Imperial Triumphant - Spirit Of Ecstasy

Chronique CD album (54:43)

chronique Imperial Triumphant - Spirit Of Ecstasy

Il ne s'est pas écoulé bien longtemps depuis le précédent album des New-Yorkais d'Imperial Triumphant, Alphaville en 2020. Le groupe, en plus de composer son nouvel opus, a arpenté les scènes des Vieux et Nouveau Continents, pour des prestations explosives, dont un passage à domicile au Slipper Room de NYC, enregistré sous le nom de An Evening with Imperial Triumphant. Très actif depuis sa création en 2005, le trio masqué ne semble pas ralentir (on peut se mettre entre les oreilles son cinquième album, qui suit également quatre EP et le Live sus-mentionné) et ne pas freiner son envie de ne pas stagner musicalement parlant. Ne vous attendez pas à trouvez ici un album dans le prolongement de Vile Luxury ou d'Alphaville, même si on retrouve sa patte, avec Spirit Of Ecstasy, il semble avoir voulu déconstruire sa musique et la rebâtir en conservant ses fondamentaux expérimentaux. Si les deux précédents opus étaient difficiles d'accès et « hyper exigeant en terme d'attention », ils offraient tout de même des points d'accroche, un pied dans l'encadrement de la porte permettant de ne pas se retrouver submergé. Fort heureusement, j'ai suffisamment de temps devant moi.

 

On pourrait parler de Free Metal, qui, à l'image du Free Jazz, cherche à rompre avec les conventions et rendre de nouveau le Metal extrême marginal. Je ne veux pas me la jouer élitiste ou hautain et méprisant, mais quand je vois près de 10 000 personnes se presser devant par exemple Obituary sous l'Altar au Hellfest, à la fois je me dis que c'est ultra mérité, mais dans le même temps, je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il y a quelque chose qui cloche.

 

Une fois de plus, la liste des invités est des plus conséquente. On retrouve tout d'abord, c'est devenu une habitude, Andromeda Anarchia, partenaire de Zachary Ezrin au sein de Folterkammer, mais aussi des cuivres (rien d'étonnant non plus pour les Américains). Max Gorelick (The Mantle), Alex Skolnick (Testament) et Trey Spruance (Mr. Bungle) viennent chacun leur tour livrer un solo de guitare, tandis que Snake (Voivod) pousse la chansonnette. Mais le guest le plus surprenant est Kenny G au saxo soprano sur « Merkurius Gilded ». Plus connu du grand public que des metalleux, le musicien a connu une certaine notoriété dans les années 90, en particulier en travaillant avec des artistes mainstreams.

 

La dissonance est le maître mot de ces huit titres. Elle était déjà présente sur les albums précédents du groupe, mais ici, elle prend une toute autre dimension. Imaginez l'Homme venu d'un autre endroit de Twin Peaks organisant une sauterie dans le Blacklodge, pour ceux qui aiment les casse-têtes sans queue ni tête. Assez étrangement, les passages les plus accessibles sont ceux où la batterie blaste. Le Black et le Death Metal présents sur Spirit Of Ecstasy ne semblent servir que de prétextes aux folles expérimentations d'Imperial Triumphant. Le plus souvent, elle suit des rythmiques plutôt étranges, chaotiques, peu propices au headbanging. La basse quant à elle, semble vouloir ériger un mur sonore plutôt que de créer des lignes mélodiques. Résulte de cette section rythmique une sensation proche de la cacophonie, mais qui semble en permanence maîtrisée.

 

La lente putréfaction décrite par le groupe qui ronge la Grosse Pomme a franchi ici une nouvelle étape, de la même manière que la musique pratiquée qui se laisse de moins en moins facilement approcher. Imperial Triumphant repousse une fois de plus les limites de création, sans réellement se soucier de savoir si l'auditeur parviendra à le suivre ou pas.

 

photo de Xuaterc
le 22/08/2022

8 COMMENTAIRES

8oris

8oris le 23/08/2022 à 23:31:31

Je n'ai écouté que le "single" et c'est vrai que c'est toujours aussi compliqué...ou complexe. J'ai toujours du mal à choisir si ce groupe mérite ou s'il se mérite...

Black Comedon

Black Comedon le 24/08/2022 à 08:26:48

J'ai découvert ce groupe avec Vile Luxury, mais c'est Alphaville qui m'a vraiment attrapé ! C'est un groupe surprenant dans le sens ou on ne sait jamais vraiment ce qui va arriver ensuite, contrairement à 90

Black Comedon

Black Comedon le 24/08/2022 à 09:07:55

oups bug, je reprend donc,
contrairement à 90

Black Comedon

Black Comedon le 24/08/2022 à 09:09:03

Bon il ne faut pas utiliser le symbole pourcent, sinon ça bug !
contrairement à 90 pourcent des sorties pour lesquelles on anticipe la prochaine note jouée, le break qui arrive ou le solo nécessaire. Ils utilisent des samples décalés, des gammes qui peuvent être vu comme hors du contexte harmonique et autres harmonisations atypiques (solo de guitare harmonisée avec une clarinette !) et on rajoute au dessus de tout ça les dissonnances comme indiqué dans cette belle chronique. Tout ça fait que le cerveau crie au secours, parce qu'il a besoin de référence, c'est un peu le délire de la paréidolie, le fait de voir des formes dans les nuages, ce crétin de cerveau veut nous dire "oh tiens ça ressemble à ça, on dirait machin....". Alors pour répondre à 8oris, c'est un peu des deux... Comme disait le grand doc Gynéco "Je ne m'exprime que pour ceux qui veulent bien me comprendre".

Xuaterc

Xuaterc le 26/08/2022 à 06:14:14

8oris, tu parles de quel titre quand tu dis "single"?
@Black Comedon Merci d’apporter une oreille plus "technicien de la musique" qui me fait cruellement défaut.
Le plus fous, c'est qu'ils arrivent à reproduire ça en live...

Seisachtheion

Seisachtheion le 26/08/2022 à 15:20:37

Le batteur, c'tte machine 😳😳😳

Xuaterc

Xuaterc le 27/08/2022 à 13:34:51

Le bassiste aussi

Xuaterc

Xuaterc le 27/08/2022 à 13:35:03

et la guitariste

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