Gargantua - Avant​-​Propos

Chronique CD album (25:34)

chronique Gargantua - Avant​-​Propos

On ne le fait pas assez souvent. Enfin quand je dis « on »: « je », surtout. Et pourtant c’est une alternative sympa, et bien plus immersive que le zapping bandcampien. Dekoikikause? De prendre un billet pour aller voir des petits groupes inconnus, sur la seule foi de leur auto-description stylistique. Alors oui, c’est sûr, si si: « on » le fait. En festoche, quand on déambule de scène en scène, au petit bonheur, des fois que. Ou depuis le zinc, en fond de salle, quand on prête une oreille distraite à ces premières parties qui s’épuisent vaillamment devant une audience bovine. Mais l’implication n’est pas la même, ça reste du « cadeau Bonux », du bretzel mâchonné nonchalamment en attendant le plat de résistance. Alors que lorsque l'on échange quelques euros contre un passeport pour plusieurs heures de gros son en provenance de formations dont ni Eve ni Adam n’ont causé sur le web, eh bien on se sent plus « engagé », plus concerné. Et d’autant plus réceptif. C’est exactement ce qui s’est passé le 21 janvier 2017, à la Boule noire, lors d’un raout organisé par Ethmebb (Epileptic Power Death / Prog – bien sûr!), Nydvind (Pagan Black), Gargantua (Extreme Metal Prog) et les Kosmik Monkeys (Simiesque Dark Doom – mais certainement!). Et autant le Cheetah Metal et le Satanic Pouët de ceux-ci et de ceux-là m’ont laissé intéressé mais pas chamboulé, autant les extraits de la Quête du Saint-Grind (quelle pochette !) m’ont botté sans me retourner, autant les rabelaisiens raffinés de Gargantua m’ont ravi.

 

… Et du coup, je m’en vais te causer de l'œuvre de ces raffinés paillards, ami(e) qui aime farfouiller du côté des incongruités métalliques!

 

Bon, tout d'abord commençons en tempérant quelques ardeurs: non, contrairement à ce que j’ai pu lire ci-et-là, Gargantua ne propose pas le summum de la créativité avant-gardo-métallique annoncé – que même qu’Unexpect et Sigh à côté, ça serait tout juste du Grunge... Il faut quand même, petit scorpion, toutes proportions savoir garder. Oui, Avant-Propos est un EP qui propose un Metal costaud, sophistiqué, finement ciselé – osé même. Mais qui n’a pas déjà mélangé Stoner, Techno et Black de nos jours? Ou collé un soupçon de saxo en plein milieu d’un break? OK, ça n’est pas si fréquent que ça, mais ça ne fait plus franchement béer les mandibules au point du décrochement de mâchoires. Néanmoins, ce qui est vrai, c’est que les Franciliens mélangent habilement influences Prog, Death Melo et Black/Death en de belles arabesques où se nichent parfois quelques chouettes bizarreries, parmi lesquelles les interventions d’un accordéon sont sans doute parmi les plus marquantes.

 

Les 4 titres ici soumis à notre curiosité mélomane sont donc de belles pièces de Metal ambitieux, qui préfèrent les amples mélodies et les ambiances envoutantes à la poudre aux yeux technico-progressive. On se laisse régulièrement emporter sur la selle d’un Black/Death héroïque et fougueux, on goûte parfois à de croustillants passages Death mélo’n’Roll (tiens, vers 4:50 sur « Threshold of Death part I: Gutters », d’où échappent de vieux relents de Sentenced / Godgory), on glisse avec enthousiasme sur le piano/toboggan ouvrant « A Delightful Sense of the Absurd », on se dégourdit la nuque sur quelques mosheries bien senties… Et puis, c’est vrai, on s’éloigne un peu plus franchement des rivages conventionnels sur un « Threshold of Death part II: Inherent Lunacy » toujours aussi accueillant, mais un peu plus libéré des contraintes du genre (c’est plus particulièrement sensible à la fin du premier tiers, quand le morceau part dans une parenthèse dandy-cadente).

 

S’il fallait quand même émettre une réserve, je sortirais un bout de carton jaune à l’encontre du clavier: quand il trublionne en mode Jazz’n’Rock, très bien. Quand il swingue du dentier façon Charlie Oleg, pas de souci. Par contre quand il s’en va doubler les parties Death avec des sonorités rose-bonbon qui collent aux dents, comme le plus gélifié des Blood Stain Child (arf le début de « Ne Mot Dire », gloups les leads Bontempi en surimpression des cavalcades guitaristiques lors de l’entame de « A Delightful Sense of the Absurd »), ça le fait moins… Ceci étant dit, si toutes les jeunes formations croisées au détour de ce type de concert confidentiel avaient ce niveau, on mourrait rapidement d’overdose de plaisir auriculaire. Du coup si vous appréciez l’ambition, l’originalité mesurée, les belles œuvres sophistiquées mais néanmoins chaleureuses, ne loupez pas cette occasion de vous rappeler que la scène hexagonale regorge encore de talents qui ne demandent qu’à exploser.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte: Death mélo, Prog, Black / Death, clavier, accordéon, ainsi que de folles ambitions parfaitement servies par un beau travail d’écriture et un vraie maîtrise instrumentale… Avec Avant-Propos, Gargantua va ouvrir grand l’appétit des amateurs de Metal extrême classieux.

photo de Cglaume
le 10/11/2017

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