Frail Body - Artificial Bouquet

Chronique CD album (40:45)

chronique Frail Body - Artificial Bouquet

Si l'année dernière avait déjà été plutôt généreuse en sorties 'screamo et dérivés' (on pensera par exemple à Ostraca, Néboas, Øjne ou encore Zmar), ce début 2024 semble venir confirmer ce mouvement de fond, avec déjà l'excellente surprise Infant Island en janvier, un nouveau Glassing à venir à la mi-avril ou encore les très sympathiques Basque et Votto dans la seconde moitié de mars. Et donc, vous avez bien lu l'entête de cette chronique, ce nouvel album de Frail Body, Artificial Bouquet.

 

On avait laissé le trio de l'Illinois il y a cinq ans déjà, quand leur superbe A Brief Memoriam avait marqué la scène. Depuis, malgré une version live de ce même album, c'était silence radio, à peu de choses près.

Ici, la première chose qui frappe, c'est la pochette, dont l'explosion de couleurs (très semblable à celle de la collab' entre Converge et Chelsea Wolfe, et c'est d'ailleurs sans surprise Bannon qui l'a réalisée) contraste en tous points avec le noir et blanc sobre qui ornait A Brief Memoriam. Assez pour imaginer au premier regard que le groupe aurait opéré un virage semblable dans la musique qu'il propose ?

 

Alors rassurez-vous si cela vous inquiétait, comme les singles dévoilés l'ont déjà laissé entendre, la direction d'ensemble reste la même, et ça piaille toujours autant, sans inserts de voix claires (ouf). Sur Artificial Bouquet, si couleurs il y a, ce sera essentiellement la multitude de détails apportés aux compositions, pleines de reliefs d'une sensibilité à fleur de peau qui parvient à toucher fort de par la grande sincérité qu'on y perçoit, sans sombrer dans les clichés.

 

Il y a toujours eu une certaine douceur chez Frail Body, bien que sombre et déchirée. Dans sa chronique du précédent, Tookie parlait bien de cette sensibilité qui se dégage de chaque instant, et cela est tout aussi vrai sur Artificial Bouquet. Mais là où A Brief Memoriam allait à peine chercher le quart d'heure de vie, Artifical Bouquet dure près de trois fois plus longtemps, ce qui pourra paraître un peu long pour le style, et qui se trouve être peut-être l'une des seules choses dont j'aurais à redire à propos de cet album.

 

Car sinon et malgré tout, le disque déroule tout seul son screamo très criard et frisant parfois avec l'emoviolence, qui là encore ne réinvente rien mais rend une copie parfaite et délicatement ciselée. De montées sur le fil du rasoir en explosions déchirées, de blasts et rythmiques frénétiques en accalmies touchantes, le caractère très immersif (pour peu que l'on soit sensible à ce type d'orchestre) d'Artificial Bouquet en fait un album dans lequel il est facile de se laisser s'abandonner et se laisser porter par les émotions.

 

« Pas facile de parler d'amour », chantait Akhenaton dans « Demain c'est loin », et Tookie n'en pensait pas moins dans son texte, en y associant d'autres émotions intensément personnelles, l'amitié, la perte ou le deuil, entre autres. Le doute aussi.

Frail Body parviennent une nouvelle fois à donner corps à ce rapport aux émotions, à cette tristesse, à la beauté aussi, touchant du doigt et des cordes ces moments de sensation qu'une partie du monde s'écroule et qu'on continue d'avancer dans la vie bien comme on peut, sans trop savoir comment faire, en se demandant parfois comment on s'est débrouillé pour être encore là aujourd'hui malgré tout, et ce besoin d'exutoire qui vient racler les boîtes crâniennes de l'intérieur.

 

Si vous ne recherchez pas ce genre de parti pris dans la musique ou que ça ne vous parle pas, il y a des chances que vous ne trouviez pas grand chose à vous mettre sous la dent sur cet album. Pour les autres, si vous aimez le screamo et ses contours, cet album pourrait bien être l'un des plus marquants de l'année dans le style, et il y a une très forte chance que je l'inscrive personnellement dès à présent dans mon top de l'année, et probablement pas dans la partie basse.

 

Pour les dates francophones, Frail Body seront à retrouver de passage en France le 16 avril à Lille et le 18 à Paris, ainsi qu'à Liège en Belgique le 21 et à La-Chaux-de-Fonds en Suisse le 24, en plus de quelques festivals en Europe (Roadburn, ArcTangent, Motocultor).

 

A écouter comme on effeuillerait un bouquet d'émotions qui, elles, seraient tout sauf artificielles.

photo de Pingouins
le 27/03/2024

8 COMMENTAIRES

pidji

pidji le 27/03/2024 à 17:31:39

Faut que je l'écoute celui-ci !

Thedukilla

Thedukilla le 27/03/2024 à 22:53:52

Grosse date à la Brat Cave le 16 Avril, puisque ça jouera avec Fall of Messiah et…Knoll.
Autant dire que ça va passer par pas mal d’émotions, faudra pas trembler des genoux.

AdicTo

AdicTo le 28/03/2024 à 08:59:14

J’ai vu l’artwork, j’ai cru que c’était Bloodmoon II. Sacré Jacob…

xROROx

xROROx le 30/03/2024 à 12:53:43

Quelle claque! Pris aux tripes dès la première écoute.

Aldorus Berthier

Aldorus Berthier le 04/04/2024 à 13:21:19

Déjà ma note sur le dernier Knoll était assez imposante, avec ça en plus, la soirée du 18 au Glazart promet d'être goldée

Pingouins

Pingouins le 04/04/2024 à 21:06:33

Ça veut dire petit report des familles goldé ça aussi ❤️

Pingouins

Pingouins le 04/04/2024 à 21:08:49

xRorox : même impression oui ! Plus on va loin dans l'album plus c'est immersif je trouve, on se fait happer.
Adicto : j'y ai pensé direct aussi, donc je suis allé voir qui l'avait faite et Oh pas surprise ahah

Thedukilla

Thedukilla le 17/04/2024 à 23:56:00

Pas dur de faire un live-report de ce genre de soirée, ça tient en deux mots : RHAAA LOVELY !
Malgré un son parfois aux fraises, prestations monstrueuses, les gars sont sincères, authentiques, accessibles, et te happent du premier cri jusqu’à la dernière note.
C’en est physiquement éprouvant, et en incroyablement libérateur.
Mention spéciale à Knoll, rarement vu un groupe de Grind développer des ambiances pareilles, tout en restant dans la sobriété.
Si vous avez l’occase, ratez pas le coche.

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