Ils - Curse

Chronique CD album (28:52)

chronique Ils - Curse

Il y a des groupes qui sortent de très bon albums et pourtant au delà de la qualité des oeuvres, cela n’inspire pas nécessairement le chroniqueur. Du coup, il va faire un tour sur la toile comme disent les g33ks des années 90, histoire de voir ce qui s’écrit, de jauger les réactions. Mais il est bien embêté parce que personne n’est vraiment de son avis, tout le monde s’extasie, et vas-y que je te fais des louanges, et vas-y que je crie à la révolution dans le monde du hardcore. On dirait les soirées de l’ambassadeur où tout le monde fait comme s’il se baffrait de caviar alors que Nestor se ramène juste avec des boules de gaufrettes fourrées avec de la pâte à tartiner enrichie en huile de palme et achetées à l’arrache à SuperDiscount une heure avant. Le chroniqueur, bien embêté par son propre avis sur l’album en question, s’interroge donc. Il retourne la question dans tous les sens mais il a beau chercher un angle d’attaque, il se fait petit patapon et tourne en rond. Ajoutez à cela qu’il lui faudrait de plus, au mieux, renouveler un peu sa plume au passage, au pire, changer au moins la couleur du contenu de l’encrier. Alors, le chroniqueur se penche sur son calepin et note un peu à la va-vite ses idées. Ce qui, peu ou prou, donne ceci: 



...ILS, se prononce “ilse” comme le groupe de Mark Oliver Everett mais rien à voir avec la pop-rock expérimental du multi-instrumentiste à double foyer parce que...

...ILS se revendique “hardcore disaster chic”. Chic parce qu’il y a des aspects que ne renierait pas un esthète érudit dans leur musique mais disaster, c’est la version hardcore du green-washing car...

...ILS propose du rock/garage à tendance hardcore à moins que ça ne soit du hardcore à tendance rock/garage. En effet...

...ILS a un son qui n’est pas tellement lourd sans être léger non plus. ILS a surtout un côté trop propre qui ne déborde pas sur les côtés. Il faut dire que quand tu as été élevé à Converge, Botch et The Dillinger Escape Plan et qu’on te vend du “hardcore disaster chic”, tu t’attends à un certain level de hargne sonore avec un petit plus genre hipster avec barbe travaillé. Et là, tu es un peu déçu parce que ça sonne finalement un peu trop comme The Hives à qui on aurait mis des jalapenos dans le Candy’up. Du coup,...

...ILS ne révolutionnera pas l’architecture de l’édifice déjà imposant de la scène hardcore à laquelle ILS appartient (ou de laquelle ILS se revendique). Mais ILS y ajoute malgré tout une belle pierre, taillée avec soin du fait qu’...

...ILS propose deux registres de lignes vocales: l’un énervé qui rappelle beaucoup mais alors beaucoup Greg Pucciato dans l’interprétation avec un côté “celle là, tu ne l’as pas volée” (faudra voir si c’est aussi faux que Greg en live) et un autre registre plus soft à la Shawn Crahan dans To My Surprise. Dans les deux cas, c’est maîtrisé et interprété intelligemment et repose sur des instrumentations très dynamiques car...



...ILS écrit des riffs hardcore, hard rock, garage, parfois légèrement sludgy (sludgies? mais ça fait un peu marque de couche culotte), grungy (grungies? ca fait un peu nom du nouveau jouet à la mode) qui repose sur un duo basse/batterie qui tartine bien et avec variété (fort heureusement pas la même que celle du rayon idoine de la fnac) donc finalement...

...ILS sait bel et bien composer des morceaux élaborés, travaillés, variés et remplis de gimmicks. Il ressort donc de chaque morceau une impression plutôt bonne mais l’impression globale (de l’album) est plus en demi-teinte. “White Meat” est sympa et envoie du steak mais version Beyond Meat, “Don’t Hurt Me” et son intro en mode côte de boeuf mais avec une viande pas assez persillée, “No Luck 16bit” a des accents noisy qui fleurent bons les épices mais version cuite à la vapeur. Ainsi...

...ILS a indéniablement un goût de “chouette, on y va” mais…

...ILS n’a malheureusement pas (pour moi) un goût de reviens-y. En plus,

...ILS se voit attribué une mention spéciale fainéantise avec supplément vacuité pour la pochette qui a du prendre environ 4 minutes à faire et ne fait preuve ni d’une quelconque imagination, ni d’aucun effort d’originalité...ou quand la sobriété taquine le royaume de la nullité. Bref..

….ILS aurait presque réussi à apporter un peu de fraîcheur dans la scène hardcore actuelle. avec cet album varié, produit et exécuté avec soin mais leur hardcore un peu trop orthonormé manque d’étincelles et ne mettra pas le feu à toutes les barriques de poudre. Trop violent pour les fans de garage rock mais manquant cruellement d’abrasif pour les coreux, ILS doit encore trouver sa place mais plus que jamais je vous invite à vous faire votre propre jugement et dépasser celui que je viens de bien mal exposer ici.



On aime: le côté original hardcore/garage rock, la performance vocale, ne pas accorder la 3ème personne du pluriel.

On n’aime pas: la pochette (sans déconner), un album un peu trop propre et qui ne laissera pas forcément de traces indélébiles.

 


photo de 8oris
le 25/08/2020

2 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 25/08/2020 à 10:53:21

"On aime [...] ne pas accorder la 3ème personne du pluriel."

Haha !!

MortimerThePunk

MortimerThePunk le 27/08/2020 à 22:41:34

Moi, après l'écoute de cette galette : "René, sers-moi un double expresso et un armagnac, ça m'aidera peut-être à me sortir de la torpeur qui m'étreint !".
En résumé, ILS est (sont ?) soporifique(s)...

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