Garmonbozia - Feature Presentation

Chronique CD album (54:13)

chronique Garmonbozia - Feature Presentation

Et vous, « Garmonbozia », ça vous évoque quoi ?

Les plus teubés répondront « … Regarde mon beau quoi ? ».

Les amateurs de sensations live mentionneront l’agence de booking / promo.

Les plus cinéphiles se la péteront en plaçant une référence à Twin Peaks.

Seuls les nawakophiles confirmés – une goutte dans l’océan – laisseront échapper un babil euphorique d’où émergeront les termes « Cleveland », « Mushroomhead », « Pattonophilia »…  

 

Je vous laisse deviner quel est le public le plus pertinent dans le contexte du présent papier.

 

... Bonne réponse !

 

Car le Garmonbozia qui nous intéresse aujourd’hui est un groupe éphémère qui a échappé à l’anonymat le plus complet en servant d’incubateur pour par moins de trois musiciens ayant participé à l’aventure Mushroomhead : Steve Rauckhorst (basse et chant), Tommy Shaffner (guitare) et Harry Mapes (clavier). Et s’il s’avère que la Tête de Champi’ a une approche relativement barrée des musiques amplifiées, gare au Bozia dont on peut dire tout autant de bien, si ce n’est plus encore vu qu’il s’inscrit des deux pieds et tentacules dans la scène Nawak Metal / Sporkcore.

 

Quand vous leur demandez directement, ces Américains prétendent pratiquer l’« Experimental Lounge Metal ». Cette appellation pourrait, il est vrai, convenir à un titre comme « Is This Real ? », qui s’éveille dans des brumes synthétiques, louvoie dans une incertitude molletonnée… Mais au final échoue à véritablement mériter le suffixe « Metal ». Nos amis sont par contre beaucoup plus pertinents quand ils affirment proposer un large éventail stylistique allant de la Pop des 50s au Death Metal. Car Feature Presentation, leur unique album, offre à l’auditeur rien de moins qu’un long hommage mimétique à Faith No More, Mr. Bungle et Dog Fashion Disco. On parle donc bien ici de pattonophilie avérée, et en l’occurrence de Nawak Metal dans sa forme la plus pure.

 

Prenez « Un Beatdown Degli Otto Bit ». De l’agression Core, de la transition Bzoïng-Bzoïnguesque, l’art de la formule qui reste en tête (« Pain and sorrow never tasted so good… ») : on a vraiment l’impression d’écouter une création inédite de Messieurs Jasan Stepp et Todd Smith.

Prenez le synthé qui s’épanouit pendant le démarrage d’« Anachronism » : de la pure chute de studio d’Angel Dust.

Et si vous passez carrément sur « Exit 187 », l’impression est encore plus saisissante : le chant de Steve, le synthé (à nouveau), la pulsation de la basse, la disto funky, les « Hep ! Hep ! Hep ! » et les diatribes rappées (cf. à 1:21)… Tout nous hurle FAITH NO MORE au visage. 

 

… Et putain que c’est bon !

 

C’est vrai, on regrette parfois que le synthé ait tant d’importance, notamment par rapport à la guitare (sur « The Cutter », c’est vraiment trop, on se croirait dans La Chance Aux Chansons). On regrette aussi la baisse relative d’intensité et d’inspiration sur les trois dernières pistes. Et puis il faut reconnaître qu’il manque parfois à Garmonbozia ce petit supplément de talent qui transformerait ses pépitounettes en véritables joyaux (« Halocline », par exemple, ne réussit pas à transformer l’essai).

 

N’empêche, ces quatorze pistes sont globalement pleines de détours charmants, de décos insolites telles qu’on les aime, d’énergie pétillante et d’explosions bigarrées... Un vrai bonheur ! Qui culmine sur les titres « Lost In Laughter » (débridé mais accrocheur), « Once Embraced Part 2 » (on en reparle quelques lignes plus bas) et « Exit 187 » (faitnomorissime). On a de plus l’agréable impression de replonger dans The Stench From The Swelling (cf. la version Arno Strobl de 6:33) sur la première minute de « Reflection ». Quant à « Once Embraced Part 2 », l’agressivité martiale de ses sonorités Metal/Indus couplée à cette approche profondément iconoclaste en font un titre qui, à l’anachronisme près, aurait pu être co-écrit par Kim Dracula.

 

Quasiment que des bonnes choses à dire, donc, de ce Feature Presentation, qui fait preuve de la même liberté artistique jouissive et inspirée que les derniers albums de Dog Fashion Disco (... voire du dernier Faith No More). Mais qui, comme ces derniers, manque peut-être de ce petit plus qui lui ferait franchir un cap en termes de rhaalovelitude et de mémorabilité, et l'inscrirait au nombre des incontournables du genre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chronique, version courte : vous seriez curieux d’écouter le meilleur album co-écrit par Faith No More et Dog Fashion Disco, mais auquel, pourtant, aucun membre des deux groupes en question n’a participé ? Facile : placez Feature Presentation de Garmonbozia dans votre lecteur, fermez les yeux, et détendez-vous pendant que vos zygomatiques se contractent…

photo de Cglaume
le 26/05/2024

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