Joe La Truite - Trapped In The Cosmos

Chronique CD album (39:29)

chronique Joe La Truite - Trapped In The Cosmos

N'allez pas croire que je suis partie à la pêche à la truite pour mettre la main sur Joe. Il faut bien comprendre : il ne se laisserait pas berner aussi facilement à cause d'un bête petit asticot empalé au bout d'une ligne. Non, Joe fait partie de cette poiscaille un brin culottée. Un brin dragueur également certes vu qu'il a préféré aller choper la morue que je suis. Alors qu'en soi, il aurait très bien pu poser un piège à lapin, nul doute qu'il se serait également bien laissé prendre dans ce cosmos portant fièrement l'étendard fusion. Après bon, on ne lui en voudra pas à ce cher Joe : se lancer dans une relation homosexuelle et multi-raciale, on imagine que c'est dur à appréhender et à assumer. Et bien sûr, à défaut, on se contente à choper de la morue. Un trou reste un trou paraît-il... Certes, encore faut-il qu'elle ne soit pas trop salée cette morue.

 

Bref, tout ça pour dire : et ce Trapped In The Cosmos de Joe La Truite, ça vaut quoi ? Que déjà, il ne faudra pas confondre avec les cousins germains de Joe La Mouk. Le modèle truite donne moins dans le menu fretin que du simple grind bébête et méchamment drôle. De la même manière qu'il n'en émane pas cette même odeur de marée de jeune fille négligée. Même s'il demeure évident que Joe La Truite n'est pas de première fraîcheur pour autant. Parce que bon, lorsque l'on te parle dans la fiche promo de « trou noir supermassif répandant le désordre dans l'équilibre cosmique » et de « limbes infernales de l'anus cosmiques », je ne vois personnellement que deux explications : soit il n'y avait pas que du tabac dans cette clope, soit la dernière gastro a été assez virulente et traumatisante pour faire naître des obsessions étranges...

 

Il est particulièrement étonnant en revanche que si l'on ne prête pas attention à cette petite fiche de présentation et que l'on ne s'attarderait pas non plus sur les paroles, certainement écrites sur un papier buvard bien flashy, d'une finesse telle qu'il en fondrait sous la langue en un clin d’œil, la musique en elle-même s'avère autrement plus sérieuse dans son rendu et ambiance. Bref, ce n'est pas du porn-grind tendance scato joué par les Gronibard de Lolo Ferrari dans un champs de boue, ni même du metal parodique d'un Fétus ultra-gerbatif. On se situe plutôt dans une fusion, sentant bon le old-school fin 80's/90's. Imaginez que vous foutiez une bonne dose de punk au sein de Faith No More pre-Angel Dust et vous avez grosso modo la principale ligne directrice de Trapped In The Cosmos. Même si bien évidemment, fusion oblige, cela ne se cantonne pas qu'à cela, différentes autres influences venant compléter le tableau au gré des titres. C'est ainsi que l'on entend une bonne rasade de System Of A Down, revu à la sauce punky, sur « Cartoon Filter ». Ou bien comme des petites vibes Voivod dans les moments les plus cosmiques/psychés (« I Feel Sick »). Ou encore des relents du Devin Townsend le plus Ziltoidien (l'intermède éponyme). Quitte à s'alourdir considérablement pour rentrer dans les contrées doom psychés (« Domso Nagazaki 8 000 000 000 ») pour mieux se plonger dans la graisse stoner (« Where Is The Ground ? »). Un programme bien varié donc. Et plutôt rondement bien mené en réalité tant Joe La Truite ne tombe jamais dans le piège de l'incohérence. Quelle que soit la direction où il peut bien lorgner, Joe maintiendra toujours un certain cap à l'image de leurs modèles de Faith No More, montrant une maturité identitaire solide et maîtrisée. Il a également ce bon goût pour pondre des titres efficaces qui ont tôt fait de faire craquer les cous. Une belle poudre de perlimpinpin que l'on nous balance afin de nous faire gober que les compos sont simples alors que lorsque l'on regarde davantage dans les encornures, il n'en est rien : les breaks sont légions, souvent bien sentis.

 

Au final, j'en suis ressortie avec la goule moins salée qu'un anchois. Joe La Truite, c'est celui qui déboule dans ta boîte mail sans crier gare, visiblement confiant de son offrande. Certains pourront peut-être dire que c'est un peu pédant et pourtant, il a de quoi ce cher Joe. Trapped In The Cosmos est une excellente surprise qui mérite d'être défendue en live à plus large échelle que sa mer natale de la Méditerranée. En espérant que Vanessa lui offre son taxi pour venir foutre l'ambiance dans un Metal Corner clissonnais en plein apéro du jeudi soir !

photo de Margoth
le 17/08/2020

2 COMMENTAIRES

cglaume

cglaume le 17/08/2020 à 11:57:45

Haha cette chro !!!!
M'a l'air alléchant tout ça ma foi...

fingal le caledonien

fingal le caledonien le 18/08/2020 à 09:32:50

excellente chronique !
et les titres sont effectivement vâchement bien. En live, yes, ça doit remuer sévère.
je ne connaissais pas : belle découverte et No Zob in Job lance bien le débat ^^!

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