Junon - Dragging Bodies To The Fall
Chronique CD album (44:01)

- Style
Post-post-hardcore - Label(s)
Source Atone Records / Season of Mist - Date de sortie
15 mars 2024 - écouter via bandcamp
Les faits sont têtus :
Stockholm c'est 1800 à 2000h d'ensoleillement par an.
Les Hauts-de-France c'est 1650h.
Conséquence 1 : Les besoins en vitamine D des populations scandinaves sont, de surcroît, largement couverts par des habitudes alimentaires (huiles de poissons etc.) alors que, dans le même temps, 80% des français souffrent d'une carence de cette vitamine primordiale qui participerait à la régulation du système immunitaire, de la qualité de notre sommeil, de l'humeur...et de notre moral.
Conséquence 2 : Un constat dramatique en terme de santé publique, des français fragiles dès les premiers frimas de l'hiver et une consommation excessives d'anti-dépresseurs.
Comme il y a du bon dans tout malheur, cela permet à la France d'avoir une très belle scène post-hardcore fièrement représentée par Junon.
Conséquence 3 : Des gens qui font la gueule. Putain de français.
Et sinon, ce qui intéresse le lecteur de COREandCO : Dragging bodies to the fall.
En 2021, The shadows Lengthen débroussaillait une nouvelle voie artistique pour ces désormais vétérans (le temps faisant sa triste besogne) de la scène musicale énervée française (pour rappel, le groupe est composé des anciens General Lee qui ont fait vibré les murs dès 2000).
Mon éminent collègue 8oris, dans son article consacré à leur 1er EP les affublait de l'étiquette "post-post-hardcore". Un néologisme aussi synthétique que juste, tant le groupe s'est échiné à accompagner et -aujourd'hui- dépasser le genre en plus de deux décennies.
En 2024, il ne fait donc plus aucun doute que Junon connaît son itinéraire musical par coeur.
Pour le mettre en valeur, le groupe s'est attaché les services de M. Francis Caste qui se verra remettre un "COREandCO award d'honneur" pour l'ensemble de sa carrière en 2050 tant il aura permis à des groupes et leurs auditeurs de prendre le pied.
Le nom de ce monsieur met instantanément les esgourdes dans des petits chaussons.
Pour le reste, Junon se charge de faire son job : grignoter le moral de l'auditeur.
Cet album n'est pas que celui d'un groupe hurlant.
Il ne fait pas vibrer lentement les instruments à la recherche du son marron ou pour s'arroger le prix de la bande la plus énervée de la Terre...mais il installe une bonne ambiance de merde.
Fin du monde, chaos, nihiliste : ce joyeux champ lexical peut parfaitement décrire l'infini bad que peut provoquer ce Dragging bodies to the fall, dans un trip à la Neurosis ou Amen Ra.
Triste, sombre, désabusé : il y a quelque chose d'écrasant dans les composition de ce LP...que l'on ne soupçonnait pas nécessairement sur l'EP.
Le morceau "The day you faded away" synthétise la qualité de l'album aussi bien dans ses passages le plus agressifs que les lents mais il ne dit rien du rythme de l'oeuvre prise dans son entièreté.
Périple sombre, tantôt glauque, offrant quelques pauses plus lumineuses (vite éteintes) : Dragging bodies to the fall a certes ses titres qui mettent une branlée ("Dead Ends Lead To Somewhere") sur un Mix Spotify moribond et répétitif, mais l'album s'apprécie encore mieux dans son ensemble. À l'ancienne (avec même une ghost track, comme dans le bon temps).
Il est possible de parler de l'album sur 500 ou 5000 mots, mais c'est sa pochette qui en parler le mieux, avec ses nuances de rouges. Le rouge, couleur du feu, du sang, du danger, de l'excitation, de la violence
Cette pochette c'est aussi le temps qui passe (le cadran d'une horloge ?), avec en toile de fond celui d'une chaleur, d'une incandescence qui nous cramera tous.
Le rouge c'est aussi la passion et tout ce qui a trait au vivant. Et même en parlant de mort et de thèmes sombres, c'est aussi ce qui passe par Dragging bodies to the fall.
2 COMMENTAIRES
Seisachtheion le 18/12/2024 à 10:47:35
J'aime bcp ce que propose ce label (Source Atone Records).
J'ai claqué cette année la chro de ECR.LINF
Faudrait que l'un d'entre nous se penche sur Alta Rossa...
Pingouins le 18/12/2024 à 17:52:37
2897h d'ensoleillement ici il paraît 😎.
C'est pour ça faut écouter des trucs tristounes pour compenser le bronzage.
Surtout que là on rentre dans la période "écouter un max de trucs qu'on a raté cette année en catastrophe".
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