Jesu - Conqueror

Chronique CD album (57:56)

chronique Jesu - Conqueror

Avec Jesu, Justin Broadrick prend des risques et se met à nu, peut-être plus encore qu’avec Godflesh. Voilà quelques années déjà que cette formation a tracé sa voie, puisant dans les sources du métal, de l’indus, ou encore du shoegazing. La signature Jesu s’est affinée avec le temps, un genre à part s’est forgé, et l’identification devient quasi immédiate.

 

En 2007, Conqueror vient s’ajouter à la discographie de Jesu qui poursuit sa voie dans la continuité des précédentes productions qui la composent, et offre une sorte de synthèse entre la lourdeur et l’austérité de l’éponyme et la densité, la richesse de Silver, dernier EP boudé par beaucoup. D’ailleurs, cette fois encore, les détracteurs se feront une joie de comparer inlassablement ce projet aux regrettés Godflesh, avec leurs « Broadrick, booh, il fait de la pop », « c’était mieux avant », j’en passe et des meilleures. Chaque nouveau disque depuis Heartache aura vu les opinions diverger diamétralement…et c’est plutôt bon signe. Il vaut mieux susciter une certaine polémique que de laisser place à l’indifférence ou au consensus, non ?

 

Jesu persiste et signe donc avec le successeur de Silver qui faisait figure de charnière dans l’évolution du groupe. Les compositions et l’atmosphère restent lourdes, avec leur lot de rythmiques pesantes et puissantes, mais célestes et lumineuses à la fois. Sont elles moins sombres pour autant ?

Certainement. Autant l’album éponyme était noir et désespéré (vraiment désespéré, rappelez vous par exemple de l’explicite « Tired Of Me »), autant Conqueror laisse entrevoir une éclaircie, un espoir grandissant, et on le ressent de suite…Une fois le disque terminé, on esquisse un sourire, et on se sent presque revivre, comme libéré d’un poids. Peut être est-ce également le cas pour Broadrick, qui ose un chant clair mélodique et même léger, détaché, éloigné de la colère habituelle.

 

On se laisse à penser que le titre de l’album ne serait pas anodin, et regorgerait de sens. La musique de cet artiste hors norme ne reflèterait-elle pas le cheminement, voire l’aboutissement d’une Conquête personnelle ? Une conquête de la sérénité, de la paix intérieure enfin trouvée ?...

 

Le bonhomme que l’on connaissait tourmenté n’en cultive toujours pas moins une certaine ambiguïté au niveau des textes, à l’image de la bivalence d’une musique aigre-douce, alliant un métal/indus froid et des ambiances plus chaleureuses, légères et nonchalantes.

 

A la manière d’un My Bloody Valentine, référence immédiate, on reste subjugué, happé par cette musique qui paraît si simple, si évidente, paradoxalement blessante et apaisante à la fois.

 

Conqueror, cohérent du début à la fin, est une entité à part, une majestueuse renaissance qui redonne espoir et laisse présager du meilleur.

le 10/04/2007

5 COMMENTAIRES

reddy

reddy le 10/04/2007 à 18:31:05

bon disque et bonne chronique. bien joué.

mat(taw)

mat(taw) le 11/04/2007 à 13:06:29

il fait autant DEPECHE MODE que "silver"?

fantomas

fantomas le 14/04/2007 à 13:11:10

Jamais fait le rapprochement avec DM (groupe que j'affectionne énormément au passage)... dans quel sens tu trouves ce lien ? parce que là, je ne saurai te répondre !

en tout cas, je le trouve bien supérieur à Silver que je trouvais légèrement trop riche (même si j'aime bien Silver). Conqueror est plus épuré, plus nonchalent, plus...Jesu !

mat(taw)

mat(taw) le 15/04/2007 à 00:07:43

bah je sais pas, mais dans l'approche plus "chantée" de la voix j'avais trouvé un ptit gène commun avec DM, mais c'était juste de l'ordre du ressenti...

fantomas

fantomas le 15/04/2007 à 18:50:43

humm je vois ! alors, oui, tu risques retrouver un peu la même chose de ce côté là...

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