dégueulasse ?
Effacez-moi si vous le pouvez, si vous le voulez car j'ai fauté.
Je vais revenir parler de musique, mais bon faut bien piger que c'est celle de Faxed Head qui m'a poussé à écrire ces quelques pauvres paragraphes. Faxed Head, que certains ici à Coalinga aimeraient effacer... et l'ambiance sociale générale actuelle bien entendu...
Revenons à nos éclopés...
A plusieurs instants, on sent les bonnes vieilles obsessions Morriconiennes de Trey Spruance pointer, de toute beauté maladive au milieu de ce bric-à-brac vicié, avec un rendu assez unique (on n'est pas dans Secret Chiefs 3 pour autant), qui n'a pour ma part guère d'équivalent hormis peut-être ce morceau que j'adore : ''Harry Lauders Walking Stick Tree'', tiré d'une de mes obsessions, à moi. Même spleen crépusculaire, même démarche boiteuse, même difformité, même climat de western de guingois tout perché au peyotl.
Allez, Harvey Milk, eux aussi, ont atteint ces sommets inversés dans la désespérance. Et puis c'est tout.
(Allô, Diapsiquir ? Y'a quelqu'un? Oh ben il m'a raccroché au nez, dis !)
Le disque commence fort, ça Thrashouille zarby un peu à la Fantômas, des voix fécales nous accueillent, puis ça passe au Metal du Malin, et on zappe encore, on se retrouvera un moment dans des ambiances cinématographiques glacées à la Badalamenti sauce Lost Highway, et tout partira en couilles littéralement...
Moi, quesse que vous voulez, j'aurai toujours un faible pour ces groupes dont on ne sait que foutre, ces trucs ces machins inclassables, qui pétrissent une matière hétéroclite et rendent compte en grandes gerbes multidirectionnelles. Des bidules incontrôlables, Faxed Head en fait bien partie, pas de question à se poser. Les groupes qui mettent « tout le monde d'accord » (argh quelle expression de merde!), ça me fait chier.
Et puis, je sais pas vous, mais quand je regarde un bout de mon meuble à disques, ben ça peut donner ça : Botch / Les Thugs / Funkadelic / Peter Gabriel / Rory Gallagher / Reverend Bizarre / Infectious Grooves / etc l'un à côté de l'autre (oui, ma discothèque aurait besoin de rangement, mais s'il n'y avait que ma discothèque...). A l'autre bout, tiens donc c'est de la musique traditionnelle d'Ukraine qui enchaîne avec Everlast, John Frusciante et Party Dozen.
Quesse que vous voulez qu'j'vous dise... L'assemblage de Frankenstein semblerait plus cohérent. Mais c'est ça le sel de la vie, y'a d'la Vie bordel !
Ainsi vit Faxed Head, dans ses moignons, ses tentatives, ses plages bruitistes in-ter-mi-nables. Mais sensées ! A un moment, on est avec eux au bord de la petite route en ligne droite, comme des cons à regarder passer les voitures en se sentant vraiment pas très bien.
Il faut ressentir ce poids, et écouter ce son inlassable. Il faut forcément être patient. Non, pas patient, on est au-delà de ça, c'est de l'abstraction, de la résilience, de l'autisme, de l'abnégation !
C'est de la musique de dégénérés ! Ou plutôt, plus précisément, elle met en scène ce que pourrait être de la musique de dégénéré, une farce de forains difformes, une foire aux monstres, disais-je en non-introduction. Des monstres au final très humains, qui ont leur histoire, leurs envies et leurs frustrations, ici clairement étalées sous nos yeux voyeurs, chaque chanson étant une petite tranche de vie de nos Autrement Capables en question.
L'histoire de base étant, si je me souviens bien, un truc du genre : une bande d'handicapés mentaux et/ou physiques du petit bourg de Coalinga ont un accident de bus et en ressortent encore plus handicapés. Certains ont péri, d'autres ont survécu, mais dans quel état ! Afin de transcender leur condition, quelques-uns décident de former un groupe de Metal : Faxed Head est né.
Mais la légende officielle dit autre chose : ils auraient en fait survécu à un suicide collectif !
Qui croire ? Ne faites confiance à personne.
Et du Metal, y'en a, du Death bricolo d'arrière cour, y'a même du très bon Black Metal dedans. Même qu'il arrive, la première fois, boum sans prévenir, ça fait tout bizarre le Black Metal, là, même ensuite quand on connaît le coup, ça marche encore trop bien ! ''Demon's Chills'' ou comment son auxiliaire de vie il a empoisonné notre protagoniste à prothèses avec une bonne vieille intoxication alimentaire des familles, look : un pot de crème périmé.
Ou un truc du genre, je garantis pas la précision de l'histoire, je suis pas tout à fait polyglotte non plus et puis... j'aime bien garder une part de rêve, ça vient de quand j'étais petit et que j'entravais rien aux paroles en anglais. Bon, en vrai, celles en français non plus, j'y pigeais souvent pas grand-chose. ''My brain muscles are SORE !!'' Mais ça fait partie du truc pour moi, d'ailleurs ''The Four Freshmen'' faisait référence à Metallica dans ma tête malade et mes souvenirs ineptes, et je croyais que ça racontait un truc du genre un gars de Faxed Head va voir Metallica en concert et décide ensuite de monter son propre groupe de Metal. Force est de constater qu'il n'en est rien, et plutôt même tout autre, puisque nous convoquerons ici plutôt un groupe vocal réel (d'où la, houm, parodie ? proposée par le groupe ici) où il n'y avait plus qu'un seul des quatre membres encore vivant au concert en question. Gênant, pour coller des harmonies vocales tout seul, c'est pas top-top.
Mais peut-être que ça parle aussi de Metallica, hein, allez savoir... Je vous laisse découvrir.
Je vous laisse découvrir la chiropraxie. Un truc de rebouteux, quoi ! Peuh, barbares ! C'est bien évoqué dans le morceau-titre.
Mais, éh, je me rends compte : attention, je ne suis pas en train de vous parler d'un disque débilo-blague, j'espère que vous avez bien compris, c'est pas du pouet-pouet ici, même si c'est un humoriste qui fait le chant (Neil Hamburger en l’occurrence).
Y'a d'la tape manipulation de ouf aussi, ce qui ajoute au charme du groupe, je ne vais pas vous le cacher. Tout est imprévisible du coup, ce que vous écoutez peut être soudainement zappé par le manipulateur de bande qui fait partie intégrante du groupe, comme un autre musicien normal, ahah. Fifth Head le dénommé. Ses interférences ne seront pas excessives non plus, ce qui permet de pouvoir écouter ce disque sans souffrances inutiles.
(Fallait pas me croire)
Sauf que : ils ont fait une « reprise » (beurrghlkjytrefffg !, ouais, si on veut...) de 2 Pac.
Je vous laisse découvrir aussi.
*yo !* Je voulais réécouter l'originale – ''California Love'', hein – , mais avant quoi que foutre me suis tapé une pub sur youteub pour un électro-trancheur de patates, ou un truc dans le genre ; mais c'est quoi ce délire d'internet pourri par la pub sauf quand tu paies, faudrait faire une révolution putain ; mais bon sinon j'ai saisi et je kiffe la légère ressemblance des morceaux finalement, avec ce foutu vocoder *yo !*
Vas-y j'vais pas tout vous mâcher jusque dans votre bouche, j'vous laisse fouiner. Sachez juste qu'ici, il y a aussi de la beauté, et de la place pour la poésie. C'est même ce qui fait de Faxed Head un groupe si... violent.
« Pills, pills, dreaded pills
Spread for all to see
Pills, pills, so many pills
Seen by none but me.
Tears, tears, painful tears
Flowing for all to see
Tears, tears, so many tears
Seen by none but me.
Pain, pain, deathly pain
Shown for all to see
Pain, pain, so much pain
Seen by none but me
Death, death, peaceful death
There for all to see
Death, death, so much death
Seen by none but me
Pills and tears and pain and death
In me, for all to see
Dreaded, painful, peaceful death
Ignored by all but me
The pills give me my means of death
The tears for a life to cease
The pain for no one caring enough
And death to bring me peace. »
Faxed Head connaît bien mieux le Black Metal que toi. Faxed Head deviendra ton nouveau groupe préféré. Faxed Head finira bien par sortir avec ta meuf et lui faire sniffer de la colle car en plus d'être poésie, Faxed Head est un bâtard qui n'a rien, mais alors rien à perdre. Mais laisse-le sortir, il a ses piqûres et massages à 15h30, et ensuite il doit se fournir en fentanyl, c'est pour après la répèt ce soir, merci.
4 COMMENTAIRES
cglaume le 10/11/2024 à 13:08:10
Un album qu'il a carrément sa place en ces colonnes !
el gep le 10/11/2024 à 17:37:07
Manquerait plus qu'on discrimine les handicapés !
Crom-Cruach le 12/11/2024 à 22:48:35
J'aime autant tes bafouilles que j'aime pas les groupes incriminés dedans. Tu es le Quentin Dupieux de la chronique.
el gep le 13/11/2024 à 00:27:10
Ahha !
Béh The Bobby Lees, tiens par exemple, t'as pas essayé, je penserais que ça te botterait bien, moi, non !?
Faxed Head, c'est spéco...
Sinon Dupieux je connais pas vraiment, mais c'est marrant il a un peu la même gueule que moi.
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