Fool Gator - LOGic

Chronique CD album (40:40)

chronique Fool Gator - LOGic

Objectivement, il n’y avait a priori aucune raison de détester cet album. Tout d’abord parce que – petite pointe nostalgique et trémolos dans la voix – ma première chronique pour Core&Co était celle de Gool Fator, l’EP précédent de ces barjots d'américains. Ensuite parce que Fool Gator se fout des idées préconçues comme des convenances, et qu'il n’en fait qu’à sa tête. Et c’est précieux les groupes vraiment liiiiiiiibreuh-Max, dont le credo est l'exploration des chemins de traverse musicaux. Autre considération qui ne pousse pas au lynchage gratuit: ce sympathique duo est autoproduit, il fait ce qu’il peut avec ses modestes moyens, loin des vitrines à paillettes des gros labels. Enfin, argument de poids dans la balance à amour: en prenant le recul nécessaire, on pourrait décrire LOGic comme un condensé de ce que Mr Bungle a fait lors de ses pires accès de folie-douce Disco Volantienne, nuancée par les élucubrations de Sleepytime Gorilla Museum, le tout élevé dans les éprouvettes du laboratoire le plus secret d’Anthurus d’Archer. Et d'habitude, ce genre de références me met le calcif et la notation en ébullition, croyez-moi...

 

En plus, cadeau Bonux sur la tarte aux cerises, matez-moi donc cette tracklist: 21 morceaux aux titres délirants, pour une durée moyenne ne dépassant guère les 2 minutes … Griiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiind quoi!!!!!!!!

 

Oui mais non en fait, là c’est carrément too much. Car LOGic n'a de cesse de nous râper les nerfs sur une vieille plaque de metal rouillée, tout en nous enfonçant un compas dans les molaires. Si si, ça fait à peu près ça, juré. C’est furtif, incohérent, psyché, inconsistent, dissonant, intangible, et souvent à la limite de l'anti-musical. C'est simple: sur la grosse majorité des titres, on a l’impression d’observer les allées et venues des pensionnaires d’un asile de fous, la scène étant perçue à travers les brumes épaisses d’un cerveau malade, perpétuellement englué dans les vapeurs matinales d’un bad trip persistent. Pour faire plus descriptif, on dira que le gros de ces 40 minutes est constitué d’un mille-feuilles de pistes qui jouent toutes perso, tel instrument faisant des zboïïng zboïïïng bien dissonants dans son coin pendant que des bruits divers pavent un espace sonore très imparfaitement rempli. Là-dessus Bennett nous gratifie de quelques interventions cartoonesques éparses, tandis que Mamzelle Nareh pose sa voix plus ou moins déformée dans un arrière-plan brumeux, s’excusant presque d’être là, sauf lors d’élans d'une soudaine et brutale folie où elle se laisse aller à quelques hurlements bien criards, accompagnée d’un crescendo désagréable du chaos sonore ambiant. Et pour enfoncer le clou informe dans cette pièce musicale invertébrée, aucune batterie ne colonne-vertébralise ces 21 délires, dont la charpente – qui n'a même pas une vraie trame mélodique à laquelle se raccrocher – ne tient dès lors plus sur grand-chose…

 

Evidemment que tout cela est voulu. Certes, mais à quoi bon si c’est pour qu’on laisse tomber l’affaire au bout de 6 titres, les nerfs en pelote (Non non, rassurez-vous: je me suis bien tapé au moins une douzaine d’écoutes studieuses)? D’autant que Gool Fator – dans le même esprit, mais moins jusqu’au-boutiste – nous avait montré que ces 2 musiciens fous sont capables de belles choses. Et d’ailleurs on s’en rend à nouveau compte sur la country légère et nasale de « Papa Birdy », sur le trip oriental hypnotique et planant qui illumine la 2e moitié de « Mitochondrial Eve » ou sur la sympathique ritournelle clap-your-hands qui squatte « Mr. Goldfly ». Alors quoi? Bennettet et Nareh sont de doux rêveurs extrémistes à la démarche anti-commerciale, désintéressée et purement expérimentale? Peut-être bien... Sûrement même. M'enfin ça ne suffit clairement pas à remplir la citerne à fuel endorphinien.

 

Vous aurez donc compris que LOGic est à déconseiller aux mélomanes non avertis, l’effet de celui-ci sur les masses pouvant se révéler aussi dévastateur que l'écoute du dernier Carpathian Forest pour le système nerveux d’un fan de Frédéric François. Ce 1er album en forme de raid kamikaze risque donc malheureusement de faire plouf! auprès du public metal, même chez les plus ouverts d’esprit et les mieux intentionnés. Bref, voilà un LOGic qui – pour le coup – (attention, blague de geek matheux inside!!) fout les Boole.

 

La chronique, version courte: trip expérimental jusqu'au-boutiste carrément indigeste.

photo de Cglaume
le 15/08/2011

2 COMMENTAIRES

Ukhan Kizmiaz

Ukhan Kizmiaz le 15/08/2011 à 19:09:01

Le compas dans les molaires, mais taré va... j'ai failli vomir

cglaume

cglaume le 15/08/2011 à 19:23:10

:)))))))))

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