Fool Gator - Saki

Chronique CD album (39:30)

chronique Fool Gator - Saki

Ils sont masos. Les Fool Gator sont complètement masos. Déjà parce qu’ils évoluent dans la frange la plus expérimentale et forcément la moins abordable de la famille nawak-avant-garde-schmurtz-metal-rock, entre un Sebkah-Chott mal luné et un Mr Bungle en proie à des hallucinations - autrement dit dans un style assez peu porteur (bonjour la litote!). Ensuite parce qu’ils me proposent de me pencher sur leur 2e album, Saki, alors que j’avais été peu tendre avec LOGic, leur précédent opus sorti plus tôt cette année.

 

Mais plutôt que de digresser à tout va, resituons si vous le voulez bien l’action en quelques mots. La première production du groupe - l’EP 3 titres Gool Fator - s'était révélée bien sympa malgré des carences certaines et une tendance à péter les plombs de façon pas toujours compatible avec le plaisir de l’auditeur lambda. Quelques temps plus tard, leur 1er album - LOGic, donc - avait creusé plus avant le côté obscur de la Force, atteignant des profondeurs mésosphèriques laissant le cglaume aussi refroidi qu'abasourdi, la queue entre les jambes (plutôt en position recroquevillée que crânement verticale) et l’enthousiasme en berne. Pour bien comprendre de quoi il retourne, il faut savoir que le groupe ne s'embarrasse d'aucune véritable section rythmique (pas de batterie à l'horizon) et que l'enrobage sonore de ses élucubrations discographiques est digne des meilleurs enregistrements de répètes d'après apéro… Forcément cela dote assez logiquement les américains d’un son anémique assez éloigné des standards usuels du genre (le groupe se réclamant quand même de la scène avant-garde metal). Dans ces conditions, mieux vaut proposer du matos de premier choix afin de ne pas rapidement perdre les rares auditeurs…

 

De ce point de vue, c'est vrai que Saki fait mieux que son aîné. L’album, s’il s’éloigne toujours plus loin des rivages metal (mais Fool Gator a-t-il jamais été vraiment un groupe metal?), freine un peu sur le tout-sans-dessus-dessous pour raccrocher régulièrement les wagons du train blues rock. Cette tendance est bien entendu amenée principalement par la guitare, mais également par la voix de Nareh, plus diva rock déjantée que jamais. Ecoutez donc « Bottom Lady » ou « Don’t Slander Me », et dites-moi si vous ne verriez pas le groupe foutre le feu à la scène d’un petit club de blues enfumé… Mais les américains n’ont pas non plus changé du tout au tout. Ceci pour le meilleur, quand ils donnent dans la parodie cartoon country à la Primus (cf. « Ranchero Mind »), quand ils tricotent le superbe patchwork aux multiples visages qu’est « Pic-nic », ou encore sur les 2 dernières minutes de « 1left^"T"0right?*      *. », plus fortement chargées en âme. Mais également pour le pire, quand ils se livrent à des haïkus musicaux psychotiques sans queue ni tête, entre bruitisme arty, saturation et amusicalité inconsistante (« On Top Of It », « God Damn Those Redwoods », « Footman », « Galactose Intolerance »…).

 

Certes, Saki aura été plus agréable à écouter que LOGic. Maintenant j’exagérerais si je vous disais que je compte me repasser régulièrement l’album, car si le groupe revient vers plus d’accroche, il ne s’est pas encore débarrassé de ses travers les plus handicapants. M’enfin si vous n’êtes pas contre une séance d’ébats bruyants exécutés avec camisole de force en cuir noir, gros nez rouge, ceinture-god, fouet et entonnoir sur la tête, cet album pourrait bien vous titiller le pistil. D'ailleurs essayez donc voir ici si ça vous chatouille ou si ça vous gratouille...

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Saki est un laboratoire minimaliste où sont effectuées des expériences mêlant blues rock, zouaveries Bunglesques et crises d’hystérie cartoonesque noisy... Avec le budget et les résultats hasardeux d'une équipe de R&D kirghize, malheureusement.

photo de Cglaume
le 06/01/2012

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